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Mondiaux Nove Mesto | Relais dames | "Le comportement de Julia Simon et Justine Braisaz, c'est assez extraordinaire"
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Publié 16/02/2024 à 23:58 GMT+1
A Nove Mesto pour suivre l'équipe de France de biathlon lors des championnats du monde, Fabien Saguez, président de la Fédération française de ski (FFS), a accordé un entretien à Eurosport. Il revient sur les résultats impressionnants des Bleues et la gestion de l'affaire Julia Simon. Il se projette aussi sur l'échéance des Jeux Olympiques de 2030.
Simon toujours nettement au-dessus du lot : le résumé de sa victoire en poursuite
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Propos recueillis par notre envoyé spécial Thomas BIHEL
Que pensez-vous des performances de Julia Simon sur ces Mondiaux ?
Fabien Saguez : C'est extraordinaire. Les performances de l'équipe en général sont extraordinaires. Et puis, Julia est montée en puissance tout au long de la saison. Il y a eu des points de passage importants pour elle lors de la saison de Coupe du monde. Elle est arrivée ici en super confiance, en super forme. Elle a commencé par ce relais mixte, c'était important de rentrer dans la compétition de belle manière. Et derrière, ça a été un festival. Vu sa confiance, on peut encore espérer de belles choses.
Est-ce que vous vous dites que vous avez bien fait de la protéger après tout ce qu'elle a vécu ?
F. S. : Oui, on a bien fait. Des histoires comme celle-là peuvent subvenir. Ce sont des cas particuliers à gérer dans une équipe sportive. Et en même temps, il y a un point sur lequel on est clairs, et c'est la loi : tout le monde est présumé innocent chez nous. Cette affaire est là. Je crois que la grande force du collectif, la direction de la Fédération, les élus, les professionnels, le staff, chef d'équipe et entraîneurs, c'est d'avoir mis l'humain au centre du dispositif. C'est assez extraordinaire. Malgré un conflit qui va être réglé par la justice, l'humain a pris le dessus. Et quand on voit le comportement de Justine, Julia et de l'ensemble de l'équipe, la manière de les accompagner a été la meilleure possible.
Parlons un peu de ski alpin et du doublé de Cyprien Sarrazin à Kitzbühel, comment l'avez-vous vécu ?
F. S. : J'étais sur place dans l'aire d'arrivée. Ça fait vingt ans qu'on se casse les dents. Vingt ans que je viens à Kitzbühel, qu'on est 2e, 3e, des fois 2e et 3e. Et il y a ce miracle qui est arrivé… Quand je dis miracle, ça n'en est pas un, ce n'est pas tombé du ciel. Mais ça a été quelque chose de tellement fort. Le vendredi, c'était avec quelques centièmes d'avance, mais le samedi, c'était magique. C'est une saison de premières, un peu comme le quadruplé sur le sprint du début des Mondiaux ici avec les filles. C'est magique après vingt années au sein de la Fédération d'arriver à vivre encore des premières comme celle-là. Et la performance technique et sportive qu'il a réalisée ce jour-là, c'est pour moi la descente du siècle sur la Streif.
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Les larmes de Simon sur un podium tout Bleues
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Certaines disciplines ont encore plus de mérite parce qu'elles ont subi des arbitrages difficiles de la FFS…
F. S. : Depuis vingt ans, on a œuvré pour stabiliser la Fédération. Un travail extraordinaire a été fait par les anciens dirigeants. Et aujourd'hui, on est dans un moment où il faut réellement qu'on passe un cap à double titre : d'une part parce qu'on doit rassurer nos licenciés, mettre tout le monde à l'aise dans son activité et son plaisir de tous les jours de toucher la neige, et d'autre part parce qu'on doit donner des moyens encore plus forts pour suivre la concurrence, monter notre niveau et essayer d'aller chercher les nations et les athlètes qui sont meilleurs que nous dans certains domaines.
Est-ce que les stations doivent faire encore plus corps avec la FFS ?
F. S. : Le milieu économique de la montagne nous aide, il nous soutient fortement. C'est la première chose qu'il faut dire : les stations sont derrière nous. Il faut qu'on arrive à se connecter encore plus au business. Ça veut dire que la montagne a un ensemble infini d'acteurs économiques qu'on n'a pas encore réussi à intéresser. Et mon travail, c'est ça aujourd'hui : les emmener avec nous, leur faire comprendre qu'ils peuvent vivre des émotions incroyables, que ce sont des gamins des villages, des stations, des piémonts, des vallées qui donnent ce bonheur-là à énormément de monde, à des gens qui suivent tout ça aussi à la télé sur des chaînes détentrices de droits qui sont un super vecteur de communication pour l'industrie du ski.
Est-ce qu'il y a urgence ?
F. S. : Non, ce n'est pas un appel à l'aide, il n'y a pas d'urgence. En fait, il y a simplement ce désir d'être plus ambitieux. Il faut qu'on soit plus solides, plus forts, qu'on ait un modèle qui soit encore plus pérenne pour nos jeunes générations. Et à travers l'ensemble des rendez-vous et des rencontres que j'ai eus ces derniers mois, je pense qu'on aura cette adhésion. Ce sera clé dans les prochains mois. Et on a été énormément aidés, il faut le dire, par cette candidature aux Jeux Olympiques de 2030 qui devrait se concrétiser cet été.
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Sarrazin, la rockstar ! Son chef-d'œuvre sur la Streif en vidéo
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Justement, c'est demain 2030. C'est un sacré contre-la-montre, non ?
F. S. : On n'est jamais aussi bons que quand on n'a pas de temps, nous Français ! Effectivement, c'est demain. Cinq ans, ça va passer très vite. Je dis cinq ans parce qu'on a un temps raccourci pour faire les infrastructures et les améliorer. Mais c'est ce qui est bon, relever ce genre de défi. Il faut qu'on soit boostés par ce contre-la-montre pour faire ces Jeux 2.0, les Jeux de la nouvelle ère, d'une ère plus respectueuse de l'environnement, des Hommes en général. Et on est tout à fait capables de relever le défi.
Sera-t-on prêt sportivement à encadrer la nouvelle génération pour ces Jeux ?
F. S. : Nous avons plusieurs générations dans l'ensemble de nos équipes et des disciplines. Ce qui est intéressant, c'est qu'on aura des athlètes actuels qui seront toujours là en 2030, d'autres en devenir qui vont arriver et qu'on va accompagner pour les emmener vers 2030. Et ils seront dans la meilleure position possible pour arriver à gagner des médailles ou à tirer le meilleur d'eux-mêmes. On a cette chance d'avoir un mélange de trois générations dans nos équipes qui assurera un mélange performant.
Doit-on s'inquiéter des résultats du ski alpin féminin en vue de ces Jeux ?
F. S. : On s'en est déjà inquiétés. La jeune génération qui arrive de cinq-six athlètes est le résultat de cette inquiétude exprimée il y a deux ou trois ans. Elles arrivent sur les Coupes du monde, marquent des points, vont chercher des Top 15, des Top 10. Cette génération-là sera mûre pour 2030. Non, il n'y a pas de raisons de s'inquiéter. A nous de faire le travail. Je pense qu'on a prouvé par le passé qu'on était capables d'emmener des athlètes jusqu'au très haut niveau, avec des palmarès incroyables comme Tessa Worley qui a pris sa retraite. Les Jeux, c'est ce fil rouge, un événement en France dans lequel on donne l'occasion aux athlètes du pays d'aller chercher des médailles et de changer leur vie, ça se passe de commentaires, ça va se faire assez naturellement.
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