Mondiaux 2013 - Joaquim Rodriguez: "C'est le destin de Purito"

Cela restera peut-être comme l'image de cette rude journée. Sur le podium florentin, alors que le speaker vient de hurler son nom pour annoncer le médaillé d'argent de ces Mondiaux 2013, Joaquim Rodriguez fond en larmes. Il a essayé de se retenir. En arrivant pour la cérémonie protocolaire en compagnie de son compatriote Alejandro Valverde et de son bourreau Rui Costa, Purito avait déjà les yeux rougis. Puis il a craqué. Parce que trop, c'est trop.

Des victoires majuscules qui se dérobent au dernier moment, le Catalan commence à avoir donné. En 2012, il a perdu le Giro le dernier jour, pour seize petites secondes. Toujours l'an dernier, il a porté le maillot rouge de leader pendant treize jours sur la Vuelta, avant de tout perdre sur un coup de Trafalgar à quelques jours de l'arrivée. Et voilà que le maillot arc-en-ciel, dont il rêvait ouvertement, lui a filé sous le nez dans la dernière ligne droite. Dur à avaler, forcément. Purito est décidément le roi des places d'honneur.

Sur les grands Tours, il a fini six fois dans les quatre premiers sans jamais gagner. Et si l'on cumule l'Amstel Gold Race, Liège-Bastogne-Liège, la Flèche Wallonne, la Clasica San Sebastian, le Tour de Lombardie et les Mondiaux, il a terminé six fois deuxième et deux fois troisième. Heureusement, il y a ses deux succès sur la Flèche Wallonne et le Tour de Lombardie en 2012. Mais à 34 ans, Rodriguez est passé à côté d'un palmarès absolument gigantesque. Et de quelques immenses bonheurs, le plus souvent transformés en frustrations. Comme dimanche. "Je voulais gagner mais c'est le destin de Purito, a-t-il jugé dans une saillie à la Alain Delon. Perdre d'un souffle le Giro, la Vuelta et maintenant le championnat du monde. C'est la vie..."

Mais au-delà du fatalisme et de la philosophie, il y a la course. Une course que les Espagnols auraient dû gagner, tant Valverde et Rodriguez étaient en position de force dans le final. "Dans le dernier tour, explique Rodriguez, la course a pris une tournure parfaite pour nous. Valverde était le plus rapide. Il m'a dit d'attaquer et j'y suis allé." Après? Purito n'a pas d'explication. Il constate, c'est tout: "Je n'ai pas compris ce qui s'est passé ensuite mais, quand j'ai vu revenir Rui Costa aux 600 mètres, j'ai compris que j'allais perdre. J'ai essayé de le déstabiliser, de le rendre nerveux, mais c'était une tentative désespérée. Il était très fort."

D'un point de vue tactique, Valverde aurait dû accompagner Rui Costa quand celui-ci a contré pour revenir sur Rodriguez. Avec sa pointe de vitesse, le Murcien aurait pu faire la différence. Laisser filer Rui Costa était donc une faute du point de vue stratégique. Sauf que ça, c'est la théorie. Dans la pratique, Valverde était carbonisé. "J'aurais dû être là mais je n'ai simplement pas pu. C'était trop pour moi après 270 km. Je n'ai pas pu suivre honnêtement. Je ne pouvais pas. Il n'y a pas de mystère." Pour le plus grand malheur de l'Espagne, qui aura bouclé ce Mondial 2013 dans une drôle d'ambiance…

Rodriguez, lui, est inconsolable. "Je ne sais pas si j'aurais une autre chance comme ça dans ma vie. Il n'y a pas de quoi être heureux avec des médailles d'argent ou de bronze. Ces deux médailles, elles ne signifient rien. Cela aurait été la course de ma vie... Et finalement, mon nom est associé à des deuxièmes places." Fataliste, Purito, mais jusqu'à un certain point. Après, la réalité le happe. Comme sur le podium.