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Les huit moments qui ont fait la rivalité Pau-Limoges

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 09/11/2013 à 00:34 GMT+1

S'ils ne font plus la pluie et le beau temps au sommet du basket français, le Limoges CSP et l'Elan béarnais, qui s'affrontent samedi à Pau (15h), continuent d'entretenir une rivalité à nulle autre pareille.

2013 Pro A Pau Limoges Montage

Crédit: Eurosport

1986: ET UNE FRACTURE, UNE !

Comment nait une rivalité? Sur quelle base? Dans le cas de Limoges et Pau, on peut probablement situer, sinon le début de la rivalité, en tout cas de la forte inimitié entre les deux clubs, au milieu des années 80. A l'époque, le CSP et Orthez (qui n'est pas encore Pau-Orthez, il faudra attendre le début des années 90 pour cela) sont déjà au sommet du basket français. Ils se tirent la bourre. Sans pour autant se vouer une haine particulière. Il faut même se souvenir qu'en 1984, lorsque Orthez a remporté la Coupe Korac en succédant au palmarès au CSP, vainqueur des deux éditions précédentes, le public limousin réserva une belle ovation aux Béarnais lors de leur venue à Limoges. Freddy Hufnagel, lui, avait publiquement souhaité la victoire du CSP lors de la Korac 1982. Futur journaliste à L'Equipe, Jean-Luc Thomas travaille alors au Populaire du Centre, pour le compte duquel il suit le CSP. En 1985, il qualifie encore les deux clubs de "frères ennemis, mais davantage frères qu'ennemis".
Bref, rivaux, oui. Mais pas plus que ça. Reste que l'émergence d'Orthez face à l'ogre limougeaud donne une nouvelle dimension au championnat. Le club de la toute petite ville béarnaise (8000 habitants) se sent comme dans la peau d'un Astérix face à l'Empire. Pierre Seillant, président du club depuis 1967, joue habilement sur ce sentiment. Et à mesure que la rivalité sportive s'amorce, les tensions vont finir par suivre. Le 15 février 1986, le CSP reçoit l'Elan à Beaublanc. Limoges survole la rencontre mais après le match, dans les couloirs, Mike Davis et Benkali Kaba se battent. Paul Henderson tente de s'interposer mais prend au passage une… chaise lancée par Kaba ! Résultat, fracture du nez et direction l'hôpital pour une opération. Même s'il s'agit d'un contentieux entre deux joueurs, à compter de ce jour, l'exacerbation des sentiments entre Béarnais et Limousins ne s'arrêtera plus.

1987 : BAGARRE DE RUE A LA MOUTETE

Si l'année 1986 s'est donc avérée chaude, ce ne sera rien, mais alors vraiment rien, à côté de la finale du Championnat de France 1987. Pour la première fois, la LNB tout juste naissante décide d'instaurer un format playoffs. Le titre se joue donc au meilleur des trois matches, entre Orthez et Limoges. Le CSP s'impose à domicile à l'aller. Mais il n'a pas l'avantage du terrain. Pour reprendre le titre (Orthez est champion sortant), il doit s'imposer à la Moutète. Lors de la deuxième manche, une vraie bagarre de rue éclate à quatre minutes de la fin de la première période. La faute à qui? A Kea, justement, assure Pierre Seillant, le président béarnais. 26 ans après, la mauvaise foi des uns et des autres reste tenace. Les Limougeauds vous diront que le coup de coude de Paul Henderson a mis Clarence Kea hors de lui. Pour Orthez, pas de doute, Kea est l'unique responsable. En tout cas, le massif pivot limougeaud se retrouve au cœur de la mêlée, d'abord avec Henderson, ensuite avec Kaba. Oui, Henderson et Kaba, comme un an plus tôt. A partir de là, ça brasse dans tous les sens. Seillant rentre même sur le parquet pour tenter de séparer les joueurs. Enfin, il essaie surtout de neutraliser Kea. Sacrée challenge. La légende veut que le président ait attrapé le taureau du CSP par les… parties. Anecdote invérifiable évidemment. A l'époque, l'image fait mauvais genre pour le basket français. Mais elle va sceller, de façon définitive, un pacte entre ces deux clubs qui, dès lors, vont se jurer une éternelle inimitié. Et chacune de leurs retrouvailles, sur les fondations de cette baston, possèdera un goût incomparable.

1987: LA CLASSE D'HUFNAGEL

Il suffit de se projeter seulement deux jours plus tard pour trouver le temps fort suivant entre les deux clubs. Après le bouillantissime match 2, le titre se joue 48 heures plus tard à la Moutète. La Moutète, pour ceux qui n'ont pas connu, ce n'était pas une salle. Pas même un gymnase. C'est un marché couvert, une sorte de grand hangar, transformé en terrain de basket pour les besoins du club local. La semaine, ça sent "bon" la volaille et la viande. Les jours de match, on peut encore distinguer des traces de fiente de canard en certains endroits. Jean-Michel Sénégal, le meneur de Limoges au début des années 80, avouera même un jour en avoir "marre de joie sur du caca d'oie". Indigne du haut niveau en train d'émerger doucement, la Moutète n'en reste pas moins un lieu mythique du sport français. C'est ici que les plus grands d'Europe se prennent les pieds dans le tapis lors de la saison 1986-87, du Real Madrid à Kaunas en passant par le Maccabi Tel-Aviv ou Milan. Orthez remporte ses cinq matches à domicile dans la poule finale et termine troisième, aux portes de la finale européenne.
Pour Orthez, jouer à la Moutète, c'est donc un avantage colossal. Pour l'adversaire, c'est un traquenard, un cauchemar. Dans ces premiers playoffs de l'histoire, aller jouer le titre sur un dernier match à la Moutète, ce n'est pas une sinécure pour Limoges. La tension est un peu retombée après l'embrouille de l'avant-veille. Le match, lui, est beaucoup plus accroché que les deux précédents. Il se joue même au couteau. Richard Dacoury plante un panier à trois points qui permet au CSP de prendre un point d'avance à 10 secondes de la fin. Le panier du titre? Non. Freddy Hufnagel, meneur et leader emblématique d'Orthez, mène un rush désespéré et cherche la faute. Il l'obtient, au grand dam des Limougeauds. Y avait-il faute? "On est chez nous, ça pouvait passer. Le gars siffle ou ne siffle pas. Là, il a sifflé", raconte Hufnagel. Reste encore à mettre ces deux lancers. Avec un formidable sang-froid, Freddy fait ficelle. Deux fois. Orthez s'impose (82-81) et conserve son titre. "Mettre des lancers, je le fais tous les jours à l'entraînement. C'est mon boulot. C'est lié à la classe intrinsèque du joueur", conclut Hufnagel. Du 15e degré évidemment, quand on connait le côté boute-en-train du bonhomme. N'empêche que, dans ce contexte, il fallait une âme de champion pour rentrer ces deux lancers.

1987: LA SAVOUREUSE REVANCHE DU CSP

Après la douloureuse page de la finale 1987, le CSP part en reconquête. Avec un effectif stable mais un changement de taille: l'arrivée de l'ailier américain Don Collins à la place de son compatriote Paul Thompson. Limoges, mécanique implacable, va tout balayer, signant un triplé historique: champion de France, vainqueur du Tournoi des As et de la Coupe des Coupes. Petit plaisir au passage, Limoges bat quatre fois sur quatre l'Elan béarnais. Deux fois en saison régulière, et deux fois en demi-finale. Le plus savoureux de ces succès, l'équipe de Michel Gomez l'obtient à la Moutète, en saison régulière. Pour son retour en Béarn quatre mois après la finale perdue du printemps précédent, le CSP s'impose 99-98 après avoir été mené 98-91 à 1'40" de la fin du match. Deux paniers à trois points de Dacoury et Collins puis le shoot de la victoire pour Clarence Kea. Une victoire en forme d'exorcisme pour le club limousin.

1992: LA PROMESSE TENUE DE PIERRE SEILLANT

Pau grandit, mais Pau ne gagne plus. L'Elan de Pierre Seillant a quitté la Moutète pour un flambant neuf Palais des Sports et Orthez s'est marié avec Pau. Mais il n'a plus goûté au titre depuis la fameuse finale de 1987. Lorsque Limoges vient fêter son triomphe à la Moutète en 1989, l'affront est total. Pierre Seillant fait alors cette promesse: reprendre le titre, et le décrocher face à Limoges. Il faudra trois ans pour que sa volonté soit faite. En 1992, le CSP et l'Elan se font à nouveau face en finale. Période de transition, pour Limoges. Boja Maljkovic est arrivé en cours de saison. Ostrowski est sur le départ. La mécanique paloise est beaucoup mieux huilée, avec à la baguette Michel Gomez, passé à l'ennemi sur le banc. Pau s'impose logiquement en deux manches. Seul (petit) bémol pour Seillant, son équipe est sacrée à domicile, pas à Beaublanc. Mais ça ne gâchera pas son plaisir. Ses joueurs ont enfin tenu sa promesse. Puis il sera exaucé en 1998, lors de l'ultime finale Pau-Limoges. Cette fois, l'Elan, à nouveau sacré en deux manches, aura le plaisir ultime de célébrer son triomphe sur le parquet du frère ennemi.

1993: LE SOMMET DU BASKET FRANÇAIS

Le plus beau duel jamais livré par les deux clubs et l'âge d'or du basket français. Le CSP, fort de son extraordinaire saison, vient d'être sacré champion d'Europe en battant en finale le Trévise de Toni Kukoc. Pau-Orthez n'est pas mal non plus. L'Elan a atteint les quarts de finale de la compétition européenne. C'est donc un choc, un vrai, qui vient clôturer cette saison 1993. Avec, cerise sur le gâteau, la première finale de l'histoire au meilleur des cinq manches. Une vraie, grande finale, qui prend toute sa dimension au Palais des Sports de Pau. Limoges domine nettement les deux premières levées à Beaublanc, avec un festival offensif (84 points, dont 32 de Michael Young) inhabituel pour la bande à Boja dans le deuxième match. A Pau, il y aura tout ce qu'il faut d'engagement, de suspense et de polémiques (un doigt de Tony Farmer aux supporters limougeauds, un accrochage Demory-Forte…) pour donner à cette confrontation la dimension qu'elle mérite. A l'orgueil, l'Elan empoche le match 3, malgré un panier à trois points synonyme de prolongation de Jim Bilba. Panier finalement refusé par les arbitres. Et une polémique, une. Mais Limoges aura le dernier mot en remportant le quatrième match (64-68). Au cours de cette saison historique, Limoges a disputé 37 matches en Championnat de France, phase régulière et playoffs compris. Bilan: 35 victoires, deux défaites. A Pau, évidemment…

2000: LE CSP, DU PRECIPICE A L'EXPLOIT

Quatre ans. 58 matches. L'Elan Béarnais a fait de son antre une forteresse imprenable depuis le 3 février 1996 lorsque le CSP se pointe en ce début d'année 2000. Un CSP au bord de la faillite. Le club, rattrapé par les errements d'un passé pas si lointain, est menacé de disparition. Il déposera d'ailleurs le bilan une fois l'été venu. Le début d'une descente aux enfers dont il est toujours en train d'essayer de se relever, 13 ans après. Mais cette équipe-là, menée par le coach Dusko Ivanovic, digne héritier de Boja Maljkovic, refuse, lui, de mourir. Au contraire. Elle trouve dans cette situation extrême un moyen de se souder, dans le sillage de son capitaine Yann Bonato. Lorsque les Limougeauds débarquent à Pau, ils viennent de remporter cinq matches, toutes compétitions confondues. Le début de quelque chose de fort, de très fort.
Le match à Pau va agir comme un catalyseur, un véritable acte fondateur. Au cœur de la seconde période, Pau mène pourtant confortablement (52-40), mais un 14-2 en trois minutes ramène le CSP. Puis, à dix secondes de la fin, Marcus Brown, auteur de 28 points, claque le panier de la victoire (61-63). Coup de poignard pour l'Elan, et victoire historique pour le CSP. Sans doute une de ses plus belles à Pau. La veille, presque médium, Pierre Seillant, le président palois, avait eu ce mot: "à la limite, je me demande si ce ne serait pas mieux que cette invincibilité à domicile s'arrête face à Limoges que contre une équipe de moindre calibre." Une façon, aussi, de souligner le respect que ces deux géants se portent, sans se l'avouer. En réalité, ils se respectaient autant qu'ils se détestaient. C'est dire s'ils se respectaient…

2010 : LES DEUX (ANCIENS) GÉANTS A BERCY

Le buzz généré par le "choc" nostalgico-historique de samedi montre bien à quel point Pau-Orthez et Limoges n'ont pas été remplacés. C'est un aveu d'échec pour le basket français de clubs. Même s'il y a bien longtemps que les enjeux ont perdu de leur valeur, toutes les retrouvailles entre les deux géants valent le détour. Comme à Bercy, en 2010. C'est une finale. De Pro B, certes, seulement. Mais quand même. Les deux clubs sont assurés de remonter dans l'élite. C'est même Pau, promu par sa domination en saison régulière, qui a validé le ticket du CSP en se qualifiant pour la finale. Si l'enjeu est anecdotique, la symbolique est forte. C'est la première finale entre Pau et Limoges au XXIe siècle. Elle sera à sens unique, l'Elan s'imposant nettement (78-62).

ET AUSSI…

En 1994, nouvelle scène tendue à Beaublanc. Franck Butter et Marcus Webb en viennent aux mains et il faut carrément l'intervention… de la police pour séparer tout le monde.
La finale de la Coupe Robert Busnel 1995, match somptueux et acharné, remporté à Toulouse par le CSP en prolongation (84-83).
La même année, quelques semaines plus tard, Pau prendra une éclatante revanche en sortant le CSP en demi-finales du Championnat. Privé de Michael Young, gravement blessé au genou, Limoges s'éteint lors de la belle à Beaublanc.
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