Giro 2023 | Terrible déception pour Thibaut Pinot battu au sommet par Einer Rubio

Le peuple français a espéré, Thibaut Pinot en a rêvé mais la victoire d’étape a échappé au grimpeur de la Groupama-FDJ. Parti dans la bonne échappée d’une étape raccourcie à 74km, le Franc-Comtois a tout tenté pour s’isoler dans la montée finale vers Crans-Montana mais il n’a rien pu faire au sprint. Plus gestionnaire de sa montée, Einer Rubio (Movistar) a fait parler sa fraîcheur dans le dernier kilomètre pour s’offrir la deuxième victoire de sa carrière, sa première en Grand Tour. Les favoris ont eux refusé la bagarre. Geraint Thomas (INEOS Grenadiers) reste en rose.

Le raccourcissement de l’étape, passée de 199km à 74km avec l’annulation du Grand Saint-Bernard, promettait un sacré feu d’artifice entre les leaders sur un format sprint propice à la première grande bagarre. Il aura fallu la folie, l’audace et, aussi, une stratégie douteuse de Thibaut Pinot pour nous éviter une douche froide complète. On a rapidement compris que le Français rêvait de la victoire d’étape ce vendredi, partant dans l’échappée en deux fois dans l’ascension de la Croix de Coeur, bien aidé par Bruno Armirail, et qu’il avait de bonnes jambes. Suffisant pour retrouver son maillot azzuro lâché au soir de la 7e étape. Mais il voulait plus, tellement plus. Et cela s’est vu dans la montée finale.

Les 13km à 7,2% de Crans-Montana offraient un parfait terrain de jeu pour Pinot mais le Français devait encore réussir à se défaire de ses quatre compagnons, Derek Gee (Israel - Premier Tech), Valentin Paret-Peintre (AG2R Citroën), Einer Rubio (Movistar) et, surtout, Jefferson Cepeda (EF Education-EasyPost). Véritable sangsue, ne prenant aucun relais, l’Equatorien est rapidement rentré dans un duel mental avec le Franc-Comtois. Le Tricolore a multiplié les attaques, tranchantes et puissantes, lâchant tout le monde, mais Cepeda est toujours revenu, systématiquement. De quoi agacer le Français, très nerveux et qui se sera sans doute trop dispersé dans la montée finale, au lieu de faire confiance à ses jambes en cas d’arrivée groupée. Et à trop se concentrer sur Cepeda, Pinot a fini par se faire surprendre par Rubio.

Distancé sur chaque attaque, le Colombien de la Movistar ne s’est jamais affolé, revenant à chaque fois à son rythme, gardant un peu plus de fraîcheur que ses adversaires. Bien aidé par le sprint (très) long lancé par Cepeda à plus de 500m, Rubio a ensuite débordé ses adversaires et résisté au retour de Pinot, qui a payé tous ses efforts, pour s’offrir la 2e victoire de sa carrière, de loin la plus belle. Deuxième de l’étape, le Français de la Groupama-FDJ se consolera avec le maillot azzuro de la montagne et par une petite remontée au général (10e).

Les favoris de ce Giro, eux, avaient visiblement décidé de signer un pacte de non-agression. Malgré un début de course qui a rapidement réduit le peloton à une vingtaine d’unités, tout est rentré dans l’ordre par la suite et la montée finale aura emmené par les équipiers du maillot rose sans que celui-ci ne soit attaqué, à l’exception des tentatives vaines et tardives de Caruso (Bahrain-Victorious) et Dunbar (Team Jayco-AlUla). A l'entame du troisième week-end de course, Geraint Thomas conserve donc le maillot de leader, avec 3’’ d’avance sur Roglic (Jumbo-Visma) et 22’’ sur Almeida (UAE Team Emirates). Et on attend toujours la première explication entre les favoris.