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Tempête de critiques autour de la piste de biathlon du Grand-Bornand

ParAFP

Publié 07/12/2022 à 18:09 GMT+1

A une semaine de la manche de Coupe du monde au Grand-Bornand, alors que les flocons ont été rares ces dernières semaines dans la station des Aravis, la neige artificielle est abondamment utilisée pour permettre aux épreuves de se tenir. Le défilé des camions au "Grand-Bo" est loin de faire l'unanimité...

Le Grand-Bornand, théâtre de la manche française de la Coupe du monde de biathlon.

Crédit: Getty Images

Le défilé de camions remplis de neige sous les fenêtres des habitants n'est pas passé inaperçu: la couverture artificielle de la piste de l'étape de Coupe du monde de biathlon prévue du 15 au 18 décembre au Grand-Bornand, en l'absence de manteau blanc, soulève de vives critiques. La neige utilisée, en partie artificielle, avait été conservée depuis la dernière saison hivernale sur site et à proximité sous une couche de sciure.
"On a tiré à boulets rouges sur (les JO d'hiver à) Pékin. Ou plus récemment sur les Jeux asiatiques d'hiver attribués à l'Arabie Saoudite. On s'est beaucoup moqué de Pékin, en France en particulier. Mais là, on se rend compte qu'on est aussi dans les mêmes logiques absurdes", déplore Corentin Mele, de France Nature Environnement Haute-Savoie.
La FNE et plusieurs associations de défense de l'environnement (Mountain Wilderness, Résilience Montagne, La Nouvelle Montagne, Pour une transition participative) se sont élevées contre le "ballet de camions" qui a, début décembre, assuré le transport de plusieurs milliers de mètres cube de neige destinés à couvrir la piste en vue de la compétition. Les images sont assez saisissantes, alors que la neige est encore peu tombée cette année dans la station des Aravis : un serpent de neige ondule au milieu d'une verte vallée.
Moins de 1% du bilan carbone
"Pékin a participé à la banalisation de la langue de neige au milieu du désert. Il faut que ça continue de choquer, comme au Grand-Bornand", peste Vincent Neirinck, de Mountain Wilderness. Du côté de la mairie, on comprend que les images puissent heurter. "On ne se cache devant rien", assure le maire André Perrillat-Amédé, également président du Comité d'Organisation Annecy Le Grand-Bornand Biathlon.
La fabrication de la neige de culture, le stockage, le transport et la mise en forme pour la piste "représentent moins de 1% du bilan carbone général" de l'organisation de l'épreuve, explique l'élu à l'AFP, précisant que l'immense majorité des émissions sont liées au transport de personnes (public, athlètes, journalistes). Environ 60.000 à 65.000 personnes sont attendues pour les compétitions prévues sur quatre jours à environ 1.000 m d'altitude. Un événement "extrêmement populaire et rassembleur", rappelle le maire.
"Une journée de déplacements de neige - on en a fait trois - c'est moins impactant qu'une journée de déneigement quand il y a une chute de neige de 30 à 40 cm sur notre commune", avance-t-il aussi. A l'issue de la compétition de biathlon, la neige sera utilisée pour les activités à venir de la station, précise la mairie.
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S'adapter à la réalité
"Il y a un modèle du ski dans sa globalité qui est perpétué", regrette Valérie Paumier, de Résilience Montagne, alors que, dans les Alpes comme ailleurs, le réchauffement climatique interroge sur l'avenir de l'industrie du ski. André Perrillat-Amédé tient à rappeler que "le ski n'est pas la cause du réchauffement climatique" mais "la victime". "Il est nécessaire d'ouvrir un chantier avec toutes les fédérations sportives hivernales. Engagements environnementaux ou pas, quand l'épreuve arrive, il faut faire quoi qu'il en coûte", regrette Vincent Neirinck.
Du côté de la mairie, on note que même si l'épreuve avait lieu plus tard dans l'année, quand le taux d'enneigement est plus sûr, le cahier des charges de l'Union internationale de biathlon (IBU) reste drastique quant à la qualité de la neige - compacte, régulière.
Réagissant sur Twitter à cette affaire, l'athlète Kilian Jornet prône une transition durable menée par les fédérations de sports d'hiver, avec l'aide de leurs comités environnement, les exhortant à ne pas "ignorer" le problème. "Ici c'est le cas d'une compétition de biathlon, mais j'ai vu la même chose pour le nordique, l'alpin, même le skimo [une sorte de ski de randonnée extrême]... Les calendriers et les sites doivent s'adapter à la réalité", plaide le champion d'ultra-trail.
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