Bolt, en pensant à Londres

Usain Bolt a définitivement tourné la page 2010. Une année quasi-sabbatique, marquée par l'absence de grandes compétitions internationales, et qui ne restera pas comme une saison référence pour le Jamaïcain. Les chiffres parlent d'eux mêmes. N'évoquons là que ses performances sur 100 et 200m. L'an dernier, le sprinteur caribéen n'a disputé, en tout et pour tout, que... sept courses : cinq lignes droites et seulement deux demi-tours de piste. Autrement dit pas grand chose si l'on compare ce total à ceux des exercices précédents (23 courses en 2009 - 14 x 100m et 9 x 200m / 24 en 2008 - 14 x 100m et 10 x 200m / 14 en 2007 : 1 x 100m et 13 x 200m).

Seulement troisième performeur mondial en 2010, derrière son compatriote Nesta Carter et l'Américain Tyson Gay (9"78 tous les deux), Usain Bolt n'a pas pu aller plus vite que 9"82 sur la distance reine et n'a couru qu'à trois reprises sous les 9"90 (contre 6 en 2009 et 8 en 2008). Sur 200m, ses deux uniques sorties sont difficilement critiquables (19"56 à Kingston et 19"76 à Shanghai) et ont fait de lui l'homme le plus rapide de la planète sur la distance l'an dernier. En 2011, on devrait voir un peu plus Usain Bolt sur les tartans. Avec comme point d'orgue les Mondiaux de Daegu (du 27 août au 4 septembre), cette année est un avant-goût des prochains Jeux Olympiques de Londres, "deux rendez-vous importants" dans la carrière de l'intéressé, qui souhaite tout de même se focaliser uniquement sur l'épreuve sud-coréenne pour l'instant.

Son coach Glen Mills lui a donc concocté un programme d'entraînement aux petits oignons. "J'ai passé beaucoup de temps dans la salle de musculation. Beaucoup plus que l'an dernier. J'ai surtout travaillé le dos et mes abdos, pour éviter de me blesser à nouveau", a confié le Jamaïcain à notre confrère Sebastian Tiffert à Ostrava fin mai. "Sur la piste, nous n'avons pas changé grand-chose. Nous avons fait les mêmes séances qu'une année normale", a-t-il rajouté. Pour l'instant, le travail effectué ne porte pas forcément ses fruits. Depuis le 26 mai et le meeting de Rome, Bolt a couru à quatre reprises : un 100 yards, deux 100m et un 200m. Sur la ligne droite, le chrono n'a pas encore suivi.

A ce jour, et avec 9"91 sous les pointes, Bolt n'est que le 5e performeur mondial en 2011, derrière Tyson Gay (9"79), Steve Mullings (9"80), Mike Rodgers (9"85) et l'universitaire zimbabwéen Ngonidzashe Makusha (9"89). "A Rome, je pense avoir fait l'une des plus mauvaises courses de toute ma carrière. Je n'ai rien fait de bien. La seule chose positive est que j'ai gagné", nous a expliqué Bolt. "Quand je visionne ma course, j'en arrive à une seule conclusion : "j'ai encore beaucoup de boulot". Que ça soit au niveau de mon départ, de mes premières foulées et de ma transition. Si je parviens à améliorer tout cela, ça devrait être beaucoup mieux (rires)". Glen Mills, qui n'avait pas fait le voyage à Rome, n'en a évidemment pas fait une course référence : "Quand il m'a appelé, il ne m'a pas engueulé. Il savait que j'étais rouillé et que je disputais ma première course depuis longtemps. Il m'a juste dit : "Tu as oublié comment on courait ?" Usain Bolt devrait rapidement retrouver la mémoire. Qui en doute ?