Paris-Roubaix | Tadej Pogacar malchanceux, Mathieu Van der Poel triomphe pour la troisième fois consécutive sur l'Enfer du Nord

Le roi du Nord est toujours Mathieu Van der Poel. Double tenant du titre, le Néerlandais d’Alpecin-Deceuninck s’est offert une troisième couronne consécutive en remportant en solitaire ce dimanche la 122e édition de Paris-Roubaix. Longtemps malmené par Tadej Pogacar, avec lequel il s’était isolé à 45km de l’arrivée, Van der Poel a profité de la chute puis de l'ennui mécanique du champion du monde pour s’envoler et ne plus être revu. Après Milan-Sanremo, le Néerlandais s’offre son 2e Monument de la saison et revient à hauteur de Pogacar au total (8). Pour sa première participation, le Slovène d’UAE-Emirates-XRG prend une superbe 2e place (+ 1’18’’) alors que Mads Pedersen (Lidl-Trek) complète le podium (+ 2’11’’) devant Wout Van Aert (Visma-Lease a Bike). Le même top 4 qu’au Tour des Flandres.

On est presque déçu que ça se termine comme ça. Non pas par une victoire de Van der Poel, mais par ce scénario presque décevant. On rêvait d’une explication à la pédale entre les deux meilleurs classicman du monde et tout tendait vers cela jusqu’à ce fameux secteur 9 de Pont-Thibault à Ennevelin, à 38 km de l’arrivée. Il n’aura même pas fallu attendre la Trouée d’Arenberg pour voir Pogacar passer à l’offensive, dès le secteur d’Haveluy, à plus de 100 kilomètres de l’arrivée. Le champion du monde a encore remis ça dans la Trouée d’Arenberg, suivi par Van der Poel, auteur d’une accélération franche pour faire sauter un Van Aert un peu trop juste. Mais pas Pogacar.

Impressionnant pour sa première participation à l’Enfer du Nord, le Slovène a lui-même fait l’effort pour boucher le trou avec Van der Poel, qui avait contré l’attaque de Pedersen à la sortie de Wallers. Accompagné par Philipsen (Alpecin-Deceuninck) et Bissegger (EF Education Easy-Post), les trois hommes semblaient les plus forts mais le secteur 15 de Tilloy-lez-Marchiennes à Sars-et-Rosières a tout changé avec la crevaison de Pedersen et le souci mécanique de Bissegger. Seul face à deux Alpecin-Deceuninck, Pogacar a calmé le jeu, semblant même parfois en difficulté physiquement. Mais, dans Mons-en-Mévèle, c’est bien le champion du monde qui a fait la peau du deuxième des deux dernières éditions en contrant une accélération de Van der Poel, nous offrant le mano-à-mano tant attendu. Jusqu’au secteur 9.

Comme précédemment, le Slovène est encore passé à l’attaque, suivi sans difficulté par Van der Poel jusqu’au virage droite. Visiblement rentré avec trop de vitesse, Pogacar a filé un peu au large, passant dans l’herbe malgré son freinage. Suffisant pour éviter de percuter la barrière… mais pas pour éviter de basculer par-dessus son vélo à cause d’un trou et dérailler. Un incident bête, un peu malchanceux aussi, qui a permis à Van der Poel de s’envoler seul en tête de course. Il ne sera plus revu. Le champion du monde a fait illusion quelques kilomètres, semblant capable de revenir rapidement avant de céder seconde après seconde. Son changement de vélo à 20km, alors que l’écart était monté à 30’’, entérinera définitivement la défaite de Pogacar et le troisième sacre de Mathieu Van der Poel, l’homme de Paris-Roubaix, intouchable dans l’Enfer du Nord depuis trois ans.

Comme sur le Tour des Flandres dimanche passé, Mads Pedersen avait tout du troisième homme mais sa crevaison l’a privé de lutter jusqu’au bout avec le duo de tête. Le Danois de la Lidl-Trek se consolera, un peu, en prenant la troisième place de cette 122e édition. Le champion du monde 2019 a dominé au sprint Wout Van Aert, encore une fois quatrième comme au Ronde, et Florian Vermeersch (UAE-Emirates-XRG). On se demandait si Pogacar pouvait gagner Paris-Roubaix, on connait la réponse : oui, le Slovène peut gagner l’Enfer du Nord. Mais il devra revenir pour cela.