Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Le Muscadet, "2CV des mers", a 50 ans et toujours du vent dans les voiles

ParAFP

Publié 14/09/2013 à 12:53 GMT+2

-

Eurosport

Crédit: Eurosport

Il ne fut ni le plus racé ni le plus rapide, mais certainement le plus populaire : le Muscadet, ce petit voilier révolutionnaire surnommé la "2CV des mers" pour avoir démocratisé la plaisance, fête ses 50 ans ce week-end en Bretagne.
La fine fleur de la course au large française, de Jean-Pierre Dick à Roland Jourdain en passant par Bertrand de Broc et Eugène Riguidel, était à la barre samedi pour deux jours de régates d'anniversaire rassemblant une centaine d'esquifs bariolés à Lorient.
"Il s'agit du plus grand rassemblement de Muscadet jamais organisé. C'est dire l'attachement que suscite toujours ce bateau", souligne Jean Cordier, président de l'Association des propriétaires de Muscadet.
Avec son plan presque rectangulaire et ses angles saillants, ce bateau de 6,40 m conçu en 1963 par l'architecte de marine Philippe Harlé ne suscita pourtant pas d'emblée l'enthousiasme pour son esthétique, au point d'avoir été qualifié de "vilain petit canard".
Mais ses qualités marines et fonctionnelles -- il est doté de quatre couchettes et d'un coin cuisine -- et son prix abordable lui valurent de devenir le premier bateau habitable de grande série, avec quelque 900 exemplaires produits.
"C'était LE bateau de série phare, y compris en termes de performances. Il peut affronter tout type de temps : plus il y a du vent, plus il avance", résume le navigateur Roland Jourdain, dont ce fut le premier bateau en 1982.
Un "piège à filles" en contreplaqué
Pour Claude Harlé, veuve de l'architecte décédé en 1991, "Philippe avait voulu un bateau capable de traverser l'Atlantique et accessible aux petites bourses. Il voulait transformer la population navigante, que chacun ait la possibilité d'aller sur l'eau".
"C'était un bateau révolutionnaire, en contreplaqué, un matériau économique et solide, comme le Pen Duick II que Tabarly faisait construire à la même époque. Un bateau marin pour un petit budget. C'est la 2CV, la 4L des mers", souligne Jean Cordier.
Le bateau, vendu 9.500 francs à sa sortie, soit moins du double du prix d'une 2CV, se négocie aujourd'hui autour de 10.000 euros d'occasion.
La cote d'amour du Muscadet n'a en tout cas pas varié chez ceux dont il a fait tanguer et rouler la jeunesse.
"Chaque fois que j'en vois un, cela me donne le frisson. Il a conditionné toute ma carrière. Ca reste pour la vie, comme pour certains la première voiture ou le premier cheval", confie Roland Jourdain à l'AFP.
Jean Cordier, barrant fièrement son "Crac Boum Hue", se souvient aussi : "Mon père l'a acheté neuf en 1967, j'avais 15 ans. J'ai fait Mai 1968 dessus, c'était un vrai piège à filles, d'où son nom, tiré de la chanson de Dutronc. Ensuite j'ai fait mon voyage de noces dessus et navigué avec mes enfants..."
Le naufrage de Jourdain
Populaire, le bateau fut aussi performant : dans une version légèrement modifiée, le Gros-Plant, il se classa deuxième de la première Minitransat, réservée aux bateaux de moins de 6,50 m, en 1977. Au total pas moins de 43 Muscadet et Gros-Plant ont bravé l'Atlantique dans cette compétition.
Pour Roland Jourdain, qui se lança dans ce défi à 19 ans, en 1983, l'expérience reste inoubliable : il fit naufrage alors qu'il était en tête de la course.
"Je suis sans doute le seul à avoir réussi à couler un Muscadet, pourtant réputé indestructible : j'avais heurté en pleine nuit un objet flottant, au large du Portugal", rappelle le vainqueur des deux dernières Routes du Rhum en classe Imoca.
"Retaper un bateau, trouver des sponsors, se lancer dans une transat, être en tête, subir une fortune de mer, être finalement secouru : j'ai vécu avec le Muscadet le condensé de toute une carrière de course au large", résume-t-il.
Construit en majorité aux chantiers Aubin en Loire-Atlantique, en plein pays du muscadet, d'où son nom, jusqu'en 1979, le Muscadet connut également une version italienne et reste prisé par les auto-constructeurs : "Il y en a trois en construction en ce moment, dont un en Espagne et un en Italie", indique Claude Harlé.
De 400 à 500 Muscadet navigueraient encore de nos jours, selon les estimations.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité