Silvan Dillier : "Sagan est à la fois un ange et un démon"
Publié 09/04/2018 à 14:24 GMT+2
PARIS-ROUBAIX – Dernier rescapé de l'échappée matinale, Silvan Dillier a fait preuve d'une sacrée caisse pour jouer la gagne jusqu'au bout. Seul Peter Sagan, qu'il a accompagné dans le Vélodrome roubaisien, a pu lui barrer la route d'une colossale victoire en le dominant au sprint. Mais le champion de Suisse ne regrette ni son résultat ni sa collaboration avec le champion du monde, qu'il respecte
Silvan Dillier a vécu une sacrée journée dimanche. Au bout d'une folle cavalcade, il est le premier à être entré dans le Vélodrome de Roubaix. Il n'aurait jamais osé penser à ça au départ de Compiègne, six heures plus tôt. Malheureusement pour lui, il n'était pas seul. Flanqué de Peter Sagan, le coureur de l'équipe AG2R La Mondiale a dû s'incliner dans ce sprint en tête-à-tête face au triple champion du monde. "C’est difficile de décrire ce que je ressens, a-t-il confié. Je termine avec Peter Sagan, le meilleur coureur actuel, et je ne peux pas être triste de cette deuxième place."
Il a quand même essayé d'y croire jusqu'au bout. Sa pointe de vitesse n'est pas comparable à celle du Slovaque et son état de fraicheur ne l'était pas davantage. Mais un sprint sur un vélodrome reste un exercice particulier et Dillier n'est pas maladroit dans cet exercice. "J'ai essayé d'utiliser mon expérience de pistard", a-t-il d'ailleurs admis.
Ajoutez à cela la pression énorme sur les épaules de Sagan et le champion de Suisse a dû se dire "on ne sait jamais". "Mais il a lancé son sprint au même moment que moi et il a accéléré beaucoup plus vite, a-t-il été contraint de constater. Il a pris la tête et je n'avais aucune chance de le dépasser. Il était trop fort."
Dimanche matin, je ne pensais pas au podium
Même s'il avoue que le fait de ne pas avoir gagné constitue "une petite déception", Silvan Dillier dresse à juste titre un bilan largement positif de ce Paris-Roubaix. "C'est quand même un super résultat. Dimanche matin, je ne pensais pas au podium… mais j’ai dû trouver la recette en route."
Le premier ingrédient aura été de se glisser dans la bonne échappée. Avant de montrer qu'il avait de sacrées jambes. "J'ai fait un stage aux Canaries en vue des classiques, 41 heures de vélo en sept jours, j'avais quand même du fond. Je l’avais prouvé en remportant la Route Adélie il y a dix jours."
Certes, mais on ne l'imaginait pas capable de tenir tête jusqu'au bout à Peter Sagan, revenu sur eux dans le final. "Quand Sagan nous a rejoint, d’un côté, c’était bien car c’est un gros moteur mais je savais qu’il serait difficile à battre au sprint. Dans le final, avec lui, je pensais d’abord à ne pas nous faire rejoindre et je lui ai dit qu’il fallait que l’on roule ensemble, ce que l’on a fait."
Beaucoup de respect l'un envers l'autre
Les deux hommes ont joué l'entente cordiale, avant de s'expliquer à la loyale, ce que Dillier a résumé d'une jolie formule : "Sagan est à la fois un ange et un démon. Il était plutôt un ange quand on a collaboré dans l'échappée, il était un démon dans le sprint, c'était impossible de le battre. Mais on a beaucoup de respect l'un envers l'autre." Leur franche accolade au Vélodrome, une fois la bataille terminée, suffit à confirmer ses dires.
Près d'un an après sa victoire d'étape sur le Giro, quand il portait encore les couleurs de la BMC, Silvan Dillier confirme ses qualités. Ce gros rouleur a le goût de l'échappée, et il sait en tirer le meilleur parti. C'est d'ailleurs comme ça qu'il avait signé sa victoire sur le Tour d'Italie. "Je suis capable de me transcender en course et quand je suis dans une échappée qui part tôt, je sais que je serai de plus en plus fort au fil de la journée." Personne ne prétendra le contraire, surtout pas après ce Paris-Roubaix."
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