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La révolution Pistorius

ParAFP

Mis à jour 24/08/2011 à 20:09 GMT+2

Avec ses jambes mi-humaines mi-artificielles, Oscar Pistorius a chamboulé la vision basique de l'athlète. Le Sud-Africain de 24 ans fera l'histoire aux Championnats du monde à Daegu en devenant le premier champion paralympique à chasser les médailles aux côtés des meilleurs sprinteurs de la planète.

Oscar Pistorius ouvre une nouvelle ère aux championnats du monde de Daegu. Le Sud-Africain de 24 ans sera le premier champion paralympique à disputer cette épreuve avec des athlètes "valides". Il force l'admiration tant il s'est battu, en piste et hors piste, pour arriver jusque-là. "Ce sera un grand jour pour moi quand j'entrerai en piste à Daegu et j'espère faire la fierté de mon pays", a estimé Oscar Pistorius, à la confirmation de sa sélection dans l'équipe sud-africaine pour le 400 m et le relais 4x400 m.
Mais si un torrent de louanges et de félicitations a inondé sa messagerie cet été, son billet pour la Corée du Sud a ravivé un certain malaise dans le milieu sportif qui ne sait que penser de la bataille d'experts sur ses prothèses de course. Les uns restent persuadés que si ses lames en carbone en forme de pattes de félin le désavantagent au départ, elles lui confèrent un certain avantage sur la deuxième moitié du tour de piste, comme l'avait avancé la Fédération internationale en 2008 pour mettre son veto à la participation de Pistorius aux compétitions sous son mandat. Mais d'autres ont démontré que non. Et Pistorius, rodé à ces interrogations qui le suivent depuis quatre ans, y répond point par point sur son site internet.
"Ressorts élastiques passifs"
Non, ses prothèses fabriquées spécialement par la société islandaise Ossur pour les athlètes amputés ne dégagent pas une puissance positive à chaque rebond ni n'absorbent la puissance négative, elles sont "des ressorts élastiques passifs". Non, elles ne lui permettent pas de faire des foulées plus longues, ni de se fatiguer moins, ou d'économiser en énergie métabolique. Et non, l'amélioration de son record personnel de près d'une demi-seconde cette saison (45 sec 07) n'est en rien liée à un gain technologique. Pistorius dit rester fidèle au même modèle depuis trois ans, même s'il n'est pas contraint de les soumettre à un contrôle officiel.
Mais c'est bien par manque de preuves scientifiques sur un avantage global net que le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui avait dû trancher sur son cas en 2008, avait renversé la décision de l'IAAF. Le TAS avait pris soin de préciser que le feu vert qu'elle donnait au jeune homme valait uniquement pour ce modèle de prothèses, en l'état actuel des connaissances, et ne constituait en rien une jurisprudence. Avant d'inviter dans sa conclusion, l'athlétisme à voir son intégration "comme l'un des défis de la vie au XXIe siècle".
Amputé à l'âge de 11 mois
Car personne n'oserait avancer que Pistorius est un tricheur. Si l'histoire du sport rapporte quelques cas d'hommes s'étant fait passer pour des femmes, aucun athlète ne s'est encore coupé les deux jambes pour tenter de gagner une médaille. La fée des bébés n'avait pas été tendre avec le petit Oscar. Parce qu'il était né sans péronés, ses parents ont dû se résoudre à le faire amputer sous les genoux à l'âge de 11 mois. Le garçon, qui s'est construit par le sport, a viré vers l'athlétisme à 16 ans après s'être blessé sérieusement à un genou en jouant au rugby. En quelques années, il est devenu "Bladerunner" (le coureur aux lames), icône de l'handisport, couronné de quatre médailles d'or paralympiques, dont trois à Pékin en 2008.
Mais Pistorius veut figurer aux jeux Olympiques, un rêve qu'il a de fortes chances de réaliser en 2012, s'il parvient à repasser dans le premier semestre de l'année prochaine sous les 45 sec 25. Les instances sportives "ont travaillé pour le comprendre comme sportif, et comprendre aussi comment on pouvait ouvrir nos championnats à une éventuelle intégration des athlètes avec un handicap", souligne Sebastian Coe, président du comité d'organisation des Jeux de Londres. Alors voir Bladerunner aux JO "sera fascinant", selon le double champion olympique du 1500m.
LES MONDIAUX SONT A SUIVRE EN DIRECT SUR EUROSPORT ET EUROSPORT PLAYER.
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Oscar Pistorius (AP/LaPresse)

Crédit: LaPresse

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