NBA - Chez les Clippers, le pari anachronique de la vieillesse

"Qu'est-ce que l'âge ? Ce n'est qu'un chiffre, n'est-ce pas ?" Lawrence Frank, le président des opérations basket des Clippers, tente la boutade pour dédramatiser le sujet. L'autre franchise de L.A. pousse pourtant le bouchon un peu loin durant cette intersaison. Pour aller chercher leur premier trophée Larry O'Brien, les Californiens se sont en effet activés pour épauler Kawhi Leonard et James Harden. Avec un choix clair et affiché : l'expérience.

Sur le papier, les noms sont ronflants. Si Nicolas Batum a prolongé deux ans de plus ou que John Collins a été échangé avec Norman Powell, Brook Lopez, Bradley Beal et Chris Paul ont été recrutés. Des joueurs référencés dans le monde de la NBA qui ont déjà fait leur preuve depuis des années. Trois All-Star qui connaissent les lattes des parquets de la grande Ligue comme leur poche. Forcément, ça peut impressionner. Et donner envie d'y croire. Mais voilà, il y a la question de… l'âge.

La saison passée, les Clippers présentaient déjà l'un des effectifs les plus vieux de la NBA. Et alors que les deux leaders ne sont plus dans la force de l'âge - James Harden va avoir 36 ans en août et Kawhi Leonard affiche 34 ans -, ils ont choisi essentiellement des vétérans pour se renforcer cet été. Chris Paul affiche 40 ans, Brook Lopez 37 alors que Batum en aura aussi 37 en décembre. Et avec ses 32 ans, Bradley Beal fait presque office de jeunot dans l'effectif californien. A 28 ans, John Collins sera ainsi le plus jeune joueur de la rotation prévue des Clippers.

Après avoir échoué au premier tour face aux Nuggets lors des derniers playoffs (4-3), l'effectif est dense. Et de qualité. Ça ne fait aucun doute. Mais cette question d'âge a de quoi interpeller. Dans une saison aussi longue et éprouvante qu'un exercice NBA avec ses 82 matches de saison régulière avant de s'attaquer aux playoffs, cette formation de vétérans laisse songeur. Car elle semble presque anachronique dans la NBA actuelle.

Si des équipes ont réussi à faire mentir le poids des années pour aller au bout comme les Bulls de Michael Jordan en 1998 (32.14 ans de moyenne d'âge) ou les Mavs de Dirk Nowitzki en 2011 (31.54), un constat a sauté aux yeux la saison passée : la jeunesse est bienvenue pour lutter dans cette NBA. La finale entre les Thunder et les Pacers a ainsi soufflé un vent de renouveau, alors qu'OKC affichait 24.8 ans de moyenne d'âge et Indiana 25.8. Et cela peut s'expliquer par le rythme et le côté physique de la NBA moderne. "Nous pratiquons presque deux sports différents par rapport à il y a dix ans, tant le niveau d'engagement physique est différent", avait d'ailleurs tenu à noter Sam Presti, le GM du Thunder, après la victoire des siens.

Alors que Kawhi Leonard enchaine déjà depuis des années maintenant les saisons gâchées par les blessures, un enjeu sera alors crucial pour le prochain exercice des Clippers : le physique.  Avec une question : comment réussir à conserver tous ses vétérans en forme pour arriver au top durant les playoffs ? Un vrai challenge qui attend Tyronn Lue. Un coach qui va devoir pianoter au mieux pour parvenir à garder ses protégés frais le plus longtemps possible. "On aura probablement une rotation de 9 joueurs mais on a 11 joueurs de très grand talent, qui ont prouvé leur valeur. Même si j'adorerais que tous nos joueurs soient en bonne santé pendant 82 matchs, ce n'est pas réaliste", annonce déjà Lawrence Frank. Et là, dessus, on ne peut lui donner tort.