Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

"Oui, il est frustré" : Quand Victor Wembanyama doit apprendre à prendre son temps

Christophe Gaudot

Mis à jour 09/01/2024 à 17:14 GMT+1

Si Victor Wembanyama joue en moyenne 29 minutes par match cette saison en NBA, son temps de jeu a diminué depuis sa blessure à la cheville, survenue à l'échauffement avant le duel face à Dallas à quelques jours de Noël. Du côté des San Antonio Spurs, on ne veut prendre aucun risque et on a fixé une limite stricte (24 minutes) qui frustre le joueur et les fans.

📸 Wembanyama, un géant en photos

De rab il n'y a pas eu pour Victor Wembanyama sur le parquet de Cleveland dimanche, à l'heure où l'Amérique sortait de table pour déjeuner. Vingt-quatre minutes, et pas une de plus. A peine a-t-il pu gratter quelques secondes à la faveur d'arrêts de jeu tardifs. Le pivot français, une nouvelle fois battu avec son équipe des Spurs (5 victoires-32 défaites) a, comme à son habitude depuis bientôt trois semaines, alterné présences courtes sur le terrain et retour sur le banc. Une situation pas simple à gérer, en interne comme aux yeux du grand public.
Dimanche, les fans massés près de l'entrée du couloir des vestiaires ont pu voir, et entendre, Victor Wembanyama exprimer toute sa frustration dans un cri. C'est que San Antonio avait laissé échapper un nouveau match qu'il aurait pu gagner face aux Cleveland Cavaliers. Devant au score, les Texans ont laissé les locaux reprendre l'avantage avant de vendanger une dernière action qui aurait pu tout changer. Était-ce ce nouveau revers dans une saison catastrophique (mais attendue) qui a déçu le Français ? Probablement, mais en partie seulement.
J’ai appris à passer au-dessus de la frustration des limitations de minutes
"Je n’ai jamais eu autant faim de victoire et de compétition, mais j’ai appris à passer au-dessus de la frustration des limitations de minutes, a expliqué le Français, interrogé sur ce sujet brûlant en conférence de presse. C’est comme ça, mon corps a besoin de temps pour s’adapter à la charge et à la longueur de la saison." On savait que les Spurs seraient très prudents avec un joueur à l'alliage de qualité unique, ce qui signifie aussi qu’ils n’ont pas de précédent sur lequel s'appuyer.
picture

Victor Wembanyama a joué 26 minutes face aux Grizzlies, le 2 janvier 2024.

Crédit: Getty Images

C'est ainsi qu'ils lui avaient interdit de participer au dernier championnat du monde. C'est aussi pourquoi ils ont levé le pied dès la première alerte, à savoir une blessure à la cheville à l'échauffement avant le match contre Dallas. Le Français se sentait prêt à jouer ? Le staff, sportif et médical, a refusé. Et depuis, "Wemby" doit se contenter de 24 minutes par match, seuil fixé par les médecins de la franchise et auquel se tient un Gregg Popovich qu'il ne faut pas beaucoup pousser quand il s'agit de ménager ses hommes.
"Oui, il est frustré à cause de ses minutes, a récemment reconnu le gourou texan. Mais il est aussi suffisamment intelligent pour comprendre que ce qui nous intéresse, c'est le long-terme". Cette locution définit à elle seule toute la stratégie de la franchise aux cinq titres NBA (1999, 2003, 2005, 2007, 2014). C'est parce qu'elle voit loin qu'elle ne prend aucun risque avec son numéro un de la draft. A quoi bon prendre le moindre risque alors que la franchise ne s'attend pas à être compétitive avant, dans le meilleur des cas, la saison prochaine, et plus raisonnablement dans deux, trois voire quatre ans ?

Les Spurs sont dangereux avec Wembanyama

Dans un monde où une actualité en chasse une autre et dans lequel le sport ne déroge pas à la règle, prendre son temps semble contre-nature. Après chaque match de San Antonio ces dernières semaines, on débat ici ou là du temps de jeu de Wembanyama : 24 minutes contre Cleveland donc, 26 face à Milwaukee et Memphis, quand il avait forcé son entrée en jeu contre l'avis de son coach, 23 contre Boston…
A chaque fois, le même constat : les Spurs sont dangereux avec Wembanyama sur le terrain et pas loin d'être inoffensifs sans lui. Face aux Cavaliers dimanche, son équipe a engrangé un avantage de 17 points avec lui sur le terrain, concédant donc 19 unités d'écart quand il reposait sa cheville et son corps que les Spurs épient quotidiennement. "Tout mon corps sera examiné de temps en temps, toutes les deux semaines environ. C'est quelque chose que nous gardons sous les yeux. Nous ne pouvons pas nous tromper sur ça", dit "Wemby".

Un destin à la Robinson et Duncan ?

C'est qu'avec lui, San Antonio joue son avenir à moyen et long-terme. Historiquement incapable d'attirer des joueurs de renoms, la franchise s'est systématiquement appuyée sur la draft pour construire des effectifs champions. Les deux joueurs draftés par les Spurs en numéro un (David Robinson en 1987 et Tim Duncan en 1997) ont été champions (deux fois pour le premier, cinq pour le second). Si Wembanyama est, comme on l'imagine, de la trempe de ces joueurs-là, il sera un homme sur lequel bâtir un avenir doré. Tirer le premier choix de la draft est déjà rare mais tomber sur une cuvée avec un talent générationnel, c'est comme gagner au loto version NBA.
picture

Victor Wembanyama

Crédit: Getty Images

"Une fois que mon corps sera prêt, on ira à fond. Mais il n’y a pas de raison d’être frustré. Je garde mes objectifs à long terme en tête", philosophe encore Wembanyama. Même si la frustration, chez lui et chez les fans, existe, rien ne peut, jusqu'à présent, détourner les Spurs de leur ligne directrice. Après tout, le gamin n'a que 20 ans et la franchise fait tout ce qu'elle peut pour qu'il ait une longue carrière devant lui. A quoi bon gagner cinq matches de plus cette saison si le prix à payer est une fragilité structurelle dans la si talentueuse carcasse de Wembanyama ?
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité