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Mark Cavendish, un dernier tour pour faire quoi ?

Benoît Vittek

Mis à jour 02/11/2018 à 20:35 GMT+1

En 2018 comme en 2017, Mark Cavendish (Dimension Data) a enchaîné les galères et vu le succès le fuir. Ça ne l’empêche pas de se montrer encore et toujours ambitieux, à 33 ans, alors que ses plus belles années sont derrière lui.

Mark Cavendish of Great Britain riding for Team Dimension Data

Crédit: Getty Images

Il ne fait jamais bon parier contre un champion. La longue histoire du cyclisme, sport exigeant s’il en est, le démontre souvent et Mark Cavendish, l’un des plus grands à avoir jamais pédalé vers la gloire, a tenu à le rappeler cette semaine. “Combien de fois m’a-t-on donné pour fini ?, faisait-il mine d’interroger jeudi à l’occasion de la présentation du Tour de France, après deux saisons quasi-blanches pour le bolide habitué à sprinter vers la victoire en juillet et au fil des saisons (151 victoires pro selon les décomptes de ProCyclingStats). Combien de fois ai-je été fini dans ma carrière ? En douze ans, combien de fois ?”
Sur la touche depuis août et l’annonce qu’il était encore touché par le virus d’Epstein Barr, comme en 2017, l’homme aux 30 succès sur la Grande Boucle était en verve pour son retour médiatique. Après avoir longtemps rongé son frein, il a repris l’entraînement à la mi-octobre. Dans la foulée, la formation Dimension Data, qui lui avait déjà offert une nouvelle jeunesse en 2016, a annoncé sa prolongation de contrat (vraisemblablement pour une saison) tout en lui donnant de nouvelles responsabilités auprès de la direction de l’équipe. Et le Britannique affirme à nouveau, sans qu’on sache trop s’il faut vraiment le croire, qu’il vise toujours le record de 34 succès d’Eddy Merckx sur le Tour.

Cavendish, monsieur certitudes

On ne pariera pas contre l’immense champion qu’il est. Mais on s’interroge tout de même sur ce qu’il peut encore apporter sur son vélo (et à côté, avec l’expérience et l’intelligence qui sont les siennes). À 33 ans, il reste sur deux saisons d’arrêt, une éternité pour un coureur de son profil. Et lui comme son équipe se sont également posés des questions sur les séquelles de sa maladie avant de repartir sur un nouveau bail motivé par l’aura du plus grand sprinteur de son temps, voire de tous les temps. Questions qui resteront essentiellement sans réponses en attendant de voir le Cav’ se frotter l’an prochain à la nouvelle crème des sprinteurs, avec une génération qui a émergé pendant qu’il perdait le fil du succès.
J’ai couru avec (le virus d’Epstein Barr) pendant 16 mois”, a encore expliqué le Cav’, qui a probablement payé là une saison 2016 exceptionnelle, conjuguant succès sur la route et la piste. Deux succès dans ces conditions, sur les routes d’Abou Dhabi et Dubaï, c’est déjà pas mal, justifie-t-il dans ce contexte : “Ce n’est pas la deuxième fois que je l’ai ; c’est la même chose. J’ai été mal diagnostiqué. J’ai couru avec pendant 16 mois, donc en fait je ne me suis pas mal débrouillé en signant des victoires.”
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Mark Cavendish (Dimension Data), à l'arrivée de la 11e étape du Tour de France 2018

Crédit: Getty Images

Les certitudes du Cav’, j’en avais déjà fait l’expérience en début d’année, lors d’un entretien à Abou Dhabi jamais exploité (à chaque occasion envisagée, il essuyait un méchant gadin ou un nouveau contrecoup). Le Britannique avait déjà connu une année 2017 douloureuse (en plus d’Epstein Barr, il s’était fracturé l’épaule lors de son accrochage avec Peter Sagan sur la 4e étape du Tour). Mais il restait saignant lorsque je lui demandais s’il se sentait toujours en mesure de revenir au sommet :
"Au moment de faire les comptes, il faut réaliser que ce que vous, ou les journalistes, ou les gens, pouvez considérer comme de mauvaises saisons pour moi reste meilleur que pour 99,9% du peloton. Au lieu de regarder ce que je fais quand je gagne 30 courses dans l’année, se dire que c’est bien, puis considérer qu’avec 15 victoires, je ne suis pas bon, je regarde en me disant peut-être que 15 victoires c’est très bien et 30 c’est extraordinaire. J’imagine que c’est un compliment que les gens ne voient pas les choses ainsi.”

Rage de vaincre et science du sprint, ses clefs du succès

Au-delà des exagérations propres au champion de caractère qu’il est (sa saison la plus prolifique, en 2009, l’a vu lever les bras à 24 reprises, un score proprement hallucinant), le premier vrai champion britannique de ce siècle, déjà en disette de succès, tenait à affirmer sa soif de vaincre. “Je veux gagner autant que possible, se fixait-il pour objectif. C’est mon boulot, mais avant tout, c’est ce que je désire. J’aime gagner. C’est pour ça que je cours.” Et c’est donc pour ça (et de jolis chèques, pour celui qui ne cache pas un certain goût du luxe) qu’il a rempilé pour au moins une année.
Ce jour de janvier, le Cav’ que tant de journalistes redoutent pour ses saillies cinglantes paraissait beaucoup plus détendu lorsqu’un collègue chinois l’interrogeait sur la peinture de vélo. “C’est une technologie inspirée de la Formule 1”, expliquait celui qui ajuste chaque jour les réglages de sa monture. Passionné, même obsédé, Mark Cavendish est un modèle d’investissement. Et peut-être le coureur qui comprend le mieux toutes les données qui peuvent le mener au succès.
Sa rage de vaincre et sa science du sprint en ont fait un immense champion, alors que certains entraîneurs l’enterraient avant même le début de sa carrière (il n’avait pas la caisse suffisante pour briller sur la route, paraît-il). Elles l’ont aussi ramené au premier plan en 2016, notamment sur le Tour (4 étapes et le maillot jaune pour la première fois de sa carrière), alors qu’il n’était ni le plus puissant ni le plus rapide cette année-là.
Dans tous ces domaines, Mark Cavendish a encore beaucoup à faire valoir. Et à transmettre. Mais on ne pariera pas non plus que la voix du collectif, sans qu’il en soit le bénéficiaire unique, soit celle qui lui sied le mieux.
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