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La quarantaine ? "Il y aura une perte physique mais il faut surtout anticiper le choc psychologique"

Christophe Gaudot

Mis à jour 05/03/2020 à 18:58 GMT+1

SAISON 2020 – Voilà une semaine que plusieurs équipes sont confinées dans leur hôtel d'Abou Dabi. Même s'ils ont enfin récupéré un home-trainer mercredi, Arnaud Démare et les autres vont inévitablement connaître une perte physique. Frédéric Grappe, directeur de la performance à la Groupama-FDJ, pointe lui un problème plus préoccupant encore : la gestion du choc psychologique.

Arnaud Démare et Ramon Sinkeldam (Groupama-FDJ)

Crédit: Getty Images

Les images des équipes Cofidis et Groupama-FDJ obtenant vélos et home-trainers ont été accueillies avec soulagement sur les réseaux sociaux mercredi. Après six jours sans activité physique autre que des exercices de musculation, les coureurs confinés ont enfin pu tourner les jambes. Un soulagement pour eux et pour leur encadrement pour qui l'enjeu est de limiter les conséquences physiques, et psychologiques, de cette quarantaine. "Nous mettons tout en place pour qu'ils puissent 's'entraîner' dans leur chambre", nous assure Frédéric Grappe, directeur de la performance de la Groupama-FDJ. "Nous cherchons à perdre le moins possible", abonde le directeur sportif de la Cofidis, Roberto Damiani.
"Les entraîneurs sont chargés de leur fournir des programmes de travail individualisés pour préserver une certaine stimulation et qu'on puisse les préserver psychologiquement en tant qu'athlète de haut niveau, détaille Grappe. Un athlète de haut niveau, c'est quelqu'un qui se lève le matin et qui a un programme. Ils sont programmés pour ça. Là ils sont déstructurés, c'est terrible". Notre consultant, Nicolas Fritsch, fait le décompte : "il y a eu deux jours en moins sur la course, déjà. C'était un objectif pour certains mais pour 95% d'entre eux, c'était une préparation. Ajoutez à cela une semaine sans rien faire…".

Au top de leur forme début mai ?

Physiquement, les conséquences seront évidemment importantes pour chacun des coureurs concernés. "Non seulement ils ne vont pas s'améliorer mais ils risquent de régresser quand les autres progressent", appuie Nicolas Fritsch. "Au niveau physique, c'est comme s'il y avait deux semaines de mauvais temps et qu'on ne pouvait pas sortir. Les coureurs doivent chercher à faire pour le mieux", estime Roberto Damiani.
Pour Frédéric Grappe, ces conséquences sont loin d'être irréversibles pour la suite de la saison. "Le début de la saison va être dégradé, c'est clair, admet-il. Au moins de juin, ça serait dramatique. Là ça ne le sera pas, ça ne mettra pas la saison en péril". Une certitude cependant, la saison des classiques sera difficile pour tous ces coureurs. Nicolas Fritsch pense qu'ils pourront à nouveau être opérationnels "début mai".
Confiné dans sa chambre avec Ramon Sinkeldam, son poisson-pilote sur la route, Arnaud Démare tourne de nombreuses vidéos dans sa chambre. Musculation, coupe de cheveux, tout y passe. Tout est bon pour passer le temps et prendre du recul sur une situation pas banale. "Heureusement qu'ils font ça. La dérision enlève de la charge psychologique", note Grappe. Chez Groupama-FDJ, comme chez Cofidis, l'aspect psychologique est particulièrement surveillé. "Au début c'était vraiment stressant, nous n'avons pas compris pourquoi on était ici", rappelle Damiani.

"On ne peut pas entraîner un athlète qui est instable psychologiquement"

"Quand ils vont revenir, ils auront passé quasiment trois semaines dans une chambre. Quelle va être leur réponse ? Il peut y avoir un autre choc psychologique, appuie Grappe. On devra s'assurer que mentalement ils soient stables avant de leur proposer des choses solides au niveau de l'entraînement. On ne peut pas entraîner un athlète qui est instable psychologiquement". Une fois rentrés, a priori le 14 mars, les coureurs seront donc scrutés, autant physiquement que psychologiquement. L'un ne marchera pas sans l'autre. Et inversement.
Mais à la Groupama-FDJ, on reconnaît surtout que dans une telle situation inédite, les réponses sont inconnues. "Ils sont dans un aquarium aujourd'hui. Je prends l'exemple d'un poisson rouge qui est en mer et que vous mettez dans un aquarium.Ils n'ont jamais vécu ça, on ne connaît pas les réponses, s'inquiète Grappe. Est-ce qu'ils vont prendre du poids ? Ils ne bougent pas beaucoup, ils se dépensent peu, leur métabolisme va être modifié. Nous n'avons aucun recul là-dessus. On le saura quand ils reviendront. On verra leur réponse pendant les phases d'entraînement." Surtout, pas question aujourd'hui de leur parler d'ores et déjà de leur programme d'entraînement à leur retour. C'est bien trop tôt. Se concentrer sur ce 14 mars et leur possible sortie semble plus réaliste. Après "la vie recommencera", conclut Roberto Damiani.
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