"On va jouer au poker"
ParEurosport
Publié 05/01/2009 à 12:15 GMT+1
Michel Desjoyeaux (Foncia), qui a franchi lundi le cap Horn en tête du Vendée Globe, s'est immédiatement reconcentré sur la Remontée de l'Atlantique sud, où il redoute la complexité des systèmes météos. susceptibles de ruiner son avance sur ses poursuiva
Michel Desjoyeaux, comment s'est passé le franchissement du Cap Horn?
Michel DESJOYEAUX: C'était un peu chaud, il y avait pas mal de vent à 35, 40 noeuds avec des grains à 45 (environ 80 km/h), et puis pas de visibilité du tout avec la pluie qui tombait. Malheureusement il faisait nuit, et le peu de clarté qu'il y avait vers le sud était masqué par les nuages, ça ne m'a pas donné assez de lumière pour faire des photos. Mais c'est plutôt une délivrance, ça veut dire qu'on a quitté les mers du Sud, les grosses vagues et les surfs endiablés... Et surtout ça fait plaisir de quitter l'oppression du vent permanent, de ne jamais pouvoir se poser. Là ça va mieux, ça fait deux heures que je suis en train de bricoler sur le pont, et même si tu n'avances pas, tu te détends un peu. A tel point qu'ici, j'ai vu cinq ou six albatros posés sur l'eau, tranquilles, alors que dans les mers du sud, je n'ai jamais vu un albatros posé, je ne les ai vus qu'en vol. Eux aussi viennent par ici se reposer...
Vous êtes en tête, mais la course est loin d'être jouée...
M.D. : C'est là, juste devant nous, entre ici et le Cabo Frio sur la côte Brésilienne (ndlr: à hauteur de Rio de Janeiro) qu'on joue au poker menteur pendant quasiment huit jours. C'est l'endroit le plus risqué au niveau stratégique, parce qu'il y a plein de phénomènes météo qui se promènent un peu partout. Il est très difficile ici d'élaborer une stratégie claire à long terme, ce qui n'est pas le cas dans les mers du sud, ni dans le reste de l'Atlantique.
Quel est votre état de forme, et celui du bateau, aux deux-tiers de la course?
M.D. : Le bonhomme, il est en pleine forme, content de pouvoir bientôt poser le ciré et enlever les bottes. J'ai juste les mains un peu usées, on a beaucoup tiré sur les cordages dans l'eau froide. Côté bateau, j'ai deux ou trois bricoles à faire, toute ma lingerie (ndlr: voilure) va bien. J'ai profité de cette belle journée pour aller faire du bricolage dans le jardin, c'est l'occasion de vérifier plein de trucs qu'on n'avait pas pu aller voir d'aussi près depuis un mois.
Vous connaissez parfaitement vos poursuivants, qui s'entraînent avec vous à Port-la-Forêt, est-ce un avantage?
M.D. : On connaît ses adversaires mais on peut toujours avoir des surprises. Un des surnoms de Bilou (ndlr: Roland Jourdain/Veolia Environnement) c'est "farceur". Il a montré ces derniers jours qu'il est capable de cravacher sans aucun souci et sans laisser transparaître la moindre difficulté. Jean (Le Cam/VM Matériaux) est très bien préparé, je ne suis pas non plus surpris qu'il soit là. Derrière, il y deux lascars un peu décrochés (Vincent Riou/PRB et Armel Le Cleac'h/Brit'Air), qui ont un peu raté le train, mais à l'échelle de ce qui nous reste à faire, c'est pas énorme non plus. C'est vrai que ça ressemble à un championnat du monde de la baie de La Forêt-Fouesnant.
Pensez-vous déjà à la victoire?
M.D. : C'est déjà bien d'être arrivé là, alors qu'il reste moins de 50% des bateaux en course. Je vais donc rester concentré. Deux mois du boulot ont déjà été faits, et pas trop mal, ce n'est pas le moment de me saborder. D'après mes calculs, j'espère arriver aux Sables d'Olonne 28 jours après le passage du Horn (ndlr: soit le 1er février).
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