Après les prolongations de Shai Gilgeous-Alexander, Chet Holmgren et Jalen Williams : le Thunder, 822 millions de dollars pour une dynastie ?
ParLoris Belin
Publié 11/07/2025 à 23:00 GMT+2
Après le gain de son premier titre NBA, le Thunder ne s'est pas laissé le temps de se reposer sur ses acquis. Oklahoma City s'est assuré de conserver son trio majeur, le MVP sortant Shai Gilgeous-Alexander, le All-Star Jalen Williams et l'intérieur Chet Holmgren avec des prolongations de contrat XXL. De quoi marcher sur la ligue pour des années… Non sans une vraie part de risque.
Jalen WIlliams, Shai Gilgeous-Alexander, Chet Holmgren, le "Big 3" du Thunder, ici contre les Minnesota Timberwolves le 22 mai 2025
Crédit: Getty Images
A Oklahoma City en 2025, on a conjugué le futur au présent. L'équipe la plus jeune de toute la NBA a réussi un coup fabuleux en remportant le titre avec seulement deux trentenaires dans son effectif. Le talent de ses jeunes pousses et une volonté de développer en interne les potentiels plutôt que de se construire à coup de trades de stars a payé. Désormais, ce présent se devait de penser au futur. A peine remis des célébrations du sacre, le Thunder est bien volontiers passé à la caisse pour prolonger son noyau dur Shai Gilgeous-Alexander - Jalen Williams - Chet Holmgren. Quoi de plus normal que de vouloir faire durer une équipe qui gagne ? L'histoire récente en NBA tend pourtant à penser qu'empiler les gros contrats n'est pas si souvent profitable dans la durée.
Évacuons tout de suite la moindre ambiguïté : resigner ce trio était une évidence absolue sur un plan sportif. Le Thunder a triomphé de ses rivaux de l'Ouest, puis des Indiana Pacers en finale grâce à son MVP Gilgeous-Alexander, auteur d'une saison exceptionnelle et meilleur marqueur de la ligue en 2024-2025 (32,7 points). Le Canadien est au sommet de son art, infatigable attaquant, provocateur hors pair par sa technique et son intelligence, doublé d'un très bon défenseur. Son lieutenant Jalen Williams est passé cette saison du rang de second couteau à celui de All-Star, parmi les meilleurs joueurs de NBA pas seulement en étant tracté par son coéquipier star. Quant à Holmgren, ses qualités défensives et sa marge de progression certaine en font un complément idéal pour qui veut rester aux sommets.
Un trio pas encore au pic de sa carrière
A respectivement 26 ans (27 le 12 juillet prochain), 24 ans et 23 ans, "SGA", "J-Dub" et Chet sont des (très) grands joueurs d'aujourd'hui qui n'ont pas encore atteint les plus belles années de leur carrière. Et forcément, cela se monnaie cher. L'addition est extrêmement salée :
- 285 millions de dollars sur quatre ans pour Shai Gilgeous-Alexander
- 250 millions de dollars sur cinq ans pour Chet Holmgren
- 287 millions de dollars sur cinq ans pour Jalen Williams
En à peine une semaine, le Thunder vient de s'engager sur une somme maximale de 822 millions de dollars pour s'assurer des services de son "Big 3" jusqu'en 2031. C'est, après tout, le rêve accompli à la perfection pour Sam Presti, le manager général de la franchise. L'architecte d'OKC n'a eu de cesse depuis 2008 de prôner le travail dans la durée avec des jeunes joueurs pour constituer ses équipes. Cela avait permis à la franchise de participer à sa première finale dès 2012, quatre ans seulement après sa relocalisation à Oklahoma City. A l'époque, les stars se nommaient Kevin Durant, Russell Westbrook et James Harden, tous dégotés lors de la Draft. Le Thunder était tombé sur un autre trio infernal, celui du Miami Heat mené par LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh, à la construction plus "factice" à la sauce "The Decision".
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James Harden, Russell Westbrook et Kevin Durant (Oklahoma City Thunder)
Crédit: Getty Images
Cette fois, Presti est allé au bout de ses idées, le titre à la clé. À une petite entorse près, Gilgeous-Alexander a été récupéré dans le cadre d'un échange alors qu'il n'avait passé qu'une seule saison en NBA chez les Clippers, qui avaient, eux, récupéré Paul George en sens inverse. Pour ce qui est de la maturation de cet effectif en revanche, il fut affaire de lente progression, de patience alors que les débuts de Holmgren en NBA avaient été repoussés d'un an suite à une grave blessure, et de très bons choix. Miser sur des jeunes joueurs particulièrement doués a eu le mérite de cimenter un projet tout en le rendant jusque-là bien peu onéreux, la cinquième plus faible masse salariale sur 30 équipes depuis 2020-2021. Ce sera désormais de l'histoire ancienne. Et si cela tombe sous le sens d'un point de vue du jeu, financièrement, ces prolongations de contrat rubis sur l'ongle ont des airs de pari.
Une masse salariale vers l'explosion
Par son actuel accord collectif en vigueur, la NBA et ses équipes ont limité la possibilité pour les équipes les plus riches de dépenser sans compter, et surtout sans sanctions. Les masses salariales sont encadrées, avec des paliers de restrictions, les "aprons". Jusqu'ici, le Thunder s'en tenait bien éloigné. Cela semble impensable désormais. En 2026-2027, saison où les nouveaux baux de Jalen Williams et Chet Holmgren débuteront, les projections voient le Thunder avec plus de 256 millions de dollars de masse salariale maximum, très au-dessus des 165,5 millions de dollars de "salary cap" envisagées par ESPN, malgré une nouvelle hausse durant la prochaine intersaison.
Le premier, puis le deuxième "apron" (fixés cette saison à 195,9 et 207,8 millions de dollars) seraient alors largement atteints, et leur lot de pénalités avec : plus de possibilité d'agréger plusieurs joueurs dans le cadre d'un échange, limitations pour signer un joueur coupé en cours de saison, ou pour utiliser des exceptions fiscales permettant de signer un joueur durant l'été, entre autres… A eux trois, Shai Gilgeous-Alexander, Jalen Williams et Chet Holmgren devraient peser autour des 160 millions de dollars en 2027-2028, première saison du nouveau contrat de "SGA".
Les Celtics, cas d'école parfait
Mettre autant d'oeufs dans un seul panier, qui plus est avec des contrats pleinement garantis pour les trois joueurs, c'est aussi s'assurer d'avoir bien plus de mal à garnir ledit panier. Les Celtics ont payé pour voir, avec des lignes de compte qui débordaient suite à leur quête du titre en 2024. Conséquence, Boston a dû se résoudre cet été à transférer ou laisser filer plusieurs cadres de l'effectif (Kristaps Porzingis à Atlanta, Jrue Holiday à Portland, Al Horford libre...) pour réduire la voilure et pouvoir tenir la distance autour de Jayson Tatum, Jaylen Brown ou Derrick White.
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Kristaps Porzingis et Jrue Holiday (Boston Celtics)
Crédit: Getty Images
Le Thunder avait un peu anticipé le coup, en glissant dans les contrats des joueurs gravitant autour de son noyau dur des "team options" lui permettant de mettre fin à la collaboration avec un peu d'avance, et libérer ainsi de la masse salariale. Isaiah Hartenstein, Lu Dort et Cason Wallace, titulaires réguliers, pourraient devoir aller voir ailleurs au terme de la prochaine saison. Idem pour Kenrich Williams, Nikola Topic (saison 2026-2027 en option), Isaiah Joe, Jaylin Williams, Ajay Mitchell ou le débutant Thomas Sorber (saison 2027-2028 en option). Pour conserver ses stars, OKC pourrait devoir se déplumer de la quasi-totalité de ceux qui les accompagnent.
Ne pas reproduire les erreurs de 2012
Sam Presti et les manitous du nouveau champion vont devoir se montrer sacrément malins pour rester au mieux dans les clous financiers tout en restant très compétitifs. Ils disposent pour cela d'une grande partie de leur trésor de guerre, des choix de draft glanés durant les saisons de reconstruction au nombre de 14 premiers tours lors des sept prochaines saisons. Des outils précieux pour récupérer de nouveaux jeunes joueurs bon marché et relancer de nouvelles cuvées d'ouailles à faire pousser, ou pour servir de monnaie d’échange dans de futurs transferts. Le Thunder doit également emménager dans un Paycom Center flambant neuf en 2028, qui devrait générer de nouveaux revenus conséquents.
Tout ceci n'aura alors de sens que si Oklahoma City parvient à confirmer que sa saison 2024-2025 n'était pas qu'un feu de paille. Au moins Sam Presti a voulu retenir les leçons du passé, quand en 2012, il avait refusé de donner un nouveau contrat juteux à James Harden, l'envoyant à Houston parce qu'il ne souhaitait pas payer de taxes pour avoir dépassé la masse salariale autorisée. Harden est ensuite devenu MVP de la ligue, et le Thunder n'était plus retourné en finale avant la saison passée. 822 millions de dollars plus tard, OKC espère avoir désormais fait le bon choix. C'est à ce prix que pourrait s'être bâtie une dynastie.
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