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Flèche Wallonne Dames - Une plume sur le Mur : Gaia Realini (Lidl-Trek), 150cm de talent

Benoît Vittek

Mis à jour 17/04/2024 à 10:02 GMT+2

Petite mais bourrée de talent, Gaia Realini (Lidl-Trek) élève irrésistiblement vers les sommets son gabarit de poche, particulièrement adapté aux pentes terribles du Mur de Huy. Portrait de la jeune grimpeuse italienne, qui avait pris la 3e place l'an dernier sur la Flèche Wallonne.

Gaia Realini

Crédit: Getty Images

Pour conquérir les Ardennes et parfaire sa campagne de classiques, le super-collectif Lidl-Trek compte sur un drôle de duo d’Italiennes : Elisa Longo Borghini, campionissima retrouvée (vainqueure du Tour des Flandres et de la Flèche brabançonne) après une année 2023 éprouvante (chutes, maladies…), et Gaia Realini, jeune disciple au format de poche, excellente l’an dernier sur les vallons ardennais comme sur les plus hauts sommets italiens, français et espagnols.
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Les chiffres - 1m50, 40kg - dessinent un petit bout de championne qui renverse tout sur son passage. "Quand on est petite, certains peuvent vous montrer du doigt : ‘Regardez comme elle est minuscule’, avance-t-elle en souriant. Mais c’est super pour moi ! Je trouve toujours de l’abri pour me protéger du vent." Avec son gabarit, pas de surprises : Realini est une pure grimpeuse. Quand on est Italien, Pantani (1m72) est un mythe incontournable, confie-t-elle depuis Maastricht, aux Pays-Bas. Parmi les cyclistes de mon gabarit… Tout le monde me dit que je suis la Pozzovivo (1m65) au féminin mais, enfin, je ne sais pas…

Née à l'été 2001, Realini connaît de Pantani sa légende posthume et il n’est pas dit qu’elle ait vu Domenico Pozzovivo beaucoup plus souvent en action : regarder le cyclisme à la télévision l’ennuie. La bicyclette, pour la jeune fluette, est une affaire de gambettes et de famille (on est tous très petits !). Et s’il faut lui trouver une référence, nul besoin de remonter le temps ou de se pencher sur les petits grimpeurs. Son idole est une étoile tricolore (vert-blanc-rouge) qu’elle côtoie de très près. Petite, je me demandais si je pourrais être comme elle, si je pourrais courir avec elle, dit Realini de Longo Borghini. Je vis un rêve.
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Gaia Realini

Crédit: Getty Images

Une MVP adoubée par Longo Borghini

Tout a commencé avec le paternel, Papa Giacinto, qui roulait avec ses amis pour s’entretenir physiquement. De son côté, Gaia Realini touche à tous les sports. Danse, football, basket… "J’ai vraiment tout fait. Je suis une fille qui aime la fatigue. Un jour, j’ai pris un vélo et je l’ai accompagné", se souvient-elle. La petite est piquée. Son oncle Peppe l’inscrit dans une école de cyclisme, Amici della Bici (les amis du vélo). Le père s’improvise mécano pour sa fille, qui dispute sa première course à l’âge de 7 ans. "J’étais très émue, s’emporte-t-elle. On était sur un circuit, je suis partie à fond, comme si c’était le dernier tour ! Puis, à deux tours de la fin, j’ai vu mon père au loin et je me suis arrêtée devant lui… Et j’ai vomi. J’étais détruite, abandon sur ma première course !"

La petite Gaia n’en marque pas moins les esprits. La vainqueure du jour, une coéquipière, lui offre son trophée. Et Realini poursuit ses gammes, sur la route et surtout en dehors, avec beaucoup de cyclo-cross et quelques escapades en VTT. Son petit gabarit trouve d’abord des ouvertures dans la terre (3e du championnat d’Italie espoirs de cyclo-cross début 2020, elle s’imposera deux ans plus tard) et sur les sommets du Giro, qu’elle découvre à 20 ans ("quand on m’a annoncé ma participation, je suis restée bouche bée") avec la très modeste équipe Isolmant-Premac-Vittoria. Deux éditions et une série de coups d’éclats montagneux plus tard, elle rejoint pour la saison 2023 la puissante Lidl-Trek.

"Je suis arrivée sur la pointe des pieds, curieuse de découvrir un nouveau monde", explique-t-elle. Mais dès le mois de février, elle marque les esprits sur les routes de l’UAE Tour, où elle emmène Longo Borghini vers la victoire à Jebel Hafeet. "J’ai envie de pleurer", lâche en dialecte abruzzais la jeune coureuse originaire de Pescara dans le final. Son aînée piémontaise lui sourit. Au moment de remporter l'étape (que Realini n'a pas souhaité disputer à sa leader) et prendre la tête du classement général, Longo Borghini prend la main de sa jeune partenaire, adoubée par une reine de son sport : Gaia Realini a été la MVP de la journée, on lui doit énormément.



Je ne vais pas m’arrêter là


Realini donne et, naturellement, elle reçoit. Début mars 2023, elle franchit la ligne d’arrivée du Trofeo Oro main dans la main avec une autre équipière, Amanda Spratt. Mais cette fois, la petite Italienne s’offre son premier succès. Avançons de deux semaines supplémentaires et son statut de championne en puissance s’affermit dans les Ardennes, surtout sur le Mur de Huy. "La stratégie de l’équipe était simple : Gaia leader, expliquait-elle dans un anglais balbutiant après avoir pris la 3e place de la Flèche Wallonne. Quand Annemiek [van Vleuten] a attaqué lors du deuxième passage sur le Mur, Elisa a pris sa roue et mon rôle était d’attendre l’ascension finale". En fin de semaine, elle est 7e de Liège-Bastogne-Liège, en accompagnant Longo Borghini (2e) dans sa quête de podium.

Sur la Vuelta, elle est la seule à suivre Van Vleuten en direction de Laredo (6e étape), où la dernière ligne droite, parfaitement plate, semble interminable pour les deux grimpeuses. Après un raté protocolaire (Van Vleuten est célébrée en vainqueure sur le podium, avant de recommencer la cérémonie pour Realini), Realini signe, incrédule, le plus grand succès de sa jeune carrière. Elle valide cette performance aux Lacs de Covadonga (2e) et finit 3e au classement général.
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Realini : "Longo Borghini est mon modèle, j'ai beaucoup appris d'elle'

On la retrouvera à la même place sur le Giro et sur le Tour de l’Avenir, où elle s’impose également lors de la 4e étape. Au sommet de la montée du Cernix, dernière difficulté du jour, elle comptait deux minutes d’avance sur ses poursuivantes… 16km plus loin, elle s’imposait avec 41’’ de marge sur Shirin van Anrooij, sa partenaire dans les rangs de l’équipe Lidl-Trek. On l’a également vue distancée dans des descentes, par manque de technique, mais aussi faute de poids. “Là, il me manque quelques kilos”, sourit-elle.

Deux idées reviennent régulièrement dans la bouche de la jeune Italienne. L’une marque son incrédulité face au succès : “Quand je vois les vidéos, je me demande : ‘C’est vraiment moi ?’” L’autre traduit sa détermination : “Je fais tellement de sacrifices pour atteindre mes objectifs, je ne vais pas m’arrêter là.” En février, elle a prolongé avec l’équipe Lidl-Trek jusque fin 2027. “Les ambitions et les perspectives ont changé”, explique-t-elle. Rendez-vous est pris au sommet du Mur de Huy, puis sur les routes du Tour de France, où ses débuts sont particulièrement excitants avec la perspective d’une arrivée à l’Alpe d’Huez.
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