Ravard au bout du suspense

La Chateauroux Classic de l'Indre n'a que cinq ans d'existence derrière elle et pourtant, l'épreuve de la Région Centre fait déjà figure d'incontournable du calendrier cycliste national. Tant par son plateau que par la qualité de son organisation, l'épreuve chère à Christian Fenioux et Jean-Luc Pernet a encore proposé cette année une course de toute beauté. Labellisée Coupe de France "Crédit Agricole" depuis 2007, la Classic de l'Indre était cette année placée sous le prisme du duel entre Jérome Pineau et David Le Lay.

Sur un parcours favorisant les arrivées groupées, les deux hommes ne nourrissaient pas d'ambitions démesurées mais espéraient, l'un comme l'autre, pouvoir glaner quelques points dans la perspective du classement final de la Coupe de France. Souvent placé mais malheureusement jamais plus gagnant depuis Paris-Bourges 2004, Pineau déclarait à qui voulait l'entendre que son objectif était de finir dans les 10 premiers pour creuser l'écart avec son dauphin. Victime d'un imbroglio administratif qui l'a été empêché de courir quasiment tout le mois d'août, David Le Lay a pu in extremis renfiler un cuissard Agritubel pour s'aligner au départ de Chateauroux. Le Breton, qui pointait ce matin 10 points derrière Pineau, savait qu'il lui serait difficile de ne pas perdre de terrain sur son rival.

Sur la route, les attaques se multiplient dès le départ. Après de nombreux mouvements à l'avant de la course, un groupe de trois coureurs réussit à prendre du champ et parvient à creuser l'écart avec le peloton. David Boucher (Landbouwkrediet), Jean-Eudes Demaret (Cofidis) et Sébastien Turgot (Bouygues Télécom), très en vue la semaine dernière sur le Tour du Bénélux dont il a pris la 11ème place, s'entendent bien et semblent partis pour passer une bonne partie de la journée à l'avant. Derrière, malheureusement pour le trio de tête, les coureurs de la Française des Jeux ne l'entendent pas de cette oreille et font le travail pour revenir.

Sitôt la jonction effective, Nicolas Vogondy (Agritubel) prend la poudre d'escampette, entraînant dans son sillage un groupe de neuf coureurs qui fera longtemps illusion. Vogondy est déchaîné. Vainqueur à Chateauroux en 2006, il veut conjurer le sort qui l'avait empêché de lever les bras ici, presque à domicile, sur le dernier Tour de France. A ses côtés, Jérome Pineau (Bouygues Télécom), déjà, Florent Brard (Cofidis), Nicolas Rousseau (AG2R-La Mondiale), Jonathan Hivert (Crédit Agricole), Bart Van Heule (Topsport) et les Japonais Arashiro et Myazawa (Meitan Hompo) ne ménagent pas leur peine.

Là non plus, ça ne suffira pas pour tenir le peloton à distance. La Française des Jeux, une nouvelle fois piégé, met tout le monde en file indienne pour favoriser un regroupement et mettre sur orbite son sprinter bélarusse Yauheni Hutarovich. Peu avant la flamme rouge, les hommes de Marc Madiot ont gain de cause, brisant net les espoirs de revanche de Vogondy.

Du coup, chez Agritubel il faut rebattre les cartes et préparer le sprint massif. En l'absence de Jimmy Casper, la responsabilité de l'emballage final échoit à Romain Feillu et Anthony Ravard. Le sprint est splendide et à l'arrivée, c'est le Nantais qui s'impose. A Chateauroux, Ravard cueille son cinquième bouquet de la saison après un triplé sur les routes du Tour de Normandie et une victoire d'étape sur le circuit de la Sarthe. Sur la ligne, il devance le décidément très véloce Steve Chaine (Auber 93) et son coéquipier Romain Feillu. Yauheni Hutarovich, pour lequel la Française des Jeux a tant travaillé, échoue au pied du podium alors que Jérome Pineau trouve les ressources nécessaires pour prendre une belle 5ème place et creuser du même coup l'écart avec David Le Lay au classement général de la Coupe de France.