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L'étoffe des héros

Eurosport
ParEurosport

Publié 16/05/2010 à 01:12 GMT+2

La 7e étape du Giro, samedi, a offert un très grand moment de cyclisme. Disputée dans des conditions extrêmes et sur un terrain "à l'ancienne", elle a rappelé par certains aspects les morceaux de bravoure d'une époque révolue, celle des pionniers. Les acteurs, heureux ou malheureux, témoignent.

2010 Giro Alexandre Vinokourov

Crédit: AFP

On jette souvent l'opprobre sur les champions cyclistes. Parfois avec raison. Parfois avec exagération. Mais il faut être aveugle ou d'une mauvaise foi sans limite pour ne pas avoir envie de les admirer après le spectacle offert lors de la 7e étape du Giro. Comment ne pas s'incliner ? Cette journée de samedi restera comme une des plus exceptionnelles de ces dernières années et les superlatifs, souvent utilisés à contretemps ou contre-emploi, méritent d'être sortis. Oui, cette étape fut grandiose et dantesque. "Une journée d'un autre temps", résumera avec justesse Damiano Cunego.
Oui, un autre temps. Il y avait du Garrigou chez Cadel Evans. Basso et Nibali, duettistes en perdition de chez Liquigas, n'étaient-ils pas des descendants directs des frères Pélissier? Albert Londres aurait pu écrire à nouveau Les forçats de la route s'il avait vu ça. Sans se fourvoyer le moins du monde, cette fois. On parle à longueur d'année du dopage, mais est-il vraiment possible de tricher dans des conditions aussi extrêmes? Il suffit de voir à quel point les visages des coureurs étaient marqués à l'arrivée pour comprendre que chacun était allé au bout de soi-même et même un peu plus pour certains. Tous ses acteurs, qu'ils en soient sortis renforcés ou affaiblis dans leurs objectifs respectifs, doivent donc sans exception être englobés dans un même éloge. Ces types sont un peu plus que des sportifs. Des héros? Peut-être, d'une certaine façon. Le spectacle auquel nous avons assisté, il n'y a guère que le cyclisme qui soit susceptible de l'offrir.
Evans: " Spectaculaire, c'est un mot trop faible pour définir cette étape"
Deux éléments ont permis d'accoucher de cette étape hors normes: le terrain et le temps. Les "strade bianche", ces chemins de terre et de pierres blanches de Toscane, ont été transformés en véritable boue par la pluie battante. Résultat, un paradis pour les spectateurs amoureux de cyclisme, un cauchemar pour les acteurs. "C'est peut-être un spectacle pour le public, mais pour les coureurs, ce n'est pas le cas", avoue Alexandre Vinokourov. Le Kazakh est un des grands bénéficiaires du jour puisqu'il a repris le maillot rose. Il conservera un souvenir marquant, mais pas forcément bon de ce samedi.  "Le final, c'était Paris-Roubaix sans les pavés. Je ne suis pas tout jeune, mais j'ai rarement vécu une journée comme ça", poursuit Vino.
Autre témoin privilégié et heureux de cette étape de dingue dont il est sorti vainqueur, Cadel Evans n'avait pas de mots pour qualifier ce qu'il venait de vivre. "C'était une étape incroyable, assure l'Australien. Spectaculaire, c'est un mot trop faible pour la définir. Aujourd'hui, il fallait survivre. C'était une journée importante, où on pouvait tout perdre." Il n'ira pas jusqu'à dire qu'il y a pris du plaisir, mais au moins savait-il, lui, où il mettait les cale-pieds. "J'ai fait du VTT pendant sept ans et je peux vous dire que cette expérience m'a été très précieuse toute la journée", explique le champion du monde.
Si chacun a la conviction d'avoir vécu un moment rare autant qu'un premier tournant dans ce Giro, il reste néanmoins encore deux semaines avant de rallier Vérone et le pire est à venir avec le Zoncolan, le Plan de Corones, le Gavia ou le Mortirolo au menu des huit derniers jours. Sans oublier le Terminillo, qui marquera, dès dimanche, la première arrivée au sommet. Voilà bien ce qui inquiète certains. Il va falloir digérer, et vite. "Pour une course d'un jour, ça va, mais dans un grand tour, c'est dur de se remettre dans le bain dès le lendemain après une journée pareille", souffle Vinokourov. Mais le maillot rose n'aura pas le luxe de passer son dimanche à se reposer. Comme tous les autres, il l'aurait pourtant amplement mérité.
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