Monshipour la tête haute

A 34 ans, Mahyar Monshipour a peut-être bien fait ses adieux à sa vie de boxeur en sortant du ring au Parc des Expositions sur une défaite plus qu'honorable. Samedi soir, dans la ville qui l'a vu devenir champion du monde WBA des super coqs en 2003, le Français tentait de s'emparer de la ceinture WBA des coqs détenue depuis le 31 mars 2008 par le Panaméen Anselmo Moreno, son cadet de dix ans.

Après une parenthèse de deux ans (2006-2008) et trois combats entre le 1er décembre et le 13 mars 2009 (Salvini, Hughes, Machado) pour retrouver une chance mondiale, le Français avait donné rendez-vous dans la Vienne pour un combat au sommet qu'il organisait lui-même. Dominé dans la première moitié du combat par la technique et l'assurance du Panaméen, Mahyar Monshipour a pris peu à peu la direction des opérations, laissant néanmoins le sentiment que son sursaut arrivait tardivement. En fait, Moreno gérait.

Malgré deux derniers rounds empreints de panache, le Tricolore n'a pu totalement inverser la tendance à l'issue des douze rounds. L'un des trois juges, finlandais, lui a accordé la victoire 115-113, mais les autres préposés, porto ricain et sud africain, ont vu un avantage pour Moreno : respectivement 116-113 et 116-112.

Ainsi, Anselmo Moreno a été déclaré vainqueur dans une ambiance fair-play, pour la quatrième fois depuis la conquête de son titre. Il avait battu Cecilio Santos le 18 Septembre 2008, Rolly Matsushita le 30 octobre et enfin Wladimir Sidorenko, le 2 mai 2009.

"Tactiquement, il est très fort. Il sait comment neutraliser l'adversaire, se reposer quand il a envie de se reposer, boxer quand il a envie de boxer", a résumé au micro de W9 Mahyar Monshipour, qui a le sentiment que son adversaire avait réparti les rôles tout au long du combat. "Je n'ai pas été ridicule. Je ne courre pas après quelque chose d'inatteignable, d'inimaginable : négocier moi-même avec le camp adverse. Organiser un championnat du monde, c'est colossal ! Ce soir, j'ai probablement du perdre 60-70.000 euros mais ce n'est pas grave, je l'ai fait. Dans cinquante ans, je pourrai dire à mes gamins : un jour, j'ai organisé un championnat du monde, et je n'ai pas été ridicule. J'avais peur de ça".

Mahyar Monshipour n'a pas clairement dit quel était son avenir sur le ring mais il a précisé qu'il allait continuer de s'occuper de la carrière de deux jeunes boxeurs français et tenter de monter des réunions. Mais la première expérience a été parsemée d'embûches. "Les gens m'ont lâché au fur et à mesure, et seuls des privés, le Conseil général (de la Vienne) et la ville de Poitiers ont continué à me soutenir".