"Braquage", "un peu loufoque" : Marie-Julie Bonnin, un titre de championne du monde un peu dingue

La superbe nouvelle de la nuit est venue de la Chine. A Nankin, à l'ouest de l'Empire, à 9 000 kilomètres de la France, Marie-Julie Bonnin a marqué l'histoire de l'athlétisme français en devenant la première perchiste à devenir championne du monde, en salle en ce qui la concerne. Si elle a un énorme potentiel, "MJ" a fait une entrée fracassante dans le grand monde.

Marie-Julie Bonnin

Crédit: Getty Images

C'est un sacré rayon de soleil dans le ciel d'un athlétisme français un peu sombre depuis quelques années. Marie-Julie Bonnin a l'âge et le talent d'être une promesse (23 ans), elle est déjà un présent rayonnant, championne du monde en salle du saut à la perche, une première pour une Française. Au bout d'un concours très particulier, "MJ" a vaincu ses propres peurs pour aller plus haut et s'offrir un immense bonheur.
Si Marie-Julie Bonnin, Tina Sutej, Angelica Moser et les autres sont restés trois heures durant autour du sautoir du Nankin Youth Olympic Sports Park, ce n'est pas seulement parce que ce concours de saut à la perche fut extrêmement serré mais plutôt parce que les filles ont dû supporter des problèmes techniques au niveau des poteaux. "On était toutes un peu saoulées que ça prenne autant de temps, c'était un concours un peu loufoque, a raconté Bonnin à l'AFP. Mais ça ne m'a pas gênée et je me suis dit que c'était peut-être l'occasion de tirer mon épingle du jeu."
Quand les circonstances ne sont pas habituelles, l'occasion est belle de renverser l'ordre établi et ça, Marie Julie Bonnin l'a bien compris. Elles n'étaient plus que quatre à avoir franchi 4,70m, quatre donc pour l'or. Se voyait-elle sur le podium ? Pas tout à fait. "J'ai pris en légitimité cet hiver, je me sens à ma place mais par exemple après 4,70 m, on est quatre et je me dis qu'elles vont toutes passer 4,75 m et prendre leur médaille", confiait-elle. Bonnin avait tort de ne pas y croire car elle voyait une à une ses adversaires échouer tandis qu'elle passait avec brio. "Les filles me disaient : 't'es championne du monde !' et moi j'étais concentrée. Ce n'est qu'après mon troisième essai (raté à 4,80 m) que tout est redescendu." Refusait-elle de voir l'évidence ? 

4,90m dans le viseur ?

Non mais Bonnin parle bien d'un "braquage" au bout d'un "concours un peu loufoque", preuve qu'elle aussi avait du mal à se voir tout en haut de l'affiche, quand bien même il y avait des indices, comme ces quatre concours à 4,70 m ou plus cet hiver, des hauteurs qu'elle a commencé à titiller dès l'été dernier (4,70 m en juillet 2024). Onzième des JO de Paris, Marie-Julie Bonnin était sur le podium des Championnats d'Europe en salle à Apeldoorn il y a quinze jours. "Je n'en reviens pas, je ne réalise pas du tout, lâchait-elle, émue en zone mixte. 'Championne du monde', je ne vais pas m'y faire, il va falloir qu'on me le répète pendant pas mal de temps !"
Désormais co-détentrice du record de France avec Ninon Chapelle (4,75 m), Bonnin peut rêver grand et, à 23 ans seulement, on sait que sa progression n'est pas encore terminée. A Nankin ce samedi, elle a utilisé une perche plus dure, et donc plus exigeante. Incroyablement rapide, elle a en elle de belles hauteurs. Des outils d'intelligence artificielle la voit déjà à 4,90 m. "Mais ils voient Duplantis à plus de 6,50 mètres donc il faut prendre tout ça avec des pincettes", corrige-t-elle, toujours prudente.
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