Tour d'Espagne - Ben O'Connor pense déjà à "boire des bières" : Primoz Roglic a-t-il tué le suspense ?

On ne savait pas trop sur quel pied danser avec Primoz Roglic depuis le début de cette Vuelta. Avant ce vendredi, le coureur de la RedBull-Bora-Hansgrohe avait dominé, parfois, en empochant notamment deux étapes, laissant penser qu'il était bien le patron. Mais une autre impression ressortait, celle que le Slovène et son physique chancelant n'était pas toujours souverain.

Vendredi, tout a changé. Le triple vainqueur du Tour d'Espagne s'est envolé dans le final de la 19e étape, pour lever les bras au sommet d'un Alto de Moncalvillo qui lui réussit si bien. Comme pour (ré)affirmer que le vrai favori, c'était bien lui, à deux étapes de l'arrivée. Dans cette montée sèche, ni l'excellent David Gaudu (Groupama-FDJ, + 46"), qui a fini fort, ni Mattias Skjelmose (Lidl-Trek, + 46"), Enric Mas (Movistar, + 50") ou encore Richard Carapaz (EF Education-Easy Post, + 1'03") n'ont pu lutter.

Encore moins Ben O'Connor (Decathlon AG2R La Mondiale, + 1'49"), 13 jours en rouge jusqu'ici, mais 12e de l'étape, et qui rend désormais 1'54" à son rival. Un coup de massue, un vrai. Et la fin du suspense ? A entendre le grand battu du jour, cela y ressemble fort. "Je ne m'attendais pas à être aussi mauvais à la fin, mais c'est la réalité, a concédé l'Australien. Ce que j'ai en tête ? Maintenant, je pense à lundi, boire des bières et me reposer (...) On verra demain, il reste deux étapes importantes".

Aveu de faiblesse en partie, réaction à chaud surtout. Nul doute qu'on verra le coureur de 28 ans se remobiliser dès samedi pour tenter, au moins, de décrocher le premier podium en grand tour de sa carrière. Mais on ne peut justement pas écarter l'hypothèse de voir certains éventuels prétendants à la victoire finale commencer à se regarder pour la deuxième place. Sur le papier, Roglic est donc un confortable leader à deux jours de la fin du bal.

Mais sur le papier figure aussi le tracé de l'étape reine de samedi. Un 20e opus à sept ascensions, dont trois cols de première catégorie, avec une arrivée au sommet du terrible Picon Blanco. Une étape piégeuse, c'est peu dire. "J'ai dit que je n'avais pas besoin de l'étape, mais certains gars en ont décidé autrement, a d'abord expliqué le vainqueur du jour. Si le travail est terminé ? Pas vraiment. Demain, c'est l'étape reine. Cela va évidemment être très dur. Donc c'est loin d'être terminé".

Une prudence d’autant plus justifiée que le peloton terminera cette Vuelta comme il l'avait commencée : avec un contre-la-montre individuel, cette fois à Madrid, deux fois plus long que celui de la première étape. "Roglic est aussi en dents de scie, rappelle de son côté notre consultant Jacky Durand dans 'Les Rois de la Pédale'. Quand on regarde les cinq derniers kilomètres, on se dit que personne ne peut aller le chercher. Mais personne n'est à l'abri d'un jour sans. Samedi, c'est une étape complètement différente, un enchaînement de cols".

Il y a bien un quatrième Tour d'Espagne qui se dessine pour Roglic. Reste à mettre les derniers coups de crayon.