Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Quatre équipiers pour cinq étapes à contrôler : Thomas est-t-il vraiment dans une position rêvée ?

Julien Chesnais

Mis à jour 24/05/2023 à 11:51 GMT+2

Revoilà Geraint Thomas en rose. Quatre jours après l'avoir laissé sur les épaules de Bruno Armirail, le Gallois a retrouvé sa tunique de leader ce mardi au sommet du Monte Bondone. Mais à cinq étapes de l'arrivée, et avec seulement quatre équipiers à ses côtés, est-ce vraiment une situation rêvée pour le leader d'INEOS Grenadiers ?

Début des hostilités et fin du rêve pour Armirail : le résumé de l'étape en vidéo

Geraint Thomas n’a pas gagné la 16e étape, ce mardi, mais il est assurément un grand bénéficaire de la journée. La Gallois a récupéré le maillot rose qu’il avait confié, voilà quatre jours, à Bruno Armirail. Quatre jours durant lesquels le vainqueur du Tour 2018 a pu s’épargner cérémonies protocolaires et autres obligations attenantes au leader d’un grand tour. Le voilà, comme prévu, de retour dans cette position du roi à l’issue de cette orgie de dénivelé (plus de 5000m) qui a provoqué les écarts attendus.
Rome n’est que dans cinq jours, et c’est un timing tout à fait convenable, en général, pour retrouver le costume rosé. Mais est-ce vraiment un cadeau ce coup-ci ? Mettons d’abord de côté le scénario atypique, voire unique, de ce Giro où le maillot rose s'apparente à une patate chaude qu'on est bien heureux de filer au premier venu. Thomas a déjà trois perdu trois hommes, et non des moindres : la machine à rouler Filippo Ganna (non-partant à la 8e étape), le co-leader Tao Geoghegan Hart (abandon sur chute lors de la 8e étape) et le lieutenant de luxe Pavel Sivakov, diminué depuis qu’il a été pris dans la même gamelle que Tao et qui a fini par jeter l’éponge ce mardi.

Ses adversaires sauront-ils profiter de l'infériorité numérique d'INEOS ?

Il ne lui reste donc que quatre équipiers. Une infériorité numérique forcément préoccupante quand on a un maillot rose à défendre. Mais est-ce vraiment inquiétant ? Déjà, constatons que les troupes restantes sont plutôt équilibrées. D’un côté, deux hommes de plaine, Ben Swift et Salvatore Puccio, qui pourront contrôler dans les vallées, voire passer les premiers cols. De l’autre, deux éminents grimpeurs, qui partout ailleurs feraient figure de leaders et occupent toujours ce mardi soir une place dans le top 10 : Thymen Arensman (9e) et Laurens de Plus (10e).
On le voit, c’est du solide. Mais est-ce assez ? Sur les quatre étapes en ligne restantes (la 20e, samedi, sera un contre-la-montre en côte) deux sont complètement plates, mercredi et dimanche. Les équipes de sprinteurs seront là pour verrouiller la course, et donc faire le travail à la place des INEOS Grenadiers, si besoin en était. Analysons donc les deux autres journées, celles de jeudi et vendredi.
  • 18e étape : Oderzo - Val di Zoldo (161 km)
Le final est très dur avec, dans les trente derniers kilomètres, les ascensions de Forcella Cibiana (9,7km à 7,7%), de Coi (5,5km à 9,5%) et la montée finale de Val di Zoldo (2,3km à 6,9%). C'est sûr, on y verra de la baston. Mais il sera alors surtout question de la valeur des chefs que de celle de leurs soldats. En revanche, pour le Passo della Crosetta (13,5km à 7,1%), c'est une autre histoire. Placé en début de course, il pourrait se révéler problématique, voire critique, si l'échappée ne s'est pas encore dessinée et que des outsiders parviennent finalement à s'y glisser.
picture

Le profil de la 18e étape du Giro (Crédits : RCS)

Crédit: Eurosport

Alors, les INEOS Grenadiers seraient contraints de se dévoiler très loin de l'arrivée, ce qui augmenterait les chances d'isoler Thomas en vue du final. Mais il faudrait pour cela que les Jumbo-Visma et UAE Emirates ne paniquent pas et laissent, gentiment mais sûrement, le piège de la défense d'un maillot rose se refermer sur les Britanniques. Quitte à laisser une chance à un outsider de se replacer au général. Mais seraient-ils prêts à prendre ce risque ?
  • 19e étape : Longarone - Trois Cimes di Lavaredo (183 km)
Cette étape reine du Giro semble paradoxalement plus facile à contrôler que la précédente. Pas de col en début de course pour propulser une échappée menaçante. Mais une longue montée en puissance vers les cimes des Dolomites. Pour les adversaires du maillot rose, les options tactiques sont plus limitées que la veille. Swift et Puccio pourront, en principe, tenir la baraque jusqu'au Passo Campolono, avant de passer le relais à De Plus et Arensman.
A cette altitude, il ne devrait rester que des costauds, et le Belge et le Néerlandais en font assurément partie. Si ces deux-là ne sont pas mis à contribution trop tôt, Thomas devrait avoir de la main d'oeuvre suffisamment longtemps. Avant l'explication finale, d'homme à homme.
picture

Le profil de la 19e étape du Giro (Crédits : RCS)

Crédit: Eurosport

On le voit donc, l'infériorité numérique peut se payer cash. Mais Geraint Thomas est encore lourdement armé et il peut compter sur l'expérience de sa formation - qui a tout de même gagné 12 grands tours dont trois Giro - pour l'accompagner avec intelligence. Aussi, tout dépendra de la justesse tactique de ses adversaires, ce qui est tout sauf évident.
Souvenez-vous. Sur le Tour 2013, au lendemain de son coup de force à Ax-3 Domaines, Chris Froome s'était retrouvé en grand danger à l'issue du premier col de la journée, le Portet d'Aspet. Ses équipiers avaient tous disparu - dont Thomas, alors simple gregario - il restait encore 130 kilomètres et une trentaine de coureurs dans le peloton. Le maillot jaune pouvait tout perdre. Mais plutôt que de le contraindre à s'employer en envoyant des lieutenants à l'avant (par exemple, Roman Kreuziger pour Alberto Contador chez Saxo-Tinkoff et Alejandro Valverde pour Nairo Quintana chez Movistar), les Movistar ont assuré le tempo tout au long de la journée.
Froome s'était frotté les mains. Attendant gentiment dans le groupe, il n'avait plus eu qu'à contenir l'attaque de Quintana là où c'était pour lui le plus facile de le faire, dans le dernier col. Comme quoi, même en situation critique, les meilleurs ennemis peuvent se révéler les plus fidèles alliés.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité