Comment un grand Kawhi Leonard peut tout changer pour les Los Angeles Clippers en playoffs

Kawhi Leonard est allé piocher dans les nombreux dossiers de son système central avant d’exécuter le fichier "jumpshot.exe." S’en sont suivis un enchaînement de tirs (et de paniers) sans broncher, avec une réussite tellement diabolique qu’elle en devenait robotique malgré le degré de difficulté extrêmement élevé de certaines de ses tentatives. Les Denver Nuggets n’ont rien pu faire et n’auraient de toute façon rien pu faire, si ce n’est le débrancher.

"Il nous a porté vers la victoire avec sa volonté", soulignait lundi Tyronn Lue après la démonstration de son protégé. Mais c’est un euphémisme. Le double champion NBA est de loin le plus grand artisan du succès des Los Angeles Clippers dans le Colorado lors du Game 2 (102-105) avec 39 points inscrits à 15 sur 19 aux tirs mais aussi 5 passes décisives.

Une performance dantesque motivée par l’urgence de la situation ainsi que l’envie de se racheter après un premier match terni par 7 pertes de balles du bonhomme et une défaite en prolongation de son équipe alors qu’elle semblait avoir le match en main. Il fallait être fort mentalement pour rebondir. Leonard l’a encore prouvé. Le simple fait qu’il soit là, en short et en maillot des Clippers à ce moment de la saison, témoigne de sa ténacité mentale. Parce qu’il y a plein de moments où il aurait pu abandonner. Fatigué par la charge mentale et physique de ses très nombreuses blessures et des longues périodes de rééducation qui les accompagnent.

Il n’a plus joué 70 matches sur une saison NBA depuis 2017 ! Depuis, tout un tas de pépin se sont accumulés. D’abord aux ischios, ce qui a entraîné d’une certaine manière son départ des San Antonio Spurs, puis aux genoux. Des galères à répétition et autant de désillusions avec Los Angeles, une équipe dont il n’a pas pu réellement défendre les couleurs en playoffs. Ou pas à 100%.

En 2021, alors qu’il vient de mener la franchise à ses toutes premières finales de Conférence, il se blesse à nouveau. Il n’a disputé que deux rencontres lors des campagnes de 2023 et 2024 avant de devoir quitter ses coéquipiers. La douleur et la gêne étaient trop fortes. C’est clair qu’il aurait pu abandonner, à 33 ans. Nombreux sont ceux qui ont arrêté d’y croire. Surtout après que Kawhi ait encore manqué tout le début de saison.

"Son plus grand talent, c’est qu’il comprend qu’il ne peut pas tout contrôler et il se concentre uniquement sur ce qui est en son contrôle. C’est un basketteur incroyable mais c’est sa dureté mentale et tout ce qu’il a traversé qui font de lui l’homme et le joueur qu’il est. Il trouve toujours une solution", confie son coéquipier Norman Powell.

Kawhi Leonard ne montre quasiment jamais ses émotions, et c’est pour ça qu’il est aussi souvent comparé avec humour à un cyborg. Mais derrière la carapace se cache un gars "qui aime encore plus le basket" qu’avant et qui se contente désormais des choses simples : "Je ne pourrais pas jouer comme je le faisais avant. Peut-être que je jouerai mieux. Ou pire. Peu importe. Je me concentre sur le présent. Je prends du plaisir et je vis avec les résultats."

Est-ce qu’il joue comme avant ? Non, peut-être pas. Mais cela faisait vraiment longtemps qu’il n’avait pas semblé aussi fort et en pleine possession de ses moyens, notamment physiquement. Aaron Gordon, pourtant un monstre athlétique, peine à le contenir. Jimmy Butler passait pour un joueur de faible gabarit lors d’un affrontement récent avec les Golden State Warriors. Leonard n’est peut-être pas aussi dominant qu’en 2019, quand il avait mené les Toronto Raptors au premier sacre de leur Histoire en réalisant des playoffs exceptionnels des deux côtés du terrain, mais il s’en rapproche.

Et ça change tout pour Los Angeles. Cette équipe était l’une des meilleures de la ligue sur la fin de saison, justement au moment où son ailier All-Star est sérieusement monté en puissance. Sur le papier, elle a tous les atouts pour aller loin : deux superstars, des joueurs de devoir de qualité, du tir, de la défense, un excellent pivot avec Ivica Zubac, des qualités athlétiques, de la création, de l’expérience, un super coach en la personne de Tyronn Lue et l’un des meilleurs assistants en NBA avec Jeff Van Gundy.

Mais pour vraiment aller tout au bout, elle aura besoin d’un Kawhi Leonard à son apogée. "On sait qu’avec lui, on peut gagner n'importe quelle série", assure Lue. Il est peut-être un peu trop tard pour ça. Mais mieux vaut tard que jamais. Et quoi qu’il arrive pour Los Angeles, même si les Clippers ne finissent pas champions, ils auront au moins pu vibrer autour d’un grand Kawhi.