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Fourcade : "Je ne continuerai pas un an de plus juste pour battre le record de Bjoerndalen"

Laurent Vergne

Publié 06/04/2018 à 14:47 GMT+2

Martin Fourcade rêve de vacances. Elles sont prévues pour ce mois d'avril. Mais le septuple vainqueur de la Coupe du monde pense aussi à la suite. Après avoir annoncé qu'il prolongeait sa carrière au moins jusqu'en 2020, il va s'attaquer à de nouveaux défis. Mais pas forcément ceux qu'on imagine. Chasser le record d'Ole Einar Bjoerndalen n'est, par exemple, pas dans ses priorités.

Martin Fourcade + Ole Einar Bjoerndalen = 69 médailles aux Championnats du monde et un total de 164 victoires.

Crédit: Eurosport

Au repos, mais pas encore en vacances. Au bout d'une saison fructueuse mais éreintante, Martin Fourcade a bouclé son hiver triomphal il y a moins de deux semaines. Mais la tournée médiatique qu'il effectue depuis, conjuguée à ses obligations auprès de ses divers partenaires (comme ce vendredi, où il était présent à Paris pour présenter la MGEN Académie, structure qui accompagne de grands espoirs du sport français et dont il est le parrain), lui imposent un dernier effort avant de partir en famille au soleil à la mi-avril.
Croyez-le ou non, mais bien gérer cette période de latence entre la fin de l'hiver et la reprise du travail dès le mois prochain, c'est aussi le meilleur moyen de préparer les succès futurs. "Là, tout de suite, j'ai besoin j'ai besoin de couper, de me reposer, et c'est ce que j'avais mal fait après les Jeux de Sotchi en 2014 et qui m'avait mené à une saison un peu compliquée en 2015, explique le numéro un mondial du biathlon. J'ai vraiment envie de repartir début mai avec des batteries rechargées en ayant fait le plein de repos."
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Martin Fourcade avec ses Globes - 2018

Crédit: Getty Images

Ce n'est pas à moi de choisir l'encadrement de l'équipe de France
Martin Fourcade ne partira toutefois pas avec l'esprit totalement libéré. Dans un petit coin de sa tête, sur la plage, le biathlon sera là, puisqu'il s'apprête à ouvrir une nouvelle partie de sa carrière suite au départ de Stéphane Bouthiaux, l'entraîneur de l'équipe de France masculine. "C'était mon entraîneur depuis mes années juniors, donc forcément, du point de vue relationnel, c'est compliqué de le voir partir. Mais il m'a consulté, ce n'est pas une décision unilatérale et on sait tous les deux que ça va beaucoup nous apporter. Pour moi, ce sera un vent de fraicheur."
Le quintuple champion olympique aurait aimé partir en vacances en connaissant le nom du successeur de Bouthiaux, mais il ne se fait pas d'illusions. "Bien sûr, j'aimerais que ça se fasse le plus vite possible, admet-il. Mais je connais les contraintes de la DTN, celles de l'organisation du système fédéral dans son ensemble. Il me parait compliqué de partir en vacances l'esprit complètement serein et fixé sur ce que sera la suite." Le nouveau patron sera-t-il adoubé par le taulier de la maison bleue ? Oui et non, résume Fourcade :
Ce n'est pas à moi de choisir l'encadrement de l'équipe de France. Je ne tiens absolument pas à avoir un rôle décisionnaire. En revanche, avec mon vécu et mon expérience, j'ai des requêtes à faire. On échange beaucoup avec la Direction technique nationale, j'ai discuté avec le DTN Fabien Saguez et comme toujours j'ai eu une écoute très attentive de sa part, pas sur le choix du nouvel entraîneur en tant que personne mais sur ce que moi et l'ensemble du groupe nous pouvons attendre lui.

2022, horizon incertain et lointain

Mais la transition devrait s'opérer en douceur. A l'aube de la trentaine, Martin Fourcade se connait par cœur et, d'un point de vue affectif, le départ de Stéphane Bouthiaux est incomparable avec celui de Siegfried Mazet, le responsable du tir, qui avait quitté les Bleus au cœur de l'Olympiade pour rejoindre l'équipe de Norvège, ce que le leader tricolore avait vécu comme une trahison. Rien de tel cette fois. C'est donc en souplesse que cette nouvelle organisation devrait se mettre en place.
De quoi permettre au glouton des Pyrénées de se projeter assez vite sur les deux prochaines années, puisqu'il a annoncé qu'il prolongeait sa carrière "a minima" jusqu'en 2020, soit à mi-chemin entre Pyeongchang et Pékin. "2022, c'est loin", répète-t-il, même s'il ne s'interdit rien. Mais en deux ans, il a déjà de quoi relever quelques défis à sa hauteur. Il a toujours fonctionné ainsi, et au sortir de cette campagne 2017-2018, sa plus grande satisfaction est d'avoir coché toutes ses cases.
"J'avais trois gros objectif cette saison, et c'était la première fois, souligne-t-il. D'habitude, je ciblais une priorité. En 2014 c'était Sotchi, en 2015 je voulais absolument la Coupe du monde, en 2016 c'était surtout les Mondiaux… Là, j'avais trois grands objectifs : les Jeux bien sûr, l'étape de Coupe du monde au Grand-Bornand, et un 7e gros globe de cristal. Ma plus grande fierté, c'est d'avoir pu répondre présent sur ces trois échéances."
Le record de Bjoerndalen ne dictera pas ma carrière
L'an prochain, il lorgne particulièrement les Championnats du monde à Ostersund, un site qu'il affectionne tout particulièrement. Il y a aussi les objectifs que d'autres fixent pour lui, comme ces 95 victoires d'Ole Einar Bjoerndalen, record longtemps jugé intouchable. Fourcade en est à 74. "Déjà, pour l'instant ça me semble très loin, sourit le Français. J'ai 74 victoires, Bjoerndalen 95. Donc 21 victoires, ça peut paraitre peu pour certains (NDLR : il en compte 26 sur les deux dernières saisons) mais pour connaitre la difficulté d'en gagner une, 21, ça me parait immensément loin."
Surtout, ce n'est pas, pour le coup, une ambition personnelle. Les records n'ont jamais agi comme un moteur, et ça ne commencera pas maintenant. "J'espère m'en rapprocher le plus possible, mais en soi, ce n'est pas un objectif, clame-t-il encore. Ce n'est jamais ce qui m'a poussé et j'ai vraiment répété tout au long de ma carrière que je ne me battais pas pour battre des records et écrire l'histoire. Bien sûr, quand je bats un record, c'est un plaisir immense, mais ce n'est pas un moteur."
N'allez donc pas croire qu'à mesure qu'il s'en approchera, cela impactera sa décision de rempiler au-delà de 2020 ou non. "Le record de Bjoerndalen, ce n'est pas quelque chose qui dictera ma carrière, ça c'est certain, confirme-t-il. Si dans deux ans, je suis à 94 victoires en fin de saison, et que je ne me sens plus l'envie de continuer, je ne continuerai pas un an de plus juste pour battre le record de Bjoerndalen." Ce serait dommage, mais s'il est un homme de défis, Fourcade est aussi un homme de principes.
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