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Des frères Garin aux "van der Poelidor" : le cyclisme, histoire de familles

Béatrice Houchard

Mis à jour 01/05/2019 à 11:46 GMT+2

Vous ne pouvez pas être passés à côté de Mathieu van der Poel, révélation des classiques et à l'anecdote désormais bien connue de son grand-père, l'illustre Raymond Poulidor. Dans l'histoire de la petite reine, les affaires de famille sont légion et ont grandement contribué à la légende du cyclisme.

Mathieu Van der Poel et son grand-père Raymond Poulidor lors des championnats du monde de cyclo-cross 2016

Crédit: Getty Images

Le don vélocipédique est-il héréditaire ? La nouvelle étoile des pelotons, Mathieu van der Poel, est le fils d’Adrie van der Poel et le petit-fils de Raymond Poulidor. Son frère David est également coureur cycliste. Le jeune homme (24 ans) a déjà un palmarès éblouissant en cyclo-cross et sur route, sa victoire dans l’Amstel Gold Race entrant directement dans l’histoire du cyclisme. Mathieu "VDP" rêve de devenir champion olympique de VTT en 2020. Son grand-père, lui, serait comblé de le voir un jour en jaune sur les routes du Tour de France…
L’aventure de Mathieu van der Poel vient compléter une longue liste, qui commence il y a plus de cent ans avec le premier vainqueur du Tour de France, Maurice Garin, dont les frères César et Ambroise font aussi du vélo. Maurice et César Garin terminent même premier et troisième du Tour 1904, avant d’être déclassés pour de sombres histoires d’infraction au règlement de la course. En 1905, c’est Louis Trousselier qui gagne. Son frère André sera le premier vainqueur non belge de Liège-Bastogne-Liège trois ans plus tard.

Des trois frères...

Les balades à vélo des frangins de toutes générations vont se prolonger jusqu’au plus haut niveau du cyclisme professionnel. Les trois frères Pélissier, Henri (vainqueur du Tour 1923), Francis et Charles ont défrayé la chronique par leurs victoires et leurs sautes d’humeur, forçant un peu la dose (de cocaïne ?) pour inspirer au journaliste Albert Londres, en 1924 à Coutances, la légende des "forçats de la route". Tous trois ont porté le maillot jaune. Il y avait même un quatrième frère Pélissier, Jean, mort au front en 1915.
Elle est longue et belle, la liste des fratries cyclistes, avec quelques vainqueurs du Tour au milieu : Antonin Magne et Pierre, Lucien Buysse et Jules, Louison et Jean Bobet, Roger et Guy Lapébie, Fausto Coppi et son cadet Serse, vainqueur ex-aequo avec André Mahé de Paris-Roubaix en 1949 et mort tragiquement des suites d’une chute dans le Tour du Piémont en 1951. "J’ai l’impression terrible d’être l’homme le plus seul au monde", confiera Fausto quelques temps après le drame. En 1936, son grand rival italien Gino Bartali avait perdu son frère Giulio lors d’une course amateur…
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Les deux frères Coppi, Fausto (à droite) et Serse (au centre) après la victoire de ce dernier sur Paris-Roubaix 1949

Crédit: Getty Images

Plus près de nous, Miguel et Prudencio Indurain, Andy et Fränk Schleck dont le père, Johnny, a été l’équipier de Jacques Anquetil et de Jan Janssen. Mais aussi Vincenzo et Antonio Nibali, 3e et 31e du récent Tour des Alpes. Dans la famille Roche, on gagne aussi en famille : Nicolas est le fils de Stephen, vainqueur du Tour 1987.
On trouve aussi pas mal de vainqueurs d’étapes et de porteurs du maillot jaune dans les familles, au point qu’on va sûrement en oublier en route : Apo et Lucien Lazarides, Georges et Joseph Groussard, Jean-Pierre et Jean-Louis Danguillaume, Eric et Roger de Vlaeminck, rois du cyclo-cross, qui s’entendaient comme larrons en foire sur route pour tenter d’empêcher Eddy Merckx de gagner. Egalement en Belgique, Frank Vandenbroucke au destin tragique avait pour oncle un autre champion, Jean-Luc. Aux Pays-Bas, Marinus Wagtmans était le neveu de Wout et les deux ont porté le maillot jaune. A la fin des années soixante, Bernard et Claude Guyot couraient avec leur oncle, Maurice Izier. Leur petit frère Serge n’était jamais loin.

... aux oncles et neveux

Marc et Yvon Madiot sont toujours liés à la tête de l’équipe Groupama-FDJ comme ils l’ont été pendant toute leur carrière de coureurs, où ils ont croisé d’autres frères : Alain et Sylvain Vasseur, Erwan et Pierre-Henri Menthéour, Damien et Jean-Patrick Nazon, Laurent et Nicolas Jalabert, Romain et Brice Feillu (le maillot jaune pour l’un, une étape pour l’autre), Sylvain et Sébastien Chavanel. Tous n’ont d’ailleurs pas systématiquement couru dans la même équipe.
Les frères Simon, eux, étaient quatre : Pascal, Régis, Jérôme et François. A dix-huit ans d’intervalle, le premier et le dernier ont été leaders du Tour. Quatre aussi, les frères Petterson (Gösta, Erik, Tomas et Sture), plusieurs fois champions du monde du 100 kilomètres contre la montre, avant que Gösta ne termine 3e du Tour de France en 1970 (derrière Merckx et Zoetemelk) et ne gagne le Giro un an plus tard. Ce qu’il est le seul Suédois à avoir réussi.
Des couples de frères, il y en a toujours dans le peloton de 2019, tels Gorka et Ion Izaguirre, Peter et Juraj Sagan, Dayer et Nairo Quintana, les frères Nibali et les frères Feillu ainsi que les talentueux jumeaux Adam et Simon Yates. Bryan Alaphilippe, cadet de Julian, court en Elite nationale. Sans oublier les frères Turgis, qui auraient dû être trois cette année dans le peloton. Mais Tanguy regarde désormais ses frères Jimmy et Anthony à la télévision. Souffrant d’une malformation cardiaque, il a dû renoncer l’année dernière à sa carrière professionnelle. Depuis, ses frères courent en pensant à lui.
Dans la grande famille cycliste, gare enfin à ce qu’on appelle en grammaire des "faux amis" (ce serait un comble de parler de "faux frères") : il n’y a aucun lien de parenté entre Bernard et Sébastien Hinault. Pas plus qu’entre les vainqueurs des Tours de France 1935 et 1936-39, Romain et Sylvère Maes.
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