Troisième revers chezles lourds - Tony Yoka, la défaite de trop et la fin des illusions ?

"Je ne comprends pas." Sonné sur sa chaise, le regard dans le vide, Tony Yoka encaisse mal la défaite face à Ryad Merhy. Au micro de Canal Plus, sa détresse fait de la peine à voir. Après des revers face à Martin Bakolé et Carlos Takam, cette nouvelle désillusion, subie sous les sifflets du court Philippe Chatrier, est peut-être celle de trop pour celui qui compte 11 victoires et trois défaites désormais. En mars, après avoir subi la loi de Takam, il s'interrogeait déjà : "J’ai perdu deux combats, ça ne sert à rien que je fonce encore dans le mur pour rien. Je vais prendre mon temps." Yoka a pris son temps, neuf mois, il est revenu et il a perdu. Encore. Le plan médiatique était pourtant clair après l'or de Rio. En 2017, il était prévu que le poids lourd puisse avoir une chance de disputer un titre mondial à horizon 2022. Sans doute trop exposé, il a explosé en vol.

Et maintenant ? Ce nouveau revers marque un coup d'arrêt, peut-être définitif, dans la carrière chez les professionnels du boxeur français, qui ne parvient pas à élever son niveau dans la difficulté. Depuis la défaite contre Takam, le boxeur de 31 ans avait pourtant tout changé : il a quitté les États-Unis pour se rapprocher des siens et s'entraîne désormais au Royaume-Uni, dans le nord de Londres. Il évolue sous les ordres de Don Charles, l'entraîneur notamment de Daniel Dubois, qui a récemment mis en difficulté le champion du monde Oleksandr Usyk. Des changements censés relancer la "conquête". En vain. Aujourd'hui, la confiance est atteinte. Yoka n'arrive plus à se lâcher sur le ring, il retient ses coups, subit les évènements et les décisions des juges.

Alors qu'il ne lui reste qu'un combat dans le contrat qui le lie à Canal Plus et qu'il paraît difficilement renouvelable au vu du déroulé des évènements, son avenir est en suspens et sa crédibilité écornée. Lui a assez vite évacué le sujet en sortant du ring : "On va en discuter avec ma team, je ne crois pas que ce soit le moment de poser la question." Pourtant, elle n'a jamais été autant d'actualité : reverra-t-on un jour Tony Yoka, 31 ans et 25e au classement mondial, sur un ring ? Son adversaire du jour y croit. "Tony est un poids lourd jeune, a réagi Ryad Merhy. S'il a envie de revenir, il reviendra. À mon avis, il le fera dans l'ombre. Il créera une surprise à son retour s'il continue la boxe."

Un combat à l'étranger pour se relancer et s'éloigner de la lourde pression qui pèse sur lui depuis qu'il a décidé de passer professionnel ? La solution existe. Cette défaite ne sonne sans doute pas la fin de sa carrière mais peut-être celle de ses rêves de ceinture mondiale dans une catégorie très dense en talents. "Il me fait de la peine et je ne pense pas qu’il puisse s’en remettre, regrettait Fabrice Tiozzo dans les colonnes du Parisien. Déjà avant, c’était compliqué, là maintenant… OK, il a changé d’équipe autour de lui mais, à mon avis, il aurait dû le faire bien avant. Seulement, il n’y avait personne pour lui dire. C’est un vrai gâchis."

"Sera-t-il capable de relever la tête ? On peut se poser des questions sur la suite de sa carrière, mais Tony a déjà connu la défaite en boxe olympique et les plus grands champions ont aussi connu la défaite, l'a défendu son pote Souleymane CIssokho, médaillé en bronze à Rio en poids welters, sur RMC. Tout dépend de la manière. (…) Ça reste un champion. On ne va pas effacer son passé. Il faut qu’il aille de l’avant. Il a les qualités athlétiques pour être parmi les meilleurs. Après, se relever après une troisième défaite, ça va être très, très, très dur."