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NBA - Entre "péché capital" et tartufferie du XXIe siècle, Jontay Porter banni à vie par Adam Silver

Tristan Henry

Mis à jour 18/04/2024 à 12:09 GMT+2

La NBA a annoncé mercredi avoir banni à vie Jontay Porter. Le joueur des Raptors est sanctionné pour plusieurs manquements graves aux règles entourant les paris. La gravité de la sanction interroge dans une ligue et un écosystème sportif où les paris sportifs sont fortement mis en avant, et où d’autres infractions ne souffrent pas de la même sévérité.

Jontay Porter

Crédit: Getty Images

"Un péché capital". Voilà comment Adam Silver, le commissaire de la ligue, avait décrit début avril ce qui était reproché à Jontay Porter. Le joueur des Raptors aurait, selon l’enquête dirigée contre lui, non seulement parié sur des matchs de NBA, dont certains de sa propre équipe, mais il serait allé jusqu’à truquer sa performance.
Selon le communiqué de la ligue, Porter aurait informé un parieur de son état de santé avant le match contre les Kings le 20 mars. Il est ensuite sorti après trois petites minutes de jeu, se plaignant d’être malade. Sur ce match, le parieur a misé 80 000 dollars sur une sous-performance du joueur, empochant plus d’un million de dollars dans la manœuvre. De quoi faire sonner, évidemment, toutes les alertes de paris suspicieux. A péché capital, peine capitale : la carrière de Porter en NBA est à ce jour terminée.
Le comportement de Porter est indéfendable, et l’histoire est encore plus absurde quand on considère que le joueur n’a remporté aucun de ses paris sur les Raptors, qu’il n’a gagné "que" 22 000 dollars sur ses paris en général, et que le pari offert à un tiers n’a jamais été payé. Porter a donc tout perdu, pour rien.

Couvrez ce pari que je ne saurais voir

La ligue, elle, s'offre le beurre et l'argent du beurre. Dans les stades, sur son application, la NBA promeut à l’envi les paris sportifs, contre monnaie sonnante et trébuchante. Les paris étaient interdits dans la majorité des Etats jusqu'à une décision de la Cour suprême en 2018. Depuis, ils ne font qu'exploser. En 2023, selon l’American Gaming Association, ils ont atteint le montant de 120 milliards sur l’ensemble des sports professionnels outre-Atlantique.
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Le "commissioner" de la NBA, Adam Silver, le 18 octobre 2022

Crédit: Getty Images

Parier n’est pas tricher, mais le pari reste une activité addictive qui peut générer des comportements irrationnels comme celui de Porter. Penser que les joueurs peuvent rester complètement extérieurs à un phénomène d’une telle ampleur et dont ils sont d’ailleurs les principaux facteurs, c’est se voiler la face, ou justement expliquer la position de la NBA.

Un exemple pour mieux masquer le problème

"Silver a fait un exemple avec Porter", a réagi Adrian Wojnarowski, le journaliste star de ESPN. "Cela rappelle à tout le monde, pas qu'aux joueurs, les règles. Nous sommes immergés dans les paris. (...) Le fait qu’il ait parié sur une défaite de sa propre équipe est un rappel pour nous tous", a poursuivi "Woj". "Cette situation montre des problèmes importants dans le cadre réglementaire en place, y compris en ce qui concerne les paris possibles sur les matchs comme sur les joueurs", fait écho le communiqué de la ligue.
Le message est limpide : l’inquiétude est que le comportement de Porter soit bien plus généralisé que ce que l’on croit. Chez les voisins de NFL, les infractions se multiplient, et le receveur des Falcons Calvin Ridley a été suspendu un an en 2022 pour avoir parié sur des matches. Dans les deux cas, l’existence d’une sanction n’est pas forcément le problème. En revanche, leur sévérité, en comparaison au sort réservé aux joueurs coupables de violence, est pour le moins discutable.

Le sens des priorités

"Il n’y a rien de plus important que de protéger l’intégrité de la compétition en NBA pour nos fans, nos équipes, et tous ceux qui sont associés à notre sport", a réagi Adam Silver selon ce même communiqué. Protéger l’intégrité des matchs, pour une ligue professionnelle, est une évidence. De là à considérer qu’il n’y a "rien de plus important".... En 2022, Miles Bridges a été condamné à trois ans de prison avec sursis alors qu’il était accusé d’avoir étranglé et frappé sa compagne devant ses enfants. Il a reçu 30 matchs de suspension de la part de la ligue. Encore accusé de violences en octobre, même si les charges ont été abandonnées, il a joué pas plus tard que la semaine dernière avec les Hornets.
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Jontay Porter został dożywotnio zdyskwalifikowany z gry w NBA za obstawianie meczów

Crédit: Getty Images

Le sentiment d'un deux poids deux mesures est total. La NBA met en avant un produit, interdit à ses joueurs, sous peine de sanctions extrêmement élevées. Alors que des comportements de violence extrêmement graves sont moins sanctionnés. À croire, ironiquement, qu’il faudrait que la ligue fasse la pub des violences sur ses parquets pour que les coupables soient vraiment écartés. Heureusement pour la ligue, l'hypocrisie n'est pas un "péché capital". Au fin fond du voyage en absurdie, la tartufferie a de beaux jours devant elle.
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