LIEGE-BASTOGNE-LIEGE - Moins impressionnant mais bien plus dominant : Evenepoel a fait encore mieux que l’an dernier

S’il y a bien un point commun, autre que le vainqueur, entre les deux dernières éditions de Liège-Bastogne-Liège, ce sont bien les chutes qui ont complètement modifié le scénario de course. L’an dernier, la terrible gamelle dans la descente du Rosier avait éparpillé le peloton et notamment mis à terre Julian Alaphilippe, co-équipier d’Evenepoel. Quels auraient été les rôles de chacun sans celle-ci ? En 2023, aucun Soudal-Quick Step n’est allé au sol mais c’est le grand rival annoncé du Belge, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates), qui a quitté la course sur chute, touché au poignet. "On a conservé le plan A malgré la chute de Pogacar qui a mis davantage de pression sur notre équipe", avouait Evenepoel d’ailleurs.

Là encore, le parallèle avec 2022 a longtemps été saisissant. A l’image de Mauri Vansevenant l’an dernier, Ilan Van Wilder a tracté Evenepoel tout au long de l’ascension de la côte de la Redoute (1,6km à 9,4%), imposant un rythme d’enfer pour asphyxier les adversaires du Belge avant l’attaque de celui-ci, sur le sommet de l’ascension. Une attaque portée à un moment bien différent de l’an passé, toutefois, la faute sans doute au changement de parcours, aussi. Si, en 2022, il avait attaqué sur le replat du sommet, le champion du monde a cette fois produit son effort au plus fort de la pente ce dimanche, avec une grosse accélération à 100m du sommet simplement. "On a appliqué notre tactique de départ en attaquant dans La Redoute et en en remettant une couche quelques kilomètres plus loin, expliquait le Belge après la course. Et cela a fonctionné."

Tout le monde garde en tête les images impressionnantes de l’attaque de Remco Evenepoel l’année passée. Une attaque foudroyante, surpuissante au point de décoller de la roue arrière, qui a laissé sur place le peloton, malgré les efforts de Neilson Powless pour tenter de résister. Un démarrage marquant, une des images de la saison 2022. Rien à voir avec son attaque de cette année. Evidemment que partir dans les plus forts pourcentages réduit fortement l’impression visuelle mais on n’a pas senti à cet instant qu’Evenepoel était largement au-dessus des autres, comme son attaque le laissant penser l’an dernier. Son attaque ce dimanche sera rapidement oublié par les suiveurs.

En revanche, le résultat restera lui dans les mémoires. Car, une fois parti, Remco Evenepoel aura été monstrueux en solitaire. Encore plus que l’an passé. En 2022, il y avait eu l’impression - fugace certes mais existante – que le Belge aurait pu être repris si la concurrence s’était organisée derrière lui au sommet de la Roche-aux-Faucons. Il n’y avait qu’une quinzaine de secondes au sommet de celle-ci. En 2023, de suspense, il n’y a jamais eu. Après son attaque, Evenepoel n’a cessé de creuser l’écart. Un écart qui a grandi au fil des kilomètres jusqu’à ce que le Belge réduise l’allure dans la descente vers Liège, pour ne prendre aucun risque. La concurrence en 2023 n’était pas la même et l’écart avec le champion du monde est apparu encore plus criant.