Holmenkollen - Plus qu’une victoire pour la France, un chef d’œuvre collectif

En relais mixte, les boss, ce sont les Bleus. Cette phrase aurait pu être sacrément audacieuse ne serait-ce que quelque mois auparavant mais, cette saison, elle coule de source. Déjà vainqueure dans l’exercice à Östersund en début d’hiver, l’équipe de France s’est offert un deuxième succès en Coupe du monde à Holmenkollen, quelques semaines après son titre mondial historique décroché à Nové Mesto.

Mais, plus que la victoire, remarquable en soit, c’est la manière qui a bluffé ce dimanche en Norvège, dans le sillage d’une Julia Simon encore une fois incroyable. Première relayeuse, une rareté pour elle, la championne du monde de sprint et de poursuite a très vite donné le ton, sur les skis comme sur le pas de tir (10/10) pour mettre la France dans les meilleures dispositions possibles.

"On l'a tout de suite senti dans son regard, son attitude, explique notre consultante Florence Baverel. Elle était frustrée après ses courses individuelles et a parfaitement réagi en prenant le relais à sa main. Elle l’a lancé de la meilleure des façons. Et en faisant ainsi, elle a mis tout le monde à l'aise avec beaucoup d'avance". Plus de 30’’ pour être exact. Soit quasi l’avance sur la ligne d’arrivée de Quentin Fillon Maillet, qui s’est certes relevé dans le dernier tour. Mais encore fallait-il parvenir à rester au niveau tout au long du relais, l’un des rares points d’interrogation du relais français du jour. En l’absence d’Emilien Jacquelin et Lou Jeanmonnot, alignés sur le relais mixte simple, mais aussi de Justine Braisaz-Bouchet, laissée au repos, ce sont deux titulaires et la troisième fille principale qui étaient absentes. Mais, franchement, ça ne s’est pas vu.

Deuxième relayeuse, Sophie Chauveau a laissé derrière elle ses démons du relais féminin des Mondiaux (3 pioches et un tour de pénalité au couché comme au debout) avec beaucoup de sérieux derrière la carabine (1 pioche), parvenant à résister à Lisa Vittozzi et Elvira Öberg pour conserver l’écart créé par Julia Simon. Il en a été de même pour Fabien Claude, pourtant opposé à un Jesper Nelin en feu (3e de la mass-start samedi) et à un Tarjei Boe toujours aussi solide. "Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aligné dans un relais donc ça fait plaisir, expliquait-il sur L’Equipe. Depuis Nové Mesto l’an dernier, j’étais plutôt habitué aux mixte simple donc c’est cool de gagner en équipe".

"Ça a été un super relais de la part de toute l’équipe, expliquait Fillon Maillet au micro de la chaine L’Equipe. Ça ne tire pas très bien depuis le début de la semaine mais on a construit des tirs qui étaient bons, la forme en ski était bonne… Franchement, ça a été une belle course, on a été devant de A à Z". Le Jurassien a pourtant joué à se faire peur sur le dernier relais, en voyant le retour après le tir couché de Tommaso Giacomel, pas le moins fort du circuit en qualité de dernier relayeur. "Je ne sais pas s'il était fort, ou si ce sont les autres qui ont mal géré le dernier tir debout mais heureusement pour la France, parce qu'on sentait que Quentin était limite physiquement, analyse Florence Baverel. Mais il s'en est bien sorti sur le dernier tir. Autant sur le tir couché, on l'a senti fébrile et pas en confiance, très nerveux, autant sur le debout il ne s'est pas affolé pour mettre cette pioche". Une analyse partagée par Fillon Maillet lui-même.

"Mes coéquipiers ont fait du très bon travail, il fallait finir le travail, j'avais la pression sur le dernier tir debout", admet le Tricolore, qui n’a pas craqué au contraire de tous ses adversaires. Et la France, comme aux Mondiaux, a régné sur le relais mixte. Une habitude pour les Bleus qui ont remporté trois des quatre courses de la saison dans la discipline. Les rois du monde, purement et simplement. Même sans être complet. Et c’est aussi ça la force d’un tel collectif.