Pourquoi Toyota a bien fait d'éconduire la F1

En trois ans, Toyota s'est construit un palmarès plus important qu’en sept années de F1. En 2014, la firme japonaise a remporté le titre pilote avec Sébastien Buemi et Anthony Davidson, et le titre constructeur avec la TS 040 Hybrid et son moteur V8 sous le capot et une puissance redistribuée aux quatre roues. Sa première distinction internationale depuis son titre en championnat du monde des rallyes en 1999.

En concurrence farouche cette saison avec Porsche et Audi, Toyota a remporté cinq victoires, signé douze podiums et honoré quatre poles. De quoi ne pas regretter son passage à l'endurance en 2012, après un départ de la F1 en 2009, même si la course des 24 Heures du Mans, l'un de ses objectifs du début de saison 2014, n'a pas été remportée, la victoire étant revenue à Audi.

Toyota n'était pas la seule écurie à avoir quitté la discipline reine du sport automobile : Renault et BMW ont fait la même chose, un an après Honda. Cependant, Renault est resté un fournisseur des moteurs V6 turbo de certains constructeurs (Red Bull, Lotus F1 Team, Toro Rosso et Caterham) et Honda a annoncé son retour pour la saison prochaine. Mais, selon le magazine Autosport, la des sources en France relatent que l'entreprise française, très secouée avec les problèmes rencontrés par ses moteurs, est mécontente de son sort : pour un budget moteur qui représente le double de celui de Toyota en WEC, Renault n'aurait même pas de place dans le paddock.

Un investissement bien plus raisonnable qu'en F1 avec des succès à la clé, voici l'autre victoire de Toyota. La firme japonaise a été capable de remporter des courses et des championnats mondiaux avec moins d'un quart de son budget global lorsqu'elle courait en F1, estimé alors à 380 millions d'euros, tout en permettant un développement technologique poussé. Et c'est aussi le cas pour les autres écuries. La concurrence très équilibrée en WEC, avec Audi et Porsche, n'a pas manqué de donner du piment et du suspense à la compétition, bien plus qu'en F1 où Ferrari est clairement resté en retrait cette saison par rapport aux Mercedes et où les réglementations diverses ont souvent pollué les courses.

Les initiés estiment même que Toyota a dépensé la moitié de ce qu'Audi et Porsche ont engagé dans le WEC, alors que ses deux concurrents font partie du même groupe (Volkswagen). Toujours selon le magazine Autosport, la holding allemande dépenserait environ 600 millions d'euros dans le monde du sport automobile (en WEC, WRC, GT Racing, Lamborghini Trofeo, etc...) et près de 10 milliards dans la recherche et le développement. Mais pas un seul centime dans la F1. Bernie Ecclestone "appréciera".

Toyota peut se targuer d'avoir réalisé une belle opération en quittant la F1. Sans y voir une relation de cause à effet, depuis 2012, la firme est le premier constructeur automobile au monde et le premier producteur de voitures hybrides sur route avec dix millions des ventes annuelles à l'échelle mondiale, dont les hybrides représentent 10% du volume total). Avec un attrait accru pour la compétition avec ses voitures TS 040 Hybrid, il ne manque plus qu'une victoire aux 24 heures du Mans pour donner encore plus de crédit à l'écurie japonaise... au cas où elle en manquerait encore.