Show en perspective

Pour la première fois depuis 2003, la Coupe de monde de combiné nordique fait escale ce week-end en France à Chaux-Neuve (Doubs), site où le meilleur Français Jason Lamy-Chappuis a découvert, adolescent, l'élite mondiale. En 2003, il était à 16 ans l'un des ouvreurs du concours de saut à skis, tout intimidé de côtoyer les meilleurs de la discipline, l'Allemand Ronny Ackermann et le Finlandais Hannu Manninen. Impressionné mais pas paralysé: "J'avais fait un saut à 87 m quand le concours s'était gagné à 97 m, je me suis dit que le niveau mondial n'était pas si inaccessible" , se rappelle le Jurassien de 22 ans, actuellement cinquième au classement mondial après quatre podiums.

Si ses souvenirs sont un peu imprécis (l'Autrichien Michael Gruber avait terminé premier avec 87,5 et 94 m), Lamy-Chappuis est catégorique sur l'influence durable qu'a eu Chaux-Neuve sur sa carrière. "C'est ce qui m'a donné envie de faire de la compétition", insiste-t-il, en se rappelant de la ferveur autour du tremplin à la fin des années 1990 à l'époque des Fabrice Guy et Sylvain Guillaume, références du combiné nordique en France avec son arrivée sur le circuit. "J'espère à mon tour donner envie à des jeunes de faire ce sport, cela pourrait être un passage de relais", confie Lamy-Chappuis qui réside à Bois d'Amont, à 50 km de Chaux-Neuve.

C'est pour toutes ces raisons que ce rendez-vous dans le village du Haut-Doubs d'une centaine d'habitants est particulièrement important. "Avec les Championnats du monde de Liberec (en République tchèque du 19 février au 1er mars), c'est mon objectif de la saison", prévient "Jez", N.2 mondial lors de la saison 2006-07. S'il est toujours l'un des meilleurs sauteurs de la Coupe du monde, Lamy-Chappuis, né dans le Montana d'une mère américaine et d'un père français, a étoffé son registre avec de solides progrès en ski de fond. Il a connu aussi cet été le premier contretemps dans une carrière jusque là fulgurante à cause d'une fracture de fatigue au niveau des lombaires.

Privé d'entraînement pendant deux mois, cette tête bien faite qui veut devenir pilote de ligne une fois ses skis raccrochés, a, de l'avis de ses entraîneurs, gagné encore en maturité, dont il ne manquait pourtant pas. Dans son sillage, l'équipe de France se décomplexe face aux Allemands, Norvégiens et Finlandais à l'image de Sébastien Lacroix et François Braud qui frappent aux portes du top 15 mondial. Après Chaux-Neuve et Liberec, Lamy-Chappuis, détenteur jusqu'en 2008 du record de France de saut à skis avec 207 m, pourra préparer son plan de vol pour les JO-2010. "Après ma 4e place (en sprint, NDLR) en 2006 à Turin, je veux ramener une médaille de Vancouver", martèle-t-il. A Chaux-Neuve, il visera son 6e titre en Coupe du monde.