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"La route était tracée"

Eurosport
ParEurosport

Publié 27/11/2009 à 17:18 GMT+1

A 23 ans, Jason Lamy-Chappuis ne fait pas son âge. Intelligent, posé, mature, le leader de l'équipe de France de combiné nordique s'est confié avant la reprise de la Coupe du monde, à Kuusamo. De son enfance dans le Montana aux prochains JO de Vancouver, le Français nous dit tout.

COMBINE NORDIQUE 2009 Liberec Jason Lamy-Chappuis

Crédit: Zoom

JASON LAMY-CHAPPUIS, de par vos origines, les JO de Vancouver auront-ils une saveur particulière pour vous ?
J.L-C. : C'est vrai que l'année dernière, j'ai eu la chance d'aller à Whistler pendant la Coupe du monde. Ce que j'ai aimé là-bas, c'est de retrouver un peu mes racines. Il y a de grands espaces, de la nature. C'est tout bête : mais j'ai retrouvé les chocolats au beurre de cacahuète que je mangeais quand j'étais tout petit. Là-bas, je me sens bien. Cela a une valeur sentimentale, c'est sûr.
Vous possédez la double nationalité franco-américaine. Comment s'est déroulée votre enfance aux Etats-Unis et comment est née votre passion pour le combiné ?
J.L-C. : Je suis né dans le Montana, au nord-ouest des Etats-Unis, à la frontière canadienne. Cela ressemble aux paysages du film "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux". Mes grands-parents y habitent toujours. A l'âge de 5 ans, ma mère, américaine et mon père, français, qui étaient moniteurs de ski, ont décidé de quitter les Etats-Unis pour s'installer en France. On est arrivé dans le Jura, en Franche-Comté. Le changement était énorme évidemment (rires). Là-bas, c'est le nordique qui prédomine. On avait des pistes de ski de fond à 50m de chez nous. On avait un tremplin à 10 minutes en voiture. J'ai donc commencé à faire du fond à 6 ans et du saut à 7 ans. Le saut m'impressionnait. J'aimais bien être dans les airs. Cela m'a plu immédiatement. J'aimais bien la nature et faire du ski de fond dans les bois aussi. Pour moi, la route était toute tracée.
Si vous n'aviez pas quitté les Etats-Unis, votre parcours aurait-il été différent ?
J.L-C. : C'est possible. Je ne sais pas ce que j'aurais fait exactement mais je pense que j'aurais pu faire du ski alpin, car mes parents étaient tous les deux moniteurs de ski au Club Med' dans le Colorado, qui est juste à côté.
Retournez-vous souvent aux Etats-Unis ?
J.L-C. : J'essaie d'y retourner tous les deux ans. Maintenant, j'ai un peu moins de temps mais j'essaie de retrouver famille, ma grand-mère et mon parrain notamment, qui sont là-bas. C'est toujours un plaisir de retrouver ces racines. La plupart d'entre eux sera à Vancouver pour venir me voir. Ce sera de l'émotion. Cela va être sympa.
L'équipe américaine vous a fait un appel du pied à une époque. Pourquoi avoir choisi la France ?
J.L-C. : J'ai des racines américaines, mais c'est la France qui m'a formé. J'ai appris le ski nordique en Franche-Comté. Je suis avec un groupe de copains depuis 16-17 ans. Les entraîneurs qui m'ont bâti sont français. Pour moi, cela aurait été une trahison de choisir les Etats-Unis, même si l'offre était intéressante.
Quel regard portez-vous sur votre hiver 2008-2009 ?
J.L-C. : Mon objectif de l'année dernière était clairement les Mondiaux de Liberec, qui étaient un avant-goût des JO. J'ai plutôt bien géré ma préparation car je suis arrivé en forme à Liberec. C'est de bon augure car je sais, à peu près, dans quelle direction aller pour arriver aussi en forme à Vancouver. J'ai fait quelques impasses. Je me suis ressourcé un peu avant les Mondiaux et cela m'a très bien réussi. Cette saison, l'objectif sera de faire la même chose, de faire un début de saison de Coupe du monde très sérieux, d'être devant sur les podiums dès le début pour engranger de la confiance. Puis fin décembre, début janvier, revenir à la maison pour me ressourcer et retravailler la base pour arriver vraiment prêt à Vancouver.
Quel souvenir gardez-vous des JO de Turin ?
J.L-C. : Ce que je retiens en premier, c'est ma 4e place. Pour moi, c'était super. C'était mes premiers JO. Je visais une place dans les 10 et prendre de l'expérience. Un journaliste m'avait demandé si je n'étais pas trop déçu par cette place. Cela m'avait choqué car j'étais aux anges. J'avais donné tout ce que j'avais. Je n'avais que 19 ans. A mes yeux, ce que j'avais fait était super. En revanche, depuis ce jour-là, je me suis donné comme objectif ces JO de Vancouver. Cela fait quatre ans que j'ai ça en ligne de mire. C'est un beau projet. Ce sera l'aboutissement de quatre années de travail.
La médaille est jouable individuellement mais également avec l'équipe de France...
J.L-C. : C'est vrai. A Turin, l'équipe était un peu jeune. On est très soudé désormais. On travaille ensemble depuis qu'on a 16-17 ans. On est 200 jours par an ensemble. Il y a une réelle cohésion entre nous. On sent qu'on peut faire quelque chose ensemble. A Liberec, on a terminé 4e à quelques secondes du podium. Cela s'est joué à pas grand-chose. On était un peu frustré. A Vancouver, on aura à coeur de décrocher une médaille. C'est possible et ça serait une très belle récompense pour toute l'équipe.
Que pensez-vous du retour du Finlandais Hannu Manninen ?
J.L-C. : Je pense qu'il a pris un peu l'exemple de Todd Lodwick. Il a vu qu'un retraité peut revenir et gagner des courses. Il s'est aussi peut-être dit qu'il lui manquait quelque chose dans sa carrière, que le sport lui manquait un peu. Il n'a pas de médaille individuelle olympique. Je pense que Vancouver sera son objectif majeur cet hiver. Son point fort sera son envie d'aller à l'entraînement, d'avoir les crocs. Il a connu la vie sans sport et je pense que son envie de briller de nouveau sera décuplée pour cette raison-là.
Est-il capable de retrouver le niveau qui était le sien avant son arrêt ?
J.L-C. : Au niveau du ski de fond, il n'y aura aucun problème. Je suis sûr qu'il sera présent car c'est un sportif qui a la caisse. Après au niveau du saut, c'est un peu plus compliqué car on peut vite perdre les sensations. Et elles sont parfois difficiles à retrouver. Cela peut se jouer à pas grand-chose. S'il revient bien en saut, il sera difficile à appréhender.
Votre saison 2009-2010 débute ce samedi à Kuusamo, un lieu qui vous plaît...
J.L-C. : C'est vrai que j'adore ce tremplin. C'est le plus grand de la saison. On peut sauter jusqu'à 145 mètres. On a de très belles sensations. Vu que je suis plutôt un sauteur à la base, c'est là-bas que je me fais le plus plaisir. Aux entraînements, j'ai déjà fait 142-143 mètres. C'est bien plaisant. On fait plus de 500 sauts par an mais c'est vraiment en Finlande que je me sens le mieux.
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