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NBA : Paul - Booker - Ayton : comment les Phoenix Suns ont bâti le Big 3 le plus complémentaire de la Ligue

Antoine Pimmel

Mis à jour 08/07/2021 à 20:46 GMT+2

NBA - C'est un "Big 3" que personne n'avait vu venir et qui se retrouve à trois victoires d'un premier sacre NBA. Chris Paul, Devin Booker et DeAndre Ayton constituent l'un des trios les plus complémentaires de la Ligue. Le vieux général, le talentueux lieutenant et le jeune soldat s'épanouissent dans cet environnement. On l'a vu lors du match 1 face à Milwaukee.

Deandre Ayton - Chris Paul - Devin Booker (Phoenix Suns) / Finales NBA 2021

Crédit: Getty Images

Juillet 2019. Chris Paul vient de boucler la saison avec sa plus petite production en carrière : seulement 58 matches, à peine 15 points et 41% de réussite aux tirs. Le tout pour plus de 35 millions de dollars. Les Rockets, hors du coup, sont sortis au second tour des playoffs, battus par les Warriors pour la deuxième année de suite. James Harden n’en peut plus. Il refuse de côtoyer ce gueulard de CP3 une année de plus. Tilman Fertitta, le propriétaire de la franchise texane, est lui aussi fatigué. Il fait les comptes. "Le contrat de Paul est l’un des pires de l’Histoire du sport", ose même le milliardaire. Les dirigeants n’ont pas d’autre choix que d’envoyer le meneur de 33 ans, bientôt 34, au Thunder. Il est alors considéré comme une superstar sur le déclin, trop vieux et trop fatigué pour mener une équipe au titre, lui qui n’a de toute façon jamais atteint les finales NBA.
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Chris Paul #3 of the Houston Rockets watches the action against the Indiana Pacers at Bankers Life Fieldhouse on November 5, 2018 in Indianapolis, Indiana.

Crédit: Getty Images

Devin Booker ne se porte pas beaucoup mieux à la même époque. L’arrière de 22 ans flambe dans l’Arizona. Mais ses 26 points et presque 7 passes de moyenne ne suffisent même pas à convaincre les coaches d’en faire un All-Star. Il est perçu comme ce joueur de statistiques qui brille dans le vide, sans avoir d’impact sur les résultats de son équipe. Une superstar inutile. Son coéquipier Deandre Ayton bénéficie alors presque de la même étiquette. Sa première saison dans la ligue est plutôt satisfaisante, avec 16 points et 10 rebonds. Mais ce n’est rien en comparaison de celle de Luka Doncic, fantastique pour ses débuts aux Mavericks et drafté deux places après le pivot originaire des Bahamas. Surtout, surtout, surtout… les Suns sont nuls. Seulement 19 victoires en 82 rencontres. Bons derniers à l’Ouest. La risée du championnat.

Les Suns ont trouvé leur "Big Three"

Juillet 2021. Deux plus tard, ce trio est en train de porter Phoenix vers un sacre historique. Ils ont mené les Suns en playoffs, ce qui représente déjà un mini événement après onze ans d’attente, avant de les qualifier pour les finales. Une première depuis 1993 pour la franchise, encore jamais titrée. Pour aller au bout, il faudra donc battre les Bucks encore trois fois de plus. La série est loin d’être terminée. Pour une fois, elle n’oppose pas deux armadas. Pas de Kevin Durant contre LeBron James, de Stephen Curry contre Kyrie Irving. Mais, comme lors des éditions précédentes, les finalistes sont encore une fois guidés par des "Big Three". Avec Chris Paul, Devin Booker et Deandre Ayton, les Suns ont trouvé le leur. Et c’est peut-être le plus efficace de la ligue cette saison.
Tout démarre avec Paul. Son arrivée a transformé cette équipe. Il en a fait une machine à gagner à son image : intelligente, compétitive, acharnée et perfectionniste. Les Suns ne rechignent plus devant l’effort. Ils font attention aux petits détails. Ils s’appliquent constamment. L’influence du vétéran sur le groupe est très forte. Et ses coéquipiers reconnaissent volontiers qu’ils s’inspirent de lui au quotidien. "C’est le meilleur leader de la NBA", confie Booker. "Chris nous a beaucoup appris depuis qu’il est arrivé ici", poursuit Cameron Payne.

CP3 a changé d'approche

Le groupe est soudé du premier au quinzième homme et chacun a son mot à dire, du moment que c’est pour le bien commun. Mais CP3 reste la tête du serpent. Sauf que son message n’est pas toujours aussi bien passé au cours de sa carrière. Il fut une époque où il n’arrivait pas à se faire entendre auprès de Blake Griffin aux Clippers ou James Harden aux Rockets. Parce qu’il se contentait d’hurler ses consignes, de râler tous les deux minutes et de se frustrer dès que l’un de ses camarades ne comprenait pas aussi rapidement et facilement que lui. "Vous n’êtes pas un leader si les autres ne vous suivent pas. Sinon, vous êtes juste en train de parler tout seul", note Monty Williams, coach et mentor de Paul.
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Chris Paul, Phoenix Suns - NBA Playoffs 2020-21

Crédit: Getty Images

Pendant longtemps, le "Point God", l’un des meilleurs joueurs de l’Histoire à son poste, jacassait dans le vent. Mais il a su se remettre suffisamment en question pour changer son approche en jouant avec des athlètes plus jeunes au Thunder et aux Suns. Lui aussi a appris. "Il y a quelques années, j’aurai débarqué pendant le temps mort pour gueuler", admet l’intéressé en évoquant un moment du Match 6 contre les Clippers au tour précédent. Les Suns menaient de 17 points avant d’encaisser un 10-0. "Là, je me suis dit ‘OK, on reste cool.’ Parce que j’ai appris à gérer différents caractères et si vous pétez un plomb, ça peut rendre vos coéquipiers nerveux et timides." Williams perçoit cette évolution dans le leadership de son joueur. Et du coup, ça fonctionne.
Il n'y a aucun problème d'ego chez nous
Ça fonctionne aussi parce que Devin Booker, le deuxième homme du trio, est assez mature pour comprendre que c’est dans son intérêt de laisser Paul aux manettes. Contrairement à Griffin ou Harden, il n’est pas présenté comme une superstar depuis le lycée. Il n’a pas été drafté dans les cinq premiers (13e choix en 2015). On ne lui répète pas constamment depuis ses 12 ans qu’il deviendra un grand joueur. C’est un détail plus important qu’il n’y paraît. Parce que du coup, il ne sent pas obligé d’être absolument le numéro un de son équipe. Même Kyrie Irving a fini par quitter LeBron James pour devenir son propre patron… enfin, avant de jouer avec Kevin Durant à Brooklyn.
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Chris Paul et Devin Booker lors du match 1 des Finales NBA entre Phoenix et Milwaukee, le 6 juillet 2021

Crédit: Getty Images

Booker, lui, sait pertinemment qu’il aura aussi sa part du gâteau même si le ballon est souvent dans les mains de son partenaire. Ils ont réussi à se relayer parfaitement dans le Match 1 mardi soir. Maladroit, Paul a laissé Booker scorer 12 points dans le premier quart temps. Pour ensuite prendre le relais. Discret pendant un moment, le jeune homme a refait surface dans le money time pour planter deux paniers importants. "Il n’y a aucun problème d’ego chez nous", prévient Booker. "Je pense que c’est ça le plus important. On veut tous les deux que l’équipe gagne et on est sur la même longueur d’onde. Je l’apprécie beaucoup."

Ayton, la révélation

Influencé par son aîné, il devient lui-même un meilleur leader. Et les deux prennent plaisir à allier leurs forces pour tirer vers le haut la troisième star des Suns : Deandre Ayton. Le premier choix de la draft 2018 est clairement la révélation de ces playoffs. Il a tenu bon devant Anthony Davis (avant sa blessure) et Nikola Jokic. Il a été l’un des hommes forts du Match 1 avec 22 points et 19 rebonds. Encore un chantier dans la raquette pour celui qui ressemble fortement au facteur X de ces finales NBA 2021. L’intérieur de 22 ans monte en puissance. Mais ça n’empêche pas ses deux camarades de constamment le pousser à faire mieux. Parfois en le grondant. Mais plutôt que de se vexer ou de se renfermer sur lui-même, Ayton accepte totalement ce comportement.
"Je sais que tout ce que Chris me dit, ou tout ce qu’il me dit de faire, ça vient du cœur. Si vous êtes un compétiteur, vous ne vous concentrez pas juste sur la manière dont quelqu’un vous dit quelque chose. Vous vous concentrez sur le message". Une attitude rare chez un joueur de son âge. Cette complémentarité entre leurs différentes personnalités est la clé du succès des Suns. Chacun a son rôle. Chacun a sa place. Et chacun rend l’autre plus fort. Ayton offre des espaces à Booker et Paul en posant des écrans costauds et en attirant constamment l’attention de la défense. Booker permet à Paul de souffler à la création et au scoring. Paul trouve des opportunités de marquer pour Booker et Ayton. Les trois vont ensemble. Et aussi longtemps qu’ils restent synchronisés, il sera très difficile pour les Bucks de battre les Suns.
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