COUPE DU MONDE 2023 - Couac et concurrence exacerbée : Paris 2024 sera plus corsé que prévu pour les Bleus

Dire que les Bleus espéraient finir leur été avec d'autres indicateurs est un doux euphémisme. A l'issue de cette Coupe du monde 2023, les signaux sont bien inquiétants. Et à double titre. Il y a eu déjà cet échec cinglant au premier tour pour une équipe de France qui figurait sur les trois derniers podiums internationaux avant le début de ce tournoi (3e du Mondial 2019, finaliste des JO 2021 et de l'Euro 2022). A un an des Jeux Olympiques, c'est un coup d'arrêt terrible qui appelle à une remise en question profonde. Et ce constat est peut-être encore plus vrai quand on a suivi la suite de cette compétition.

Si Rudy Gobert, Evan Fournier and co rêvent de briller à Paris 2024 en allant chercher au moins une nouvelle médaille, ils devront réussir à se remettre à l'endroit mais aussi et peut-être surtout parvenir à hausser encore leur niveau de jeu. Car cette Coupe du monde a illustré une nouvelle facette de la planète basket. Alors que l'Espagne est sur le déclin, de nouvelles nations ont pointé le bout de leur nez. Avec autorité. On pense évidemment déjà aux deux finalistes surprises de ce Mondial, l'Allemagne et la Serbie.

Déjà troisième du dernier Euro après avoir connu un trou d'air logique suite à la retraite de Dirk Nowitzki, l'Allemagne a confirmé sa progression en signant un été historique. Dans le sillage des frères Franz et Moritz Wagner mais aussi de Dennis Schröder, la Nationalmannschaft a décroché son premier titre mondial à la surprise générale. Et a montré qu'il faudra compter sur elle à Paris pour la course au podium. C'est un peu la même musique avec la Serbie guidée par Bogdan Bogdanovic à Manille. Avec leur jeu collectif bien huilé, leur rigueur défensive et leur science tactique, les Serbes ont relevé la tête après leur Euro décevant (échec en 8es). Et ils l'ont fait sans Nikola Jokić. Ça vous classe cette sélection, alors que le double MVP NBA et dernier MVP des Finales NBA devrait faire son retour dans un an.

Derrière ce duo de finalistes aussi impressionnant que prometteur, il est impossible de ne pas tirer les mêmes conclusions pour le Canada. Emmenés par Shai Gilgeous-Alexander, Dillon Brooks ou encore R. J. Barrett, les Nord-Américains ont répondu aux attentes en allant chercher la première médaille au Mondial de leur histoire en battant les Etats-Unis dans le match de la troisième place (127-118). Dotés d'un leader d'exception avec Gilgeous-Alexander – élu dans le premier cinq de la dernière saison NBA -, ils possèdent une équipe aussi jeune que talentueuse. Avec une profondeur de banc exceptionnelle.

Déjà impressionnant en Indonésie et aux Philippines, le Canada, qui a corrigé les Bleus lors du premier match (85-65), pourrait en plus arriver encore un peu plus armé à Paris dans un an si le champion NBA Jamal Murray – forfait de dernière minute cette année - est de la partie tout comme Bennedict Mathurin et Andrew Wiggins même si ce dernier ne fait pas de la sélection une priorité. De quoi faire peur. Très peur même. Et à ce tableau, il ne faut bien sûr pas oublier les Etats-Unis, quadruples tenants du titre aux Jeux Olympiques.

Certes, Team USA a pris une claque mémorable en ratant le podium pour la deuxième édition de suite aux Mondiaux (ndlr : après leur élimination en quarts de finale en 2019). Mais à Paris et comme à chaque Jeux, Steve Kerr, le sélectionneur américain, n'aura pas les mêmes armes sous la main. Les meilleurs joueurs NBA seront à coup sûr au rendez-vous dans un an. Car on parle des Jeux qui font rêver tous sportifs au monde. Et que les Américains auront encore une fois à coeur de remettre les pendules à l'heure en allant chercher l’or après ce nouvel échec retentissant au Mondial. "On va se préparer pour construire l'équipe des Jeux. (…) Il y aura des légendes encore en activité évidemment, des jeunes et des joueurs qui seront dans leur 'prime'", a déjà prévenu Grant Hill le manager général de la sélection US dans L'Equipe.

Dans ce paysage déjà bien rempli, il faudra sûrement ajouter la Slovénie de Luka Doncic, qui devra aller chercher son ticket lors d'un tournoi qualificatif olympique. Mais si les Slovènes sont encore là, il n'est jamais évident de réussir à limiter le talent de la star de Dallas. En clair, le plateau sera aussi riche que copieux. Un menu dense pour des Bleus avides de briller chez eux après leur belle médaille d'argent à Tokyo en 2020 à l'issue d'une finale tendue face aux Etats-Unis. Secoués par leur couac inattendu de l'été, les Tricolores d’un Vincent Collet qui n’a pas encore été confirmé sont donc prévenus : leur quête olympique s'annonce ardue. C'est même une montagne qui va se présenter face à eux.

Pour espérer la gravir, ils devront retrouver leur mentalité défensive, leur collectif. Et réussir à intégrer des nouveaux profils, aptes à les aider dans leur désir de rebond. On pense bien sûr à Victor Wembanyama, le numéro 1 de la draft NBA, alors que le cas Joel Embiid ressemble encore à une chimère. Mais il faudra aussi trouver des solutions au poste de meneur, où les Bleus ont cruellement manqué de profondeur cet été. Car étant donné le niveau attendu à Paris, les Français ne pourront pas se permettre la moindre faiblesse. Cet été 2023 détonnant l'a illustré.