Coupe du monde de biathlon : Lenzerheide, un acte de renaissance historique pour Justine Braisaz-Bouchet

ParFabien Esvan

Mis à jour 17/12/2023 à 18:14 GMT+1

Un récital. Le mot est plutôt approprié pour qualifier la performance majuscule de Justine Braisaz-Bouchet sur cette semaine de compétition à Lenzerheide. Impériale sur la piste suisse, celle des Mondiaux 2025, la Française a envoyé un sacré message au reste du plateau. Forte du triplé sprint-poursuite-mass start, elle s'est aussi permis d'écrire un pan de l'histoire du biathlon au passage.

Un dimanche historique : Revivez la course parfaite de Braisaz-Bouchet

Il y avait elle et les autres cette semaine à Lenzerheide. Pour la troisième fois en autant de sorties sur la piste helvète, Justine Braisaz-Bouchet a levé les bras. Après avoir dompté le sprint jeudi et la poursuite samedi, la Savoyarde a mis le bleu de chauffe pour remporter la mass start devant les soeurs Oeberg. Avec le maillot jaune de leader de la Coupe du monde en guise de cadeau de Noël au passage.

De retour sur les skis après sa parenthèse maternité, la championne est plus apaisée que jamais. Ce sont même ses mots après chaque course depuis le début de la saison. Ils prennent une toute autre saveur après ce triptyque de Lenzerheide où elle a rayonné sur les skis et sur le pas de tir. C'est cette nouvelle formule qui permet à la Tricolore de briller.

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Lenzerheide

Braisaz-Bouchet, un triplé pour l'histoire : le résumé long format de la mass start de Lenzerheide

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17/12/2023 à 19:35

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Un 20/20 pour assurer un fantastique triplé : le finish de la mass-start parfaite de Braisaz-bouchet

Maternité, déclic mental et modèle de sérénité

Cette nouvelle sortie est à l'image de la veille. "Elle a son plan, elle vient de dérouler. C'est impressionnant comme elle est impassible", répétait Loïs Habert sur le plateau de Chalet Club ce dimanche. La championne parvient à puiser dans ses ressources pour rester au top. "C'était une journée difficile. J'étais vraiment fatiguée, alors je me suis concentrée à faire des tirs propres. Je me sentais plutôt détendue au début et ça a payé", a confié l'héroïne de la semaine au micro de l'IBU juste après la course.

Je suis heureuse de saisir les opportunités, de faire ce sport, heureuse d'être maman.

C'est un calme presque olympien qui lui a permis de prendre le dessus sur le reste de la meute. Un leitmotiv depuis le début de la campagne. "J'accepte les conditions, les règles du jeu. Je me détache plus du résultat, je suis heureuse de saisir les opportunités, de faire ce sport, heureuse d'être maman."

Oui, la maternité a "boosté" Justine Braisaz-Bouchet. Sandrine Bailly est du même avis lorsque nous l'avons contactée. "Avoir un enfant change l’approche de la compétition et de la vie en général, où elle se place dans ses priorités, où elle place le sport." Avant d'évoquer un "progrès mental" et le poids de l'expérience. "Elle a 27 ans, ça fait un moment qu’elle est sur le circuit car elle est arrivée très tôt. Elle en a connu des courses pour avoir une certaine stabilité."

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Dans les livres d'Histoire

Cette performance majuscule lui permet aussi de gribouiller les livres d'histoire de la discipline. Elle rejoint le cercle très fermé des Tora Berger (2013), Simone Hauswald (2010) ou encore Sandrine Bailly, dernière Française à avoir réalisé le triplé sprint-poursuite-mass start sur une étape de Coupe du monde. Notre consultante n'a d'ailleurs pas boudé son plaisir de voir la championne olympique de la mass start lui succéder.

Les triplés sprint-poursuite-mass start en Coupe du monde chez les dames depuis 2005

Année	Biathlète	Lieu
2023	Justine Braisaz-Bouchet (France)	Lenzerheide (Suisse)
2019	Tiril Eckhoff (Norvège)	Annecy - Le Grand-Bornand (France)
2013	Tora Berger (Norvège)	Oslo-Holmenkollen (Norvège)
2013	Gabriela Soukalová (Tchéquie)	Khanty-Mansiysk (Russie)
2010	Simone Hauswald (Allemagne)	Oslo-Holmenkollen (Norvège)
2005	Sandrine Bailly (France)	Pokljuka (Slovénie)

"Il y a des moments dans une vie d’athlète où on est au-dessus du lot, ça se fait naturellement. Justine a la chance de vivre ce moment-là. Je suis contente que tout le travail qu’elle a mis en place paye", nous souffle la vainqueure du générale 2004-2005 qui a également salué la "stabilité personnelle" de sa cadette, bien entourée par ses proches et le staff de l'équipe de France.

Justine Braisaz-Bouchet à l'arrivée de la mass start de Lenzerheide le 17 décembre 2023

Crédit: Getty Images

Le maillot jaune, non, ce n'est pas une blague…

Outre le détail historique, Justine Braisaz-Bouchet s'est aussi imposée comme la nouvelle patronne de la Coupe du monde en s'emparant du maillot jaune par la même occasion dimanche. "C'était inattendu. Hier, j'ai dit à un de mes amis que j'essaierais de défier Ingrid aujourd'hui et de ramener le maillot jaune à la maison pour Noël, mais ce n'était qu'une blague…", expliquait-elle à l'IBU.

Ce cadeau de Noël avant l'heure est un challenge pour la Tricolore qui refuse de voir trop loin pour l'instant comme elle l'explique à FFSTV. "Je pense que c'est anecdotique, mais ça veut dire qu'on est dans le coup. Ça peut être une belle fin de saison d'ici le mois de mars…" Pour Sandrine Bailly, la skieuse des Saisies "a toutes les armes nécessaires pour aller au bout. Ça sera à celle qui arrivera à être la plus régulière."

La revenante va passer les fêtes au chaud dans son maillot jaune de leader, un joli cadeau de Noël avant l'heure. Avant de revenir avec la même philosophie, mais forcément "plus attendue" comme le rappelle notre experte. "Ce n’est plus Justine qui rentre de maternité où on ne sait pas ce qu’elle va donner. Mais il faut déjà se satisfaire, fêter car le jaune, ce n'est pas rien, et repartir en janvier avec la même envie." Justine Braisaz-Bouchet connaît la recette du bonheur.