Mondiaux Nove Mesto | Mass start dames | Braisaz peut-elle reprendre la main ? "Elle doit malmener Simon sur les skis"

Et si ces Mondiaux de biathlon se finissaient comme ils avaient commencé pour les Françaises ? C'est-à-dire par un feu d'artifice bleu-blanc-rouge. La mass start de ce dimanche (à 14h15) sera en tout cas l'occasion pour Julia Simon, Lou Jeanmonnot et Justine Braisaz-Bouchet de gonfler un peu plus l'excellent bilan tricolore au tableau des médailles. Mais peut-être que la dernière citée aura une motivation toute particulière, car elle n'avait pas caché sa frustration mardi à l'issue du 15 km individuel qu'elle avait terminé 7e, sa seule course individuelle sans podium jusqu'ici à Nove Mesto.

"Ma vitesse sur les skis fait partie des points positifs, mais une fois de plus, quand on regarde la feuille des résultats : aller vite sur les skis, ça ne fait pas une bonne biathlète. Je bataille avec mon tir debout depuis plusieurs courses, j'ai du mal à faire corps avec ma carabine et je me bats. C'est vraiment rageant aujourd'hui (mercredi, NDLR). Mais ça va passer, il reste un beau week-end", avait-elle lâché, les yeux embués.

Justement, le week-end est arrivé et Braisaz-Bouchet a eu le temps de prendre un recul peut-être salvateur. Car si les trois minutes de pénalité concédées au tir l'ont effectivement empêchée de monter sur le podium de l'individuel, il ne faut pas oublier que malgré cela, la Française n'a échoué qu'à 1'25" de Lisa Vittozzi, sacrée championne du monde de l'épreuve. Vous l'aurez compris, elle a fait des écarts assez ahurissants sur la piste, la concurrence – Anamarija Lampic mise à part car trop friable au tir – étant repoussée à une minute au minimum.

Alors Braisaz-Bouchet a-t-elle suffisamment conscience de cet ascendant physique depuis le début des Championnats du monde ? Peut-être pas. "L'erreur qu'elle a fait pour le moment sur ces Mondiaux, c'est d'aller chercher le match avec Julia Simon, ça l'a plus déstabilisée qu'autre chose, observe ainsi Loïs Habert, consultant pour Eurosport. Sur la poursuite, elle était plus forte en ski et elle aurait dû essayer de malmener Julia sur les skis, plutôt que se ranger derrière et d'essayer de chercher une confrontation qu'elle ne pouvait statistiquement pas gagner contre une des meilleures tireuses du monde. Justine n'est pas une mauvaise tireuse, mais ce n'est pas son point fort et ça ne l'a jamais été par rapport au niveau qu'elle a en ski. Je pense que cette erreur a laissé des traces sur la suite des Mondiaux parce que ça déstabilise."

La distance sera certes un peu moins longue sur la mass start (12,5 km) qu'elle ne l'était sur l'individuel (15 km), mais Justine Braisaz-Bouchet trouvera tout de même un terrain propice pour faire des différences importantes sur les skis, si ses sensations exceptionnelles sont toujours au rendez-vous bien sûr. Et chaque faute au tir lui coûtera environ 20 secondes cette fois (temps pour faire un tour de pénalité), ce qui est tout de même moins rédhibitoire. En résumé, il est théoriquement possible pour elle d'inverser le rapport de force psychologique avec Julia Simon si elle assume une stratégie offensive sur la piste.

"Je ne suis pas son entraîneur, mais si j'avais mon mot à dire, je dirais à Justine qu'il faut qu'elle assume ce statut de meilleure skieuse et qu'elle emmène les autres sur son terrain à elle, insiste Loïs Habert. Elle a la possibilité, et elles ne sont pas nombreuses dans son cas, de malmener tout le monde sur les skis et de faire sortir beaucoup de filles de leur zone de confort. Alors peut-être pas dès le début de la course, mais une fois les tirs couchés passés ou dès qu'elle en aura l'occasion. Elle doit d'autant plus le faire sur une piste comme celle-là qui a l'air de favoriser les skieuses, qui a beaucoup de méandres et qui fait qu'on est toujours au courant de l'avance qu'on a."

Pour dérégler la machine Julia Simon, jamais aussi à l'aise qu'en confrontation, la mettre dans le rouge juste avant de s'installer sur le pas de tir semble être un bon plan. Mais pour viser l'or, il faudra aussi que Braisaz-Bouchet limite davantage les dégâts carabine en main qu'elle ne l'a fait dernièrement. Peut-être qu'en prenant son destin en main sur les skis, elle pourrait davantage suivre son instinct face aux cibles. Elle en a vraisemblablement les moyens physiques, mais la tête suivra-t-elle ? Une chose est certaine, ces ultimes tours de piste à Nove Mesto s'annoncent passionnants.