NBA - Cinq victoires pour commencer la saison et l'envie d'encore plus pour Victor Wembanyama et les San Antonio Spurs : "Ce n'est pas du hasard"

Un cri rageur, une libération. Il reste 14,6 secondes à l'horloge de ce Spurs - Heat et Victor Wembanyama hurle sa joie. Le Français est au sol, et pourtant, il sait que son équipe de San Antonio est en passe de réaliser quelque chose de grand jeudi. En provoquant la faute pour aller inscrire un dernier lancer-franc, "Wemby" a un peu plus sécurisé encore la victoire des siens, la cinquième en autant de rencontres dans ce début de saison NBA. Même pour une franchise historique comme les Spurs, c'est inédit. Ce match de saison régulière comme il y en a tant d'autres, a alors pris une autre dimension, par sa symbolique et son émotion. Ce n'est pas encore une qualification en playoffs, encore moins un titre. Mais c'est une page d'histoire que Wembanyama et ses coéquipiers ont écrit contre Miami.

Le public du Frost Bank Center texan pouvait bien exulter, chanter "MVP ! MVP !" à son chouchou français pendant qu'il scellait le sort de la rencontre. "À ce moment-là, j'ai l'impression que c'est comme un point d'exclamation, quand on a 99% de chances de gagner le match, a-t-il expliqué au sujet de son cri. Je me nourris simplement de cette énergie."

Une fois encore, le numéro un de la Draft 2023 s'est comporté en patron, calibre All-Star. Avec 27 points, 18 rebonds, 6 passes décisives et 5 contres, Wembanyama a copieusement noirci la feuille de statistiques. Il y ajouté quelques actions dont lui seul a le secret, comme ce contre sur Jaime Jaquez Jr, la main au sommet du carré blanc dessiné sur la planche. Ou le alley-oop asséné à peine moins haut sur une passe de Devin Vassell dans le deuxième quart-temps. "Vic' et moi, on fait ces passes lobées probablement chaque jour lors de nos séances de tir, a raconté l'ailier des Spurs en conférence de presse. On en est au point où on fait ça comme à l'entraînement. Il m'a littéralement demandé d'envoyer ce ballon sur la Lune, et il y était et a attrapé cette passe."

Wembanyama avait pourtant face à lui un autre All-Star en la personne de Bam Adebayo, sans doute l'adversaire qui a le plus mis le vice-champion olympique de Paris en difficulté depuis le début de cet exercice (31 points, 10 rebonds). San Antonio était parvenu à éteindre le Heat dans le troisième quart-temps (14 points encaissés seulement) avant de subir un 17-1 qui a complètement relancé la fin de match. Insuffisant toutefois pour freiner des Spurs en mission.

"C'est génial parce que c'était un match difficile et ça fait du bien d'avoir ce soulagement et de vivre ça avec les fans, a réagi "Wemby". Je pensais au bilan de 5-0, à l'histoire des Spurs, et j'étais simplement fier d'être un Spur à ce moment-là."

Une marque aussi tôt dans la saison peut paraître très anecdotique. Mais pas dans une franchise qui a connu l'entraîneur avec le plus de victoires de toute l'histoire de la NBA avec Gregg Popovich, ou le trio avec le plus grand nombre de succès, Tim Duncan, Tony Parker et Manu Ginobili. Ces cinq victoires et ce qu'elles représentent en disent long sur l'envie affichée par Victor Wembanyama, qui a toujours affiché sa volonté une marque sur le jeu et sur sa franchise. "On en a parlé toute la journée, on se disait 'on doit le faire', donc je suis heureux que nous y soyons parvenus" a confirmé l'arrière Stephon Castle, très bon lieutenant jeudi soir.

Dans un match joué à un rythme effréné contre un adversaire à l'attaque imprévisible depuis le début de saison, Wembanyama a tenu bon pendant 40 minutes de jeu. Le signe que ses ennuis de santé et sa thrombose veineuse subie la saison dernière semblent bien être de l'histoire ancienne, et que son labeur de l'intersaison porte ses fruits. "Ce sont des années de travail que vous voyez là, assurait-il micro à la main, entouré de ses coéquipiers juste après la rencontre. Atteindre la maturité pour obtenir des victoires concrètes, devant nos fans, c'est génial. Ce n'est pas du hasard, on n'a pas eu ces cinq victoires pour rien. On a travaillé pour ce bon début de saison et on va essayer d'étirer la série le plus longtemps possible." "C'est une longue saison. 5-0, c'est un début historique, mais cela ne nous rend pas satisfaits ou suffisants" a insisté Devin Vassell.

L'appétit vient en gagnant. Et les Spurs peuvent légitimement avoir l'ambition qui grossit autant que les yeux avant le ventre. D'autant que le calendrier pourrait leur être favorable avec deux jours de repos puis deux rencontres face aux Suns (une victoire en cinq matches) et aux Lakers, qui pourraient encore être privés de Luka Doncic et LeBron James. "On est là où l'on veut être, prévient Wembanyama. On aime ça ! C'est plus facile d'aller se coucher, de venir à l'entraînement, de s'entraîner dur quand on gagne, c'est un cercle vertueux."

San Antonio évolue pourtant depuis le début de saison sans De'Aaron Fox, l'autre star de l'équipe, recrutée en cours de saison dernière pour faire passer un cap à cette équipe. Jeremy Sochan, pion essentiel de l'équipe ces trois dernières saisons est lui aussi à l'infirmerie. Et les renforts récupérés lors de la saison des transferts cet été pour soulager Victor Wembanyama à l'intérieur, Luke Kornet et Kelly Olynyk, sont eux aussi absents. "Je l'ai déjà dit, si OKC peut gagner un titre en étant aussi jeunes qu'ils l'étaient la saison dernière, alors nos gars peuvent faire du grabuge" a estimé au buzzer Sean Elliott, ancien joueur des Spurs désormais analyste pour le diffuseur local des Spurs.

Outre ce record pour un début de saison, ces cinq victoires consécutives sont une première depuis six ans et demi (!!!), entre le 27 février et le 18 mars 2019. 2018-2019, comme la dernière saison à laquelle les Spurs ont participé aux playoffs, l'objectif affiché par Victor Wembanyama et les siens.