"C'est n'importe quoi"

Floyd Landis avait lui-même confié, en même temps que ses aveux de dopage, qu'il n'avait pas de quoi étayer ses accusations. Dès lors, il devait s'attendre à de vertes répliques de la part de ceux qu'il a mis gravement en cause. Elles n'ont pas tardé. Landis avait notamment déclaré que Lance Armstrong, Levi Leipheimer, George Hincapie ou David Zabriskie, ses anciens coéquipiers chez US Postal, étaient eux aussi dopés. Il a également "mouillé" l'ancien manager de la formation américaine, Johan Bruyneel.

Dans l'après-midi, les réactions ont logiquement fusé. Sur Eurosport, Bruyneel, actuellement aux Etats-Unis pour le Tour de Californie où il dirige l'équipe RadioShack, a balayé les accusations de Landis. Sans surprise."On s'y attendait avec Lance. Il n'a aucune surprise. Cela fait même plusieurs années qu'on s'attendait à ce qu'il dise ce genre de choses. C'est du grand n'importe quoi", a-t-il confié, avant d'asséner un cinglant: "Cet homme est colérique, il a vraiment besoin d'une aide médicale".

Lance Armstrong a également rejeté les allégations de son compatriote. Selon Landis, Armstrong l'avait aidé à comprendre l'usage des produits dopants. "C'est sa parole contre la nôtre", note le Texan. "J'apprécie notre parole, notre crédibilité. En ce qui concerne les allégations spécifiques, elles ne valent même pas la peine de développer. Je ne vais pas gaspiller mon temps ou le vôtre. Je pense que l'histoire parle d'elle même. Nous ne savons pas ce qu'il a fait ou n'a pas fait pendant le Tour 2006. Nous avons suivi son cas et toutes ses péripéties, maintenant il y a autre chose." Landis a également affirmé qu'en 2002, un contrôle positif de Lance Armstrong lors du Tour de Suisse aurait été maintenu secret suite à un accord passé entre le coureur américain, Johan Bruyneel et l’ancien Président de l’UCI, Hein Verbruggen.

L'instance dirigeante du cyclisme mondial a démenti via un communiqué. "Profondément choquée par la gravité d’une telle affirmation, qui touche gravement à l’honorabilité de toutes les personnes impliquées dans la lutte contre le dopage, l’UCI tient à préciser que jamais elle n’a modifié ou caché un résultat d’analyse positif", a déclaré l'UCI. Et le communiqué de rappeler que Lance Armstrong n'avait pas disputé le Tour de Suisse cette année-là ce qui, effectivement, affaibli "légèrement" les accusions de Floyd Landis. "Nous sommes perplexes, a déclaré Armstrong à ce sujet, peut-être aussi perplexes que vous (les journalistes), les dates (dans les déclarations de Landis) ne sont pas bonnes".

Lui aussi mis en cause, George Hincapie s'est dit déçu du comportement de son ancien compagnon de route. "Je suis professionnel depuis 17 ans, j'ai une des carrières les plus longues du peloton pendant laquelle j'ai gagné le respect de mes pairs par mon travail et mon honnêteté, a commenté le New Yorkais dans un communique. Je suis vraiment déçu d'entendre ces accusations". Jim Ochowicz, président de BMC Racing, l'équipe d'Hincapie et héritière de Phonak pour laquelle Landis a couru (2005-2006) et qu'il met en cause, a affirmé: "Ces accusations sont fausses, infondées et sans preuves." "L’accusation de M. Floyd Landis, coupable d’une violation du Règlement Antidopage en 2006, est donc tout à fait infondée, et l’UCI ne peut que s’indigner devant cette nouvelle tentative de nuire à l’image du cyclisme", a de son côté conclu l'UCI, en annonçant son intention de ne pas en rester là. Si Floyd Landis a soulagé sa conscience, il est plus seul que jamais désormais.