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Gestin : "Une étiquette de favori pour Paris 2024 ? Je me sens comme un jeune qui a les crocs et qui veut tout dévorer"

Fabien Esvan

Mis à jour 02/06/2023 à 08:58 GMT+2

L'heure de se mouiller, enfin. Un mois après des sélections nationales riches en enseignements, l'équipe de France de canoë-kayak slalom se lance dans sa Coupe du monde 2023 ce week-end à Augsburg. Vainqueur du général en 2022, Nicolas Gestin sera l'un des leaders des Bleus. A quelques heures du jour J, il se confie à Eurosport. Avec Paris 2024 dans un coin de la tête, évidemment.

Gestin : "Paris 2024, j'imagine souvent un moment partagé avec des supporters et des céistes"

C'est la grande rentrée dans cette Coupe du monde de canoë-kayak. Grande nation de l'échiquier mondial, la France peut encore compter sur plusieurs candidats de choix pour cette saison 2023 capitale en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. A commencer par Nicolas Gestin, plus que jamais candidat à un ticket pour l'olympiade parisienne.
Tenant du titre du général, vainqueur de deux étapes l'an dernier à Cracovie et La Seu d'Urgell, le céiste breton de 23 ans "a les crocs" avant de retrouver le gratin international de la discipline. Parfaitement lancé après les temps d'identification nationale, qu'il a dominé sur deux des trois courses, le double champion du monde U23 en C1 déborde d'ambitions notamment pour les Mondiaux de Londres en septembre. Mais toujours avec la prudence et le calme qu'on lui connaît. Entretien.
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Cocorico ! La dernière manche et le classement général en C1 : Gestin fait carton plein

Nicolas Gestin, c'est le grand départ, ça y est. Comment abordez-vous cette saison 2023 ?
Nicolas Gestin : J'ai hâte, forcément. Ça va être la première mise au point. Cette année, je ne sais pas encore si je vais vraiment jouer le classement de la Coupe du monde car je serai absent sur la troisième étape à Ljubljana. L'objectif c'est surtout de consacrer ma préparation physique et technique pour la sélection olympique et les deux dernières échéances de la saison à savoir les Mondiaux à Londres et les finales de la Coupe du monde à Vaires-sur-Marne.
Après cette victoire du général de la Coupe du monde 2022, vous avez la sensation d'avoir une "nouvelle étiquette" ?
N.G. : Pas vraiment. Je me sens ancré dans la dynamique de l'équipe de France avec une grosse génération qui va de 1996 à 2004, pas encore comme un leader. Les noms qui reviennent, ce sont des céistes qui ont déjà 10 ans de haut niveau comme Benjamin Savsek ou Sideris Tasiadis. Le statut change peut-être, mais je me sens encore comme un jeune qui a les crocs et qui a envie de dévorer chaque course. J'ai envie de profiter de cette situation, c'est plus simple (rires).
Courir pour une sélection, c'est toujours particulier. Gagner, on sait un peu mieux faire. L'objectif, c'est le titre mondial à Londres en septembre.
Quelles sont vos ambitions pour cette saison pré-olympique ?
N.G. : La préparation est vraiment tournée sur la sélection aux Jeux. J'espère l'avoir dès le mois d'octobre si mes résultats sont bons et avec l'aval du comité de sélection, ça me donnerait un an de préparation. C'est l'enjeu de cette saison. Cet été, je vais essayer de passer le maximum de temps sur les bassins, que ce soit sur les Coupes du monde, où les Jeux européens à Cracovie. Il faut que je maximise mon temps là où on me demande d'être performant à savoir Londres et Paris. Courir pour une sélection, c'est toujours particulier. Gagner, on sait un peu mieux faire. L'objectif, c'est le titre mondial à Londres en septembre.
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Nicolas Gestin

Crédit: Imago

Il y a un mois, il y a eu ces fameux temps d'identification nationale, un premier brassage au sein de l'équipe de France. Vous avez brillé en remportant deux des trois courses. Quels enseignements en tirer ?
N.G. : Des sélections qui se passent bien, c'était une première pour moi. Généralement, j'avais besoin de la troisième course pour arriver à me sélectionner. Gagner les deux premières courses, ça m'a permis de naviguer avec un esprit plus léger. Ça a pu valider des stratégies de préparation.
Vous pouvez nous en parler ?
N.G. : Ma préparation a été axée sur comment être bon le jour J d'un calendrier. J'ai essayé de construire autour de ça, de passer un cap en termes de préparation physique, de devenir plus régulier dans une stratégie d'attaque, de réussir à prendre plus de risques. Ces temps d'identification nationale, c'était l'opportunité de se rassurer. Le ressenti avant ces courses, c'était que je m'étais bien éclaté pendant ma préparation. Rester en Europe pour maîtriser mes états de forme fait partie des choix qui ont payé.
Avec la densité qu'on a en canoë hommes chez les Français, passer le cap des sélections, c'est une preuve qu'on peut aller percer à l'international.
C'est un signe que vous êtes bien placé pour le ticket olympique, même s'il y a encore beaucoup de chemin…
N.G. : C'est compliqué de le dire. Là, j'ai marqué des points, c'est sûr. J'étais content de me dire que je pouvais m'imposer comme le meilleur Français sur une épreuve donnée. Avant, j'étais toujours ric-rac. J'ai réussi à me construire un processus de préparation sur lequel je vais pouvoir m'appuyer et construire les 4-5 prochains mois. Voir que ce processus a pu se concrétiser sur l'eau, c'est rassurant. J'espère pouvoir construire quelque chose de semblable pour aller chercher la médaille d'or à Londres.
Vous vous retrouvez avec Lucas Roisin et Jules Bernardet pour cette Coupe du monde. Vous les connaissez bien, mais c'est presque vous "le plus expérimenté". Est-ce qu'il y a une petite pression ou pas du tout ?
N.G. : Je le prends comme un atout. J'ai eu la chance de vivre deux saisons chez les seniors. La gestion du calendrier, je connais. À moi d'en faire une force. Je connais Lucas et Jules depuis longtemps. En 2019, on constituait tous les trois l'équipe de France U23. Avec la densité qu'on a en canoë hommes chez les Français, passer le cap des sélections, c'est une preuve qu'on peut aller percer à l'international. Le jour J, ils seront prêts.
Qu'avez-vous changé dans la préparation pour cette saison ?
N.G. : L'année dernière, c'était la première année où je travaillais avec un préparateur physique. On se connait un peu plus. C'est un domaine qui m'intéresse aussi et où j'aime bien avoir la main. Il y a eu des circuits de développement bien ciblés. Retarder le pic de forme, ça a permis d'englober plus de volume de développement de force. Le nerf de la guerre, c'est de développer le rapport poids-puissance. Aller au CREPS de Font-Romeu, c'était nouveau. C'était une première approche avec le travail en hypoxie, en altitude. On a aussi beaucoup travaillé l'optométrie, le travail visuel pour développer la mobilité, la faculté à fixer les points.
Le changement de bateau ? Ça a beaucoup nourri ma progression
Parlons du matériel. Vous étiez l'un des derniers à utiliser le "bateau Estanguet", celui de 2012, mais vous avez changé. C'était une nécessité ?
N.G. : Après les Championnats du monde, mon constructeur avait développé un modèle avec Sideris Tasiadis. Je l'ai testé à Londres et à Paris et je sentais que j'avais une plus grande marge de progression. Je pense que c'était plus malin, notamment en vue de la stratégie d'attaque avec un côté ludique et qui permet plus de choses. Ça a beaucoup nourri ma progression. Avant, le bateau était assez directeur, assez rapide en ligne droite, avec plus de volume, mais c'était plus problématique pour me rapprocher des piquets. Là, le bateau est plus plat, plus rond donc plus "joueur". Il est plus maniable, mais un peu moins rapide. Je suis passé du tout au tout.
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Le canoë-kayak pour les nuls

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