Les traits marqués, mais visiblement en forme, Francis Joyon arrive à Brest

Tout sourire, les traits marqués mais visiblement en forme, le navigateur français Francis Joyon, à la barre de son trimaran géant Idec, est arrivé lundi au port de Brest sous les applaudissements de plusieurs centaines de personnes après avoir explosé la veille le record de la traversée de l'Atlantique nord en solitaire.

"J'ai dormi quelques heures cette nuit, donc je me sens en pleine forme", a-t-il déclaré à son arrivée, après avoir pulvérisé de plus de 16 heures le temps inscrit par Thomas Coville en 2008.

Parti mercredi de New York, le navigateur à l'ancienne de 57 ans, qui collectionne les records mythiques se fiant davantage à son instinct et à sa puissance qu'à la technologie, est arrivé dimanche au Cap Lizard (sud-ouest de l'Angleterre) après une course folle de 5 jours, 2 heures et 56 minutes souvent à plus de 50 km/h.

Mais, après avoir franchi la ligne d'arrivée dimanche en début d'après-midi, il a décidé de retarder son arrivée à Brest en raison de vents contraires, d'une mer agitée et d'un état d'extrême fatigue, après n'avoir dormi qu'une poignée d'heures pendant la traversée.

Rejoint par deux équipiers, il s'est mis au mouillage à quelque 40 milles de Brest, à l'entrée du port de l'Aberwrac'h (côte nord du Finistère). Il a ainsi pu dormir quatre heures avant de se présenter à l'entrée de la rade de Brest, tout sourire, saluant d'une main et levant le pouce en signe de victoire à l'adresse des journalistes et photographes venus à sa rencontre.

Son épouse Virginie Joyon, ses deux filles Juliette, 26 ans, et Marion, 24 ans, ainsi que les deux garçons du couple, Corentin, 20 ans, et Damien, 13 ans, ont pu monter à bord du multicoque géant rouge de 30 m et 32 m de hauteur de mât, celui-là même avec lequel il a établi en 2008 le record du Tour du monde en solitaire (57 j 13 h 34 mn).

"40 noeuds c'est génial"

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"On est très, très heureux", a assuré à l'AFP Virginie Joyon, reconnaissant avoir craint le pire. "Il nous a fait un petit peu peur, plus que les autres fois, parce que là il a été vraiment très, très vite", a-t-elle avoué, soulignant qu'à des vitesses de 30 ou 35 noeuds "il faut être vigilant à l'extrême" afin d'éviter de chavirer.

Le navigateur à l'imposante carrure mais à la voix douce et posée a lui-même reconnu: "il y a moyen de se faire vraiment très, très peur sur ces bateaux!". Mais, "ça fait partie du jeu, il faut réussir à surmonter la peur et à la gérer", a-t-il ajouté visiblement détendu.

Joyon, qui profité d'une dépression pour gagner de la vitesse, a parcouru 3.222 milles à plus de 26 noeuds de moyenne, tutoyant son propre record de la plus longue distance parcourue en 24 heures, à savoir 666,2 milles (1.233,4 km).

Une performance qui a impressionné son fils Corentin: "il est monté jusqu'à 40 noeuds, c'est quand même génial!"

"C'est extraordinaire ce qu'il a fait!", s'est exclamée pour sa part Monique, 72 ans, venue l'accueillir, par un temps maussade, au Port du Château de Brest, où il est arrivé peu avant 11H30, soulignant la "grande humilité et simplicité" du skipper.

"J'admire l'homme", a renchéri son amie Martine, 61 ans, tandis que François Pouliquen, un plaisancier de 66 ans, jugeait "fabuleux" l'exploit accompli. "Avec des moyens inférieurs à ses partenaires, il arrive toujours à sortir son épingle du jeu et à battre des records extraordinaires", a-t-il assuré. "C'est vraiment quelqu'un qui mérite le respect".

"D'avoir l'accueil du public brestois c'est merveilleux", s'est réjoui Francis Joyon. "C'est vraiment un grand bonheur de faire des événements nautiques comme ça...", a reconnu le navigateur, laissant entrevoir de nouvelles aventures.

"Peut-être que la route du Rhum qui approche va me permettre de ne pas partir à la retraite trop vite...", a-t-il glissé avec humour.

sf/emp/jcp