Giro 2023 | Remco Evenepoel secoué par Primoz Roglic, Ben Healy vainqueur après un sacré numéro sur la 8e étape

Au lendemain de la journée la plus soporifique du Tour d’Italie, la 8e étape nous a offert le premier feu d’artifice entre les favoris. Passé à l’attaque dans les forts pourcentages de la dernière ascension, Primoz Roglic en a profité pour distancer Remco Evenepoel, dans le dur sur le sommet. Accompagné des INEOS Grenadiers Geraint Thomas et Tao Geoghegan Hart, le Slovène a repris 14’’ au Belge et efface quelque peu l’affront du chrono inaugural. Bluffant, Andreas Leknessund (DSM) conserve son maillot rose au terme d’une étape remportée par Ben Healy (EF Education-Easy Post), auteur d’un numéro stratosphérique dans l’échappée.

Cette fois, on peut le dire : le Giro est bel et bien lancé. Il a fallu attendre huit jours, résister à l’ennui profond de la première arrivée au sommet, vendredi, mais le circuit punchy autour de Fossombrone nous a offert pour la première fois le spectacle tant attendu : une bagarre entre les favoris. Loin de la lutte pour la victoire d’étape, revenue une nouvelle fois à l’échappée, le peloton a longtemps semblé vouloir gérer cette journée à la veille du contre-la-montre. Mais la deuxième ascension du Cappucini a mis le feu aux poudres.

La Bora-Hansgrohe a été la première à lancer les hostilités sur les 2,8km à 7,9% de l’ultime ascension du jour, comportant des passages à 19%, mais la stratégie de la formation allemande s’est retournée contre elle avec les explosions de ses leaders, Kämna et Vlasov (34’’ de perdues). Et Primoz Roglic en a profité.

Voyant un Evenepoel quelque peu hésitant dans la montée, le Slovène a attaqué à mi-pente, dans son style caractéristique, avec une accélération longue qui a fini par faire exploser le maillot rose Leknessund, longtemps le seul à s’accrocher dans sa roue. Parti tout seul, Roglic n’a jamais laissé revenir Evenepoel, qui avait choisi de monter à son train pour ne pas se mettre dans le rouge. Mission ratée puisque le champion du monde a complètement lâché sur le sommet, étant incapable de suivre Thomas et Geoghegan Hart (INEOS Grenadiers), revenus de l’arrière et, eux, capables de revenir sur Roglic. Pas Evenepoel.

Arrivé en compagnie des UAE Team Emirates Almeida et Vine notamment, le Belge concède sur la ligne 14’’ à Roglic et aux deux Britanniques. Un débours peu conséquent mais l’impression, elle, est un premier accroc d’importance. Au général, Evenepoel reste 2e derrière Leknessund et compte toujours 30’’ d’avance sur Roglic avant le long chrono plat de dimanche.

Mais le Belge n’était pas si fort que cela et, ça, tous ses adversaires l’ont bien compris. La seule bonne nouvelle pour Remco est qu’il pourra porter sa tunique de champion de Belgique dimanche sur le chrono, de quoi gratter théoriquement quelques secondes. Côté Français, déception pour Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), qui a lâché une minute.

La victoire d’étape est, elle, revenue une nouvelle fois à l’échappée. Alors qu’ils étaient pourtant 13 en tête de la course, avec de solides coureurs comme Barguil (Arkéa-Samsic), Zana (Jayco AlUla) ou Verona (Movistar), elle n’a pourtant pas offert une grosse lutte. La faute à un Ben Healy stratosphérique qui s’est isolé dès le premier passage dans l’ascension de Cappucini et qui n’a ensuite jamais cessé de creuser l’écart sur ses concurrents.

Auteur d’une saison fantastique, l’Irlandais d’ EF Education-Easy Post s’est offert un numéro en solitaire de très haut vol pour s’offrir la plus grande victoire de sa carrière, la première sur un Grand Tour. Et confirmer au passage qu’il fait désormais partie des meilleurs coureurs du monde sur les profils vallonnés.