Le triomphe de Desjoyeaux

Le Français Michel Desjoyeaux (Foncia) a franchi en vainqueur la ligne d'arrivée du 6e Vendée Globe, dimanche peu après 16h00, au large des Sables d'Olonne, remportant ainsi sa deuxième victoire sur ce tour du monde en monocoque, en solitaire, sans escale et sans assistance. En 84 jours, trois heures, et neuf minutes de mer (vitesse moyenne: 12,3 noeuds/22,8 km/h), le Breton de 43 ans a battu le record de l'épreuve, établi par Vincent Riou, vainqueur de la précédente édition (2004-2005) en 87 jours, dix heures et 47 minutes.

Juste après le passage de la ligne, des membres de l'équipe technique de Foncia et sa compagne sont montés à bord du monocoque. Ensuite, Foncia devait mettre une bonne heure pour rentrer au port et remonter le chenal des Sables d'Olonne jusqu'à l'arrivée au ponton, entre les feux d'artifice et la haie d'honneur de dizaines de milliers de spectateurs venus l'accueillir, conformément à la tradition.

Sa dernière nuit en mer n'a pas été de tout repos: "Quelques cargos ont traversé mon terrain de jeu, il a fallu que je surveille", a-t-il raconté à la vacation de dimanche matin, "c'est une arrivée un peu mouvementée finalement, avec 20 noeuds (36 km/h) de vent. On est au près et ça tape". Au matin, Desjoyeaux a senti pour la première fois depuis près de trois mois la proximité de la terre: "Il y avait plein d'oiseaux, des sternes et des goélands, l'eau a changé de couleur, elle est devenue beaucoup plus vert-blanc, j'ai croisé des bateaux de pêche cette nuit, et j'ai été survolé par un hélicoptère, tout ça signifie qu'on est pas loin de la maison..."

Cette victoire couronne une course d'anthologie du skippeur le plus titré de l'histoire de la voile en solitaire. Desjoyeaux était en effet parti avec 40 heures de retard sur le peloton des favoris, après être revenu au port des Sables d'Olonne pour réparer une avarie électrique. En moins d'un mois, il a rattrapé le groupe de tête, et s'est installé aux commandes de la course le 16 décembre, en plein coeur des terribles tempêtes qui ont décimé la flotte dans l'océan Indien. Depuis, il n'a fait qu'accroître son avance.

Le marin de Port-la-Forêt (Finistère), qui participait à son deuxième Vendée Globe, a donc remporté sa deuxième victoire après celle de 2000-2001, où il avait devancé l'Anglais Ellen McArthur d'une journée seulement. Cette fois, Desjoyeaux a écrasé la concurrence. Au moment de son arrivée, son premier poursuivant Roland Jourdain (Veolia Environnement) pointait à quelque 1400 milles derrière lui, soit 2.600 km. Mais Veolia Environnement, dont la quille s'est détachée jeudi pour éviter de chavirer, progresse au ralenti, et Jourdain pourrait décider de s'arrêter définitivement aux Açores, qui se trouvent sur sa route directe et qu'il devrait atteindre lundi.

Derrière, c'est Armel Le Cleac'h, le jeune skippeur de Brit'Air, qui devrait hériter de la deuxième place. Il était cependant ce dimanche à quelque 1.700 milles (plus de 3000 km) des Sables d'Olonne, soit probablement cinq à sept jours de course.