NBA - San Antonio Spurs - Après 20 matches, Victor Wembanyama est à l'heure avec l'histoire

Nous sommes en décembre, il neige en montagne, les enfants préparent leur liste de Noël, les Spurs perdent tous leurs matches et Victor Wembanyama noircit sa feuille de stats. Rien de neuf sous le soleil texan. San Antonio et sa nouvelle merveille s'inscrivent nuit après nuit dans des routines qui dessinent deux dynamiques diamétralement opposées : l'éveil de la prochaine grande star de la Ligue et la descente aux enfers de la pire équipe du plateau à l'Ouest. Voilà la double vie que mène aujourd'hui le numéro 1 de la draft confronté à un mélange des sentiments qu'il résume parfaitement.

"Tout va bien dans ma vie, c'est le seul bémol pour l'instant. Bien sûr c'est dur, je ressens la difficulté, mais je ne ressens jamais d'abattement, il n'y a pas d'autre choix", avouait-il cette nuit après la 16e défaite consécutive de son équipe, record égalé de la franchise, alors même qu'il signait pour la première fois de sa carrière un match à plus de 20 points (21 en l'occurrence) et 20 rebonds. Il est même devenu cette nuit le plus jeune joueur à signer une telle performance devançant de quatre jours Dwight Howard (19 ans et 338 jours contre 19 ans et 342 jours pour l'ancien Superman d'Orlando).

"Ça n'a pas vraiment de valeur pour moi puisqu'on a perdu. J'espère pouvoir, un jour, regarder en arrière et me dire que c'était une bonne performance", a jugé l'exigeant Français. Après 20 matches, le bilan est plutôt limpide et facile à dresser. Non, Wemby ne déçoit pas. Malgré les lourdes attentes qui pesaient sur ses encore frêles épaules, le gamin y a plutôt bien répondues. Il suffit de le comparer aux autres big men qui ont marqué l'histoire de la Ligue pour se rendre compte qu'il est dans les temps. Et même en avance. Il est ainsi le premier joueur de l'histoire a compilé au moins 350 points, 50 passes, 50 contres et 25 interceptions après les 20 premiers matches de sa carrière (les interceptions et les contres ne sont comptabilisés que depuis 1973).

C'est mieux, ou en tout cas plus complet, que Shaquille O'Neal, David Robinson, Tim Duncan, Patrick Ewing ou Hakeem Olajuwon. Parmi toutes ces légendes, il est le seul à franchir le seuil des 50 passes. Seul Robinson est devant lui aux interceptions (35 contre 26), il figure au 3e rang aux contres et 5e au total de points. A son rythme, Wemby marque tranquillement l'histoire depuis ses débuts. Voilà pourquoi, en dépit des troisièmes quart-temps cataclysmiques des Sprus et les revers qui s'accumulent, il collectionne, lui, les éloges de ceux qui l'affrontent.

Cette nuit encore, Nikola Vucevica ouvert grand les yeux : "C'est la première fois que je le voyais en personne, je voulais voir ce que ça faisait de l'affronter : il est vraiment impressionnant. C'est un peu injuste de voir comment il prend les rebonds… je ne pouvais rien faire."

"Il va être un défenseur effrayant en affectant les tirs des autres sur le terrain même s'il ne les touche pas, a noté de son côté DeMar DeRozan, qui a goûté cette nuit aux bras tentaculaires de Wembanyama. La façon dont il affecte tout le monde en arrivant sur le terrain, en sortant de nulle part... Sur le premier layup, je ne savais pas d'où il venait et il l'a bloqué." Des adversaires effrayés par les capacités du Français, ça aussi, ce n'est pas nouveau.