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Liège-Bastogne-Liège - Pour continuer à gagner, Alaphilippe ne doit surtout pas changer

Christophe Gaudot

Mis à jour 04/10/2020 à 11:09 GMT+2

LIÈGE-BASTOGNE-LIÈGE - Ce dimanche, Julian Alaphilippe entame sa saison de champion du monde. Sur un profil qui correspond à ses qualités. C'est ces courses que le Français continuera à viser même si certains aimeraient le voir jouer le classement général du Tour de France.

Julian Alaphilippe of France and Team Deceuninck - Quick-Step / Celebration / during the 107th Tour de France 2020, Stage 2 a 186km stage from Nice Haut Pays to Nice

Crédit: Getty Images

Et une de plus qui fera 36 en 2021. Le Tour de France 2019 avait semé des belles promesses, l'édition 2020 les a soufflées. Bernard Hinault n'a toujours pas de successeur. Ce n'est pourtant pas faute d'en chercher. Il y a eu Bernard, Virenque, Moreau, Bardet, Pinot... Tous ont déçu d'une manière ou d'une autre. Lui déçoit rarement. Ce que Alaphilippe veut, Alaphilippe a, à une ou deux exceptions près. Alors à chaque fois qu'il gagne, et le Championnat du monde n'a pas dérogé à la règle, "Loulou" voit ressurgir les questions autour du Tour de France.
Que pourrait bien encore viser Julian Alaphilippe après avoir obtenu ce Graal que tous les coureurs de classiques convoitent ? Un Milan-Sanremo, deux Flèche Wallonne, une Strade Bianche et maintenant un championnat du monde entre autres réjouissances… Difficile de dire que le palmarès du Français n'est pas déjà très complet. Difficile aussi de reprocher leur volonté à ceux qui appellent de leurs voeux un basculement vers les grands tours. Après tout, Alaphilippe lui-même y pense. "Il en parle, il l'évoque", nous assure son entraîneur et cousin, Franck Alaphilippe.
Alaphilippe est capable de gagner partout
Bradley Wiggins en connaît un rayon sur la question. Lui a chamboulé sa carrière et son palmarès en devenant un vainqueur du Tour après avoir écumé les pistes du monde entier. Du point de vue de "Sir Bradley", Alaphilippe est "capable" de gagner un grand tour. "Tout simplement parce que c'est un coureur de grande classe. Il fait partie des coureurs qui peuvent gagner partout dans notre discipline".
Alaphilippe n'avait pas attendu 2019 pour qu'on lui demande s'il viserait le classement général du Tour un jour mais ce qu'il a fait pendant trois semaines a renforcé les espoirs de ceux qui veulent le voir prendre cette voie. Cinquième, à quatre minutes d'Egan Bernal, après deux étapes de montagnes amputées, faut-il le rappeler, Alaphilippe avait montré qu'il était un "bon grimpeur", selon son entraîneur, un excellent rouleur mais aussi qu'il avait des limites dans les longs cols ou à très haute altitude.
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Tour de France 2019 | Thomas, Alaphilippe, Pinot, Buchmann

Crédit: Getty Images

Pour devenir un "vrai" coureur de grand tour, Alaphilippe devrait changer ou évoluer, à tout le moins. "Il va devoir changer radicalement sa manière de courir, débute Wiggins. Pour devenir un coureur de classements généraux, il va devoir se calmer et courir de manière plus conservatrice." En somme, forcer sa nature.

Alaphilippe n'a pas envie du Tour de France

L'évolution physique passerait par d'autres changements selon son entraîneur : "La grande partie de son travail serait de travailler sur des intensités moins élevées, au seuil anaérobie, de travailler le coup de pédale en montagne avec un nouveau programme de courses aussi, plus axé sur les courses à étapes". Simple comme bonjour ? Tout ça est vrai mais oublie une donnée importante, primordiale même : Alaphilippe n'en a pas envie. Pas pour le moment.
"Le classement général du Tour ? Je ne suis pas sûr d'en être capable un jour. Une chose est sûre : je ne suis pas du tout dans l'optique d'axer toute ma saison sur ça", a-t-il tranché dans L'Équipe cette semaine. Ce qu'aime par-dessus tout Alaphilippe c'est gagner. Et pouvoir le partager avec ses proches. "Comme il a envie de gagner, il préfère ne pas changer son programme actuellement. C'est un gagneur, c'est ce qui le fait avancer", nous confirme Franck.
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Et Alaphilippe porta l'estocade : L'attaque décisive du Français

"On a connu en France d'excellents coureurs qui ont tout axé sur le Tour. Quand on regarde leur palmarès, ils se sont un peu loupés. Julian le sait, il s'en rend compte. Il n'a pas envie de louper des saisons pour essayer de devenir bon ou très bon sur un grand tour et de se ramasser", poursuit son entraîneur. "Je ne me vois pas [...] changer ma préparation au risque d'altérer mes qualités de puncheur. Si c'était le cas, je perdrais ce qui me fait gagner aujourd'hui. C'est ce que je me dis quand je gagne une classique. C'est ce que je me dis au lendemain des Championnats du monde", confirme l'intéressé pour L'Équipe.

Les Flandriennes ? "Des courses pour lui"

Sur les courses d'un jour, Alaphilippe a peu d'égal. Pourquoi vouloir se renier pour une hypothétique victoire sur le Tour ? La mésaventure vécue par Primoz Roglic a de quoi refroidir les plus téméraires. Considéré comme le meilleur puncheur du monde, le Français a encore quelques bouquets à aller chercher, et non des moindres. Liège-Bastogne-Liège pour compléter sa collection de monuments. Cette course qu'il avait terminée deuxième pour sa première participation, il y a cinq ans déjà. On peut aussi citer le Tour de Lombardie (2e en 2017). Franck Alaphilippe nous apprend de son côté que Paris-Nice lui fait très envie : " L'hiver dernier, il m'avait dit qu'il ne voulait pas faire Paris-Nice seulement dans le cadre de la préparation. Il en faisait un objectif",
Plus que les grands tours, le prochain chantier de l'hyperactif Alaphilippe se situe en Belgique où il va découvrir les Flandriennes. Des courses qui correspondent parfaitement à sa manière de courir selon son entraîneur. "La Flèche Wallonne (une ardennaise donc) est taillée pour lui. C'est un effort violent sur 300 mètres mais ce sont des courses d'attente, ce n'est pas sa nature, débute Franck. Dans les Flandres, il y a du mouvement, il faut se placer, c'est nerveux. C'est pour lui, c'est qu'il aime". Seul bémol cependant : son poids. "Sur les pavés, il faut être un peu plus lourd. Lui c'est plutôt un poids plume". Mais pas question de prendre du poids, pas pour l'instant. "Cette année, il y va avec ses qualités. Ce sera une première expérience et ensuite on en tirera des conclusions", confirme son coach.
Progresser, jouer, gagner et partager, ainsi pourrait être résumé l'état d'esprit de Julian Alaphilippe. Un mantra qui ne se marie pas avec la quête d'un Tour de France. "En fin de carrière, peut-être", conclut Franck Alaphilippe. D'ici-là, il faudra se "contenter" de le voir en haut des classements des plus grandes classiques. A Liège ce dimanche, au Tour des Flandres ensuite. Et rebelote au printemps prochain. Clin d'oeil de l'histoire, Julian Alaphilippe disputera ces courses à deux reprises avec le maillot de champion du monde sur le dos. Comme une touche de bonheur en plus.
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