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Pourquoi Mark Cavendish n'a pas la main pour sa prolongation chez Deceuninck-Quick Step

Christophe Gaudot

Mis à jour 16/09/2021 à 15:35 GMT+2

SAISON 2022 - Patrick Lefevere aime se mettre en avant. Dans les négociations autour de la prolongation de Mark Cavendish chez Deceuninck-Quick Step, c'est lui qui a la main. Pour une raison que l'on pourrait résumer ainsi : Cavendish a besoin de l'équipe belge. L'inverse est moins vrai.

Mark Cavendish (Deceunick - Quick-Step) vainqueur de la 6e étape du Tour de France à Châteauroux, le 1er juillet 2021

Crédit: Getty Images

On peut avoir été le meilleur sprinter, et de loin, du plus grand événement cycliste de la saison, le Tour de France, avoir égalé l'un des nombreux records d'Eddy Merckx, n'être devancé que par Wout Van Aert, Tadej Pogacar et Primoz Roglic au nombre de succès en 2021, le tout en étant l'une des "gueules" du peloton et ne pas savoir ce que 2022 sera fait. C'est la mésaventure que connaît un Mark Cavendish trop gourmand quant à ses prétentions salariales selon Patrick Lefevere, patron de Deceuninck-Quick Step. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'y a cependant rien d'étonnant à le voir en position de faiblesse dans ces négociations.
C'est le sens des déclarations de Patrick Lefevere. Si le manitou belge se permet autant de sorties publiques et tapageuses c'est que premièrement il se sert de ses nombreux relais dans les médias belges pour mettre le sprinter en difficulté aux yeux des suiveurs et deuxièmement parce qu'il sait qu'il a plusieurs avantages. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'un coureur qui fait une excellente saison chez Quick-Step - celle de Cavendish tient en trois semaines et une seule course, le Tour de France - va quitter l'équipe. Parmi les sprinters, on pourra citer Fernando Gaviria, Marcel Kittel et Elia Viviani pour les plus récents. Les trois ont d'ailleurs beaucoup moins brillé après, c'est un bel argument dans la manche de l'équipe.
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Les exemples Gaviria, Kittel et Viviani

Le cas Kittel est un peu à part puisqu'il a pris sa retraite un an et demi seulement après son départ de Quick Step mais toujours est-il qu'il a moins gagné pendant ces 18 mois (3 fois, jamais en World Tour) que pendant le seul Tour de France 2017 avec la formation belge (5 étapes). Pour Viviani, le delta est lui aussi impressionnant. En 2018, il avait bouclé une fabuleuse saison à 18 victoires avant de glaner 11 succès en 2019 et… zéro en 2020 pour sa première année chez Cofidis. Des chiffres dont doit forcément se servir Patrick Lefevere dans la négociation. Sa formation a un savoir-faire indéniable dans le domaine du sprint et possède dans ses rangs le meilleur lanceur du monde en la personne de Michaël Morkov. Cavendish l'avait assez salué pendant la Grande Boucle pour avoir oublié son importance.
En somme, on serait tenté de dire que Cavendish a plus besoin de Deceuninck-Quick Step que l'inverse. Il faut se souvenir qu'il y a moins d'un an, le Britannique n'était quasiment plus un coureur cycliste - il avait annoncé sa retraite -, et qu'il sortait d'une saison 2020 où il n'était pas parvenu à faire mieux qu'une 12e place sur une étape du Tour de Pologne. Loin, bien loin de la terreur du Tour de France 2021. Cavendish sait que sa nouvelle formation est pour beaucoup dans sa rédemption. Il sait aussi sans doute que partir ailleurs, car il ne pense plus à la retraite, comporterait son lot d'incertitudes. Chez Bahrain, en 2020, il a touché le fond. Sportivement et moralement. Il a toujours eu une relation particulière avec l'équipe belge. C'était vrai pendant son premier passage (2013-2015), ça l'est évidemment d'autant plus avec ce second fort en émotions.

Jakobsen, l'atout numéro 1 pour Deceuninck

Dans son interview "lance-flammes" accordée au Het Laatste Nieuws cette semaine, Lefevere a relevé un autre point d'achoppement des discussions : le Tour de France. Le "Cav'" n'a besoin que d'un succès pour devenir seul recordman de victoires. Il a donc très envie d'y retourner. Mais le manager a une autre idée : faire de Fabio Jakobsen son numéro 1 pour 2022 et donc le mettre sur la Grande Boucle. Revenu très en forme un an après son accident en Pologne, le Néerlandais peut aujourd'hui regarder n'importe quel sprinter dans les yeux.
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"Est-ce que je dois prendre le risque de sacrifier quelqu'un qui pourrait être plus rapide que Mark ?", se demande rhétoriquement Lefevere. Lui doute de la capacité de Cavendish à refaire le coup du Tour en 2022. C'est un argument qui se tient au vu de l'âge avancé du Britannique (36 ans) et d'une concurrence qui pourrait s'avérer plus coriace sur la prochaine Grande Boucle. Avoir Cavendish dans son effectif et lui refuser l'accès au Tour pourrait-il avoir des conséquences néfastes sur la vie de groupe ?
"Est-ce qu'il va pouvoir refaire ce qu'il a fait ? Ça me semble peu probable", enfonce encore Lefevere. Celui-ci n'a, semble-t-il, pas envie de prendre le risque de payer, cher, un garçon qu'il va utiliser au mieux comme deuxième, voire troisième sprinter si les choses se passent comme ces dernières semaines (aucun succès depuis le Tour). Avec Cavendish, Deceuninck a déjà réussi son pari. On pourrait arguer qu'elle n'a plus grand-chose à perdre. C'est vrai mais Lefevere ne fait jamais de folie financière. Cavendish ou pas. Le Britannique a du pain sur la planche s'il veut faire céder l'expérimenté belge. A moins que Lefevere ne gagne encore la bataille.
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