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Paris-Roubaix Femmes 2024 : en passe "d'éclipser" Demi Vollering à la SD Worx, Lotte Kopecky, leader absolue

Benoît Vittek

Mis à jour 06/04/2024 à 12:37 GMT+2

Sur les pavés de Paris-Roubaix, l'armada SD Worx-Protime se recentre sur Lotte Kopecky, comme elle le devra le faire l'an prochain avec le départ annoncé de Demi Vollering. La Néerlandaise est devenue une reine, en remportant le Tour de France Femmes, mais la Belge, championne du monde en titre, peut aller encore plus loin, sur tous les terrains.

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Et l’an prochain, il n’en restera qu’une. Admirée, crainte, respectée et réprouvée pour sa surabondance de talents, l’armada SD Worx-Protime traverse une zone de turbulences avec la séparation annoncée de Lotte Kopecky et Demi Vollering, les deux meilleures coureuses du monde, dont l’association autoritaire a éteint toute opposition en 2023. Le duo belgo-néerlandais fait encore la paire en 2024… Mais plus pour très longtemps, avec le départ annoncé de Vollering.
Lorena Wiebes et une palanquée d’autres talents majeurs sont toujours là, SD Worx-Protime a également le temps de se retourner sur le marché des transferts mais, face à la perte de Vollering, il s’agit avant tout de se rallier derrière le panache irisé de Kopecky. Un choix doublement contraint - il était impossible sur un plan budgétaire de conserver les deux championnes, selon le directeur Danny Stam, et Vollering a rejeté l’offre de son équipe - mais dont il ne sera pas trop difficile de s’accommoder : Kopecky est une as, une championne unique, plus encore que sa coéquipière néerlandaise.
Bien sûr, à ce niveau-là, il est presque question de goûts et de couleurs. Vous êtes plutôt maillot jaune ou arc-en-ciel ? Liège-Bastogne-Liège ou Tour des Flandres ? Vaut-il mieux la meilleure coureuse par étapes au monde, successeure des Van der Breggen et Van Vleuten, également brillante sur les classiques ? Ou la coureuse la plus complète, dont la puissance et la polyvalence permettent, à l’instar d’un Wout van Aert, toutes les merveilles sur tous les terrains ? Une Oranje (la nationalité de l’équipe SD Worx) ou une Belge (comme le sponsor SD Worx) incarne-t-elle mieux votre projet ?
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La force du Tour

À ce joli jeu, Kopecky marque plus de points dans mon esprit (à l’inverse, Vollering domine le classement mondial). Aussi douée soit-elle, à l’image de son avènement en jaune sur le Tourmalet, Vollering joue une partition connue, pas toujours la plus intéressante, même s’il s’agit certainement du meilleur registre pour s’imposer parmi les plus grand(e)s de son sport : elle écrase la course la plus prestigieuse au monde, le Tour de France, et qui sait combien de temps le règne amorcé en 2023 va-t-il durer ?
Les négociations qui s’animent autour de Volering traduisent l’attraction du maillot jaune. Une supposée offre à 1 million d’euros (par an) d’UAE Team ADQ a beaucoup fait parler. À chaque gros transfert, les rumeurs (paresseuses) vers Lidl-Trek et Canyon//Sram reviennent, en raison de l’importance de leurs projets. Le journaliste italien Ciro Scognamiglio, expert du mercato cycliste, évoque des discussions avec FDJ-Suez. Selon nos informations, Visma | Lease a Bike a sérieusement avancé ses pions, pour devenir une force tout aussi dominante dans les pelotons masculin et féminin.
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Lotte Kopecky and Marianne Vos

Crédit: Getty Images

Vollering serait alors associée à Marianne Vos. La "GOAT", "Lady Merckx". La classe incarnée, qui n’a pas eu besoin du Tour de France pour être considérée comme la plus grande coureuse de l’histoire. Sur la route, la piste et en cyclo-cross, sur les pavés ou à Huy, avec une science consommée de son sport, Vos a su faire tant de choses différentes. Elle a aussi su mener de grandes conquêtes hors compétition. Et Kopecky a tout pour suivre cette voie “goatesque”.
Elle aussi a brillé de milles feux sur le Tour, au point de susciter des fantasmes sur son éventuelle capacité à remporter l’épreuve. À l’arrivée, Vollering a remporté l'édition 2023. Mais si les SD Worx ont animé et dominé la course toute la semaine, ils le doivent d’abord à Kopecky, maillot jaune pour commencer, maillot vert pour finir, et lieutenante d’exception pour mener sa partenaire néerlandaise à la victoire.
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Révolution belge

Dans la foulée du Tour, les super-Mondiaux de Glasgow ont rassemblé les plus grandes stars du cyclisme, toutes disciplines confondues (ou presque), et la Belge était l’étoile la plus brillante de cette constellation. Sur la piste, puis sur la route, elle s’est offert trois maillots arc-en-ciel, avec la manière. Et cette année encore, on la retrouve sur tous les fronts, depuis les championnats d’Europe sur piste en janvier jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris. Son profil me semble également mieux s'accommoder à un collectif, dans lequel elle peut être tout à la fois leader, électron libre et équipière de luxe.
Dans la course en ligne écossaise, elle s’était imposée devant Vollering, médaillée d’argent. "Lotte était la plus forte de loin", saluait la Néerlandaise. Cela faisait un demi-siècle qu’une Belge n’avait pas remporté ce titre (Nicole Vandenbroeck, 1973). Les stars Oranje sont incontournables dans le cyclisme féminin mais, en Belgique, le cyclisme est d’abord une affaire d’hommes.
Kopecky bouscule (un peu) ce vieil ordre. Elle fait la Une en remportant le Mondial et le Ronde. Elle inspire de nombreuses filles, surtout en Belgique, où le nombre de jeunes inscrites dans des clubs a bondi au fil de ses triomphes. Elle se prépare à conquérir à Roubaix, et même Liège. Et dès l’an prochain, elle sera la grande star de la meilleure équipe du monde.
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