La révolte des grognards

Bercy et la fête des trentenaires. Dans un championnat dominé par les vedettes américaines, Aymeric Jeanneau et Laurent Foirest, côté Asvel, et Laurent Sciarra,côté Orléans, auront encore une belle carte à jouer dans l'acquisition du titre de champion de France à Paris samedi. Lors des demi-finales le week-end dernier, les trois ont prouvé que le basket français pouvait, lui aussi, compter sur des tueurs de sang-froid, capables de faire basculer un match à eux seuls.

A Villeurbanne, ils s'y sont mis à deux pour envoyer un autre glorieux ancien, le Nancéien Cyril Julian, à la retraite. Invisibles pendant les trois quarts du match, Jeanneau et Foirest sont sortis de leur boîte à six minutes de la fin, lorsque tout semblait perdu et que Nancy menait 56-46. "Au dernier temps-mort, raconte leur entraîneur Vincent Collet, j'ai demandé à mes joueurs de prendre leurs responsabilités au lieu de se refiler la patate chaude. Aymeric a enclenché, Lolo a continué derrière et c'est comme ça qu'on a pu inverser le cours du match. C'est la marque des grands joueurs."

Les deux internationaux ont commencé par mettre deux paniers primés de suite avant d'enchaîner sur d'autres magies, dont un missile phénoménal de Foirest, pour finir sur 14 points cumulés (sur 18 au total) dans le dernier quart-temps. "On a de la chance de l'avoir" , souligne Jeanneau au sujet de Foirest, 35 ans, vice-champion olympique à Sydney et 150 sélections en bleu, que Collet "souhaite ardemment" avoir avec lui cet été en équipe de France.

Mais Jeanneau, auteur notamment d'un excellent Mondial-2006 avec les Bleus, a au moins autant de responsabilités dans le succès des siens. A 30 ans, il a déjà connu l'effervescence d'un titre à Bercy, avec Strasbourg en 2005, comme Foirest avec Pau-Orthez un an plus tôt. Ils y retrouveront samedi prochain un autre vice-champion olympique, l'inoxydable Laurent Sciarra, bientôt 36 ans, qui ne dirait pas non à un deuxième titre de champion après celui décroché avec Paris il y a... douze ans.

Samedi face au Mans, Sciarra aura vécu un match étonnamment similaire à ceux de Jeanneau et Foirest. Muet au début malgré une belle activité au rebond (9), le meneur de jeu orléanais a marqué ses huit points dans les deux dernières minutes. Il a d'abord permis à son équipe de creuser l'écart (55-46) sur un panier primé... comme Jeanneau et Foirest. Il est resté ensuite stoïque dans les dernières secondes sur la ligne des lancers francs (5 sur 6) pour contenir les derniers assauts du Mans. "Profitons-en car les saisons ne sont pas toujours aussi belles", a-t-il commenté en vieux sage. Samedi pour la finale du championnat, les trois grognards auront sûrement encore leur mot à dire... Car l'expérience pourrait encore faire la différence...