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Quand l’alcool et le tabac sponsorisaient les équipes cyclistes

Béatrice Houchard

Mis à jour 28/02/2019 à 14:39 GMT+1

Le début de saison oblige à s'habituer aux nouvelles couleurs des coureurs qui ont changé d'équipe ou aux nouvelles tuniques de certaines formations. L'occasion aussi de se remémorer les noms et les maillots des équipes d'antan, notamment ceux qui arboraient alors un sponsor qui serait aujourd'hui prohibé.

Anquetil et Bahamontes en 1965

Crédit: Getty Images

C’est l’heure des révisions et des remises à niveau. Objectif : être au top pour Paris-Nice, le 10 mars à Saint Germain-en-Laye, afin de ne pas mélanger les coureurs, les couleurs, les équipes et les maillots. Donc, récapitulons : Richie Porte n’est plus chez CCC (ex-BMC) mais chez Trek-Segafredo ; Fernando Gaviria a laissé Quick Step pour Team Emirates et Tony Martin Katusha-Alpecin pour Jumbo-Visma ; Pierre Rolland (ex-Education First) et Arthur Vichot (ex-Groupama-FDJ) se retrouvent chez Vital Concept ; Caleb Ewan est passé de Mitchelton-Scott à Lotto-Soudal et les frères Izaguire, Gorka et Ion (ne pas confondre avec les frères Bogdanoff, Igor et Grichka), de Bahrain-Merida à Astana. Niki Terpstra a abandonné Quick Step pour Direct Energie. Côté sponsors, Deceuninck épouse Quick Step et Arkea-Samsic prend la place de Fortuneo pour voir briller Warren Barguil, rejoint par André Greipel.
Les couleurs, enfin : Sky renoue avec le noir et bleu marine pour sa dernière saison, le maillot Bahrain-Merida s’enrichit d’une bande noire verticale, le violet et le rose prennent toute la place sur le maillot Education First, Trek ajoute du noir et du blanc à son maillot rouge, Sunweb est en rouge et blanc et non plus noir et blanc, Katusha-Alpecin passe au bleu ciel avec un cuissard rouge foncé et CCC, équipe polonaise, arbore un maillot orange semblable à celui de l’équipe nationale des Pays-Bas. Enfin, Bora-Hansgrohe a légèrement éclairci son maillot vert mais on s’en fiche un peu : si Peter Sagan n’est plus champion du monde, il reste champion de Slovaquie et ne porte donc quasiment jamais "l’uniforme" de son équipe.
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Jacques Anquetil en 1963

Crédit: Getty Images

En replongeant dans les images des maillots du temps jadis, chacun de nous a droit à son petit coin de nostalgie : les damiers noirs et blancs de Peugeot, ceux de Bernard Thévenet et Roger Pingeon mais aussi ceux des débuts d’Eddy Merckx. Le marron de la Molteni du même Merckx. Le violine et jaune de Raymond Poulidor chez Mercier BP, le bleu ciel de la Salvarani de Felice Gimondi, le rouge de Rik Van Looy et de ses "diables" chez Solo-Superia. Le maillot "mondrian" de Bernard Hinault à la Vie Claire, le jaune de la ONCE de Laurent Jalabert, qui se teignait en rose le temps du Tour de France. Le Z de Ronan Pensec et Greg LeMond. La montre de Festina sur le ventre de Richard Virenque et le trèfle à quatre feuilles de la Française des Jeux pour Jacky Durand, dans une de ses multiples échappées.
En 2019, il est banal que des assurances (Groupama, AG2R-La Mondiale), des chaînes d’hôtels (Mitchelton, B&B), des fabricants de hottes aspirantes (Bora) ou de douches (Hansgrohe), un organisme de crédit (Cofidis), des fabricants de fenêtres (Deceuninck), un opérateur téléphonique (Movistar) ou un opérateur de télévision (Sky) s’offrent des équipes cyclistes. Jusqu’au milieu du XXe siècle, seule l’industrie du cycle mettait de l’argent dans l’aventure, d’autant qu’il y avait des équipes nationales pendant le Tour de France. Puis les marques sont arrivées. Nivea a été l’une des pionnières, en Italie, pour une équipe où figurait le grand Fiorenzo Magni. Puis, dans les années 1950 et 1960, personne ne s’est étonné de voir Jacques Anquetil courir sous les couleurs de l’apéritif St Raphaël, André Darrigade pour le vin Margnat, Jan Janssen pour la bière Pelforth et Stan Ockers pour la bière Wiel’s. De même, on verra Rik Van Looy courir en fin de carrière pour les cigarettes Willem II, tandis que le classement annuel des coureurs, bien avant celui de l’UCI, était réalisé sous l’égide de la marque Pernod !
Cointreau, la liqueur préférée des sportifs
Sollicités avant-guerre pour faire eux-mêmes de la publicité, les coureurs ne se faisaient d’ailleurs pas prier pour vanter les mérites de l’alcool et du tabac. "Du cran, de l’entrain en buvant du Clacquesin", assure ainsi Antonin Magne dans les années 1930. "J’aime les cigarettes Lucky Strike", renchérit André Leducq. Après la Seconde guerre mondiale, les slogans des alcooliers associés au Tour de France sont légion : "Sprinter, routier ou touriste, quel que soit son maillot, rien ne lui résiste quand il prend un Cinzano" ; "Cointreau, la liqueur préférée des sportifs" ; "A l’arrivée, d’abord une bonne bière d’Alsace, bière de classe !" Dans la caravane, les marques d’apéritif Pernod, Cynar ("A base d’artichaut") et Suze sont omniprésentes. Tandis que Gino Bartali vante les mérites du papier Job pour rouler les cigarettes, St Raphaël sponsorise même le trophée des grimpeurs !
Plus près de nous, Buckler a financé une équipe mais, ouf, c’est une bière sans alcool. Et si les marques de café sont présentes dans la course, de Café de Colombie avant-hier à Segafredo aujourd’hui, pas de problème : normalement, il faut boire l’équivalent de 150 tasses pour être contrôlé positif à la caféine. Comme les frères Pélissier l’avaient sûrement expliqué à Albert Londres.
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Jan Janssen en 1960

Crédit: Getty Images

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