Cyclisme - Saison 2023 : Vive le printemps, vive le vélo !

De Hoogerheide, théâtre d’immenses batailles pour les maillots arc-en-ciel au début du mois de février, à Gand, où se lance samedi le week-end d’ouverture belge, il n’y a qu’un pas (60km à vol d’oiseau) et à peine trois semaines au calendrier. L’hiver a encore été enthousiasmant, il s’achève tout juste pour les stars du cyclo-cross qui ont poursuivi leurs efforts jusqu’au bout de leur saison, à l’instar de Fem van Empel ; mais nos regards filent déjà vers des horizons printaniers, au bout de la route.

Les routiers ont déjà bien repris mais les saisons ont encore du sens en cyclisme. Les classiques ne se démodent pas. Et les pavés belges (Omloop Het Nieuwsblad samedi, Kuurne-Bruxelles-Kuurne dimanche) gardent l’aura toute spéciale d’un véritable coup d’envoi. Les Flandriens vont s’en mettre plein la figure, avec le Ronde et Paris-Roubaix déjà présents dans les esprits affûtés des suiveurs. L’Italie prépare ses Strade Bianche, avant Tirreno-Adriatico et Milan-Sanremo, le premier Monument du printemps.

En France, un duel entre Tadej Pogačar et Jonas Vingegaard se dessine sur les routes de Paris-Nice, alors que le Slovène a séché la bataille des Émirats contre Remco Evenepoel, attendu pour sa part sur la Volta a Catalunya (où il croisera les pépites Juan Ayuso et Cian Uijtdebroeks et le quasi-vétéran Primoz Roglic) après ses excursions sur la Vuelta a San Juan et l’UAE Tour…

La saison 2023 commence véritablement. Et elle s’accompagne d’augures spectaculaires, dans la continuité des dernières années, marquées par des courses et des coureurs débridés.

Ce week-end, le peloton féminin sera donc sur son 31 : Van Vleuten, Niewiadoma, Backstedt, Cavalli, Uttrup Ludwig, Kool, Kopecky, Vollering, Wiebes, Balsamo, Longo Borghini, Persico, Lippert, Bastianelli… Les stars d’aujourd’hui et de demain se pressent au départ du premier grand rendez-vous européen, après avoir retrouvé le Down Under et découvert les Émirats.

Il en va de même chez les hommes, à l’exception notable de Mathieu van der Poel et Wout van Aert. Le duo indissociable peaufine son retour sur route après de nouveaux affrontements épiques dans les labourés. Ces deux voraces ne sont heureusement jamais bien loin : on les retrouvera le week-end suivant, sur les Strade Bianche. Chacun a déjà accroché la classique italienne, Van Aert a également doublé la mise à Sanremo, mais les deux rêvent de Monuments pavés, que MVDP a partiellement conquis (deux Tours des Flandres au palmarès) tandis que WVA reste fanny à Roubaix comme sur le Ronde.

En l’absence des deux super-héros, le public belge (et mondial) pourra se concentrer sur un nouveau prodige. Pour son 21e printemps, Arnaud De Lie est-il prêt à conquérir le World Tour et les épreuves Pro Series, après avoir moissonné les succès sur le circuit Continental ? Alors qu’un nouveau cycle de trois ans se lance pour accéder au World Tour, le jeune fer de lance de Lotto Dstny incarne le renouveau wallon au moment où Philippe Gilbert passe derrière le micro.

Encore plus jeune de deux ans et demi, Zoe Bäckstedt a tout pour être l’une des grandes attractions du peloton féminin d’élite, après avoir monopolisé les maillots arc-en-ciel (route, piste, cyclo-cross) chez les juniors. Elle était dans le ventre de sa mère (Meghan Hughes, championne de Grande-Bretagne en 1998) quand son père Magnus s’offrait le pavé des vainqueurs de Paris-Roubaix, au printemps 2004...

À la même époque, Annemiek van Vleuten esquintait ses genoux sur les terrains de football avant de se tourner tardivement vers le cyclisme. Depuis, la Néerlandaise est devenue une des plus grandes championnes de son sport. La voilà lancée dans sa tournée d’adieux, avec un maillot arc-en-ciel qu’elle voudra à nouveau troquer pour la Rosa, la Roja et le Jaune. Ses dernières danse(use)s seront particulièrement suivies, comme celles d’autres champions du monde prêts à tirer leur révérence, de Peter Sagan à Rohan Dennis en passant par Marta Bastianelli. Sans oublier le champion des cœurs Thibaut Pinot !

Ces départs à venir, dans la continuité de ceux de la dernière intersaison (Valverde, Nibali, Gilbert, Brennauer…), renforcent le sentiment d’une fin de cycle, pendant que la génération MVDP-WVA-Pogi-Remco s’installe pour longtemps. Encore tout jeunes, ils devront eux aussi composer avec l’émergence de nouveaux champions et avec l’incertitude qui fait la gloire du sport, tout particulièrement cycliste.

La variété des profils et scénarios permet de découvrir sans cesse de nouveaux talents, avec un plaisir jamais démenti. Après les années Valverde-Van der Breggen, la dernière campagne ardennaise a notamment consacré Remco Evenepoel et Marta Cavalli. Le printemps 2022 a également été marqué par l’explosion Biniam Girmay et les confirmations Elisa Balsamo et Lorena Wiebes… À qui le tour en 2023 ?

L’évolution du cyclisme féminin a encore renforcé le dynamisme de nos printemps, tout particulièrement lors du week-end pascal, où l’on sert les pavés de Roubaix le samedi et le dimanche. Cette saison offre une nouvelle étape avec la tenue début mai d’une Vuelta Femenina qui s’étoffe et se détache de l’épreuve masculine pour mieux mettre en lumière les talents émergents chez les femmes.

Place ensuite au Giro (dont le pendant féminin sera organisé à partir de 2024 par RCS, comme la course masculine), qui multipliera encore les occasions de briller et de vibrer, et qui nous mènera vers l’été. Juillet et août seront particulièrement riches en grands rendez-vous, avec notamment les Mondiaux de cyclisme. Pour la première fois, l’essentiel des épreuves (route, piste, VTT, toutes les catégories, le para-cyclisme…) sont réunies dans un même lieu (Glasgow) et au même moment (3-13 août). Les roues ne sont pas près de s’arrêter de tourner. Quel plaisir !